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Volley : "L’Italie m’a changé", Lawani raconte ses débuts tonitruants à Taranto

Belle hauteur d'attaque pour Lawani face au block tourangeau

Belle hauteur d'attaque pour Lawani face au block tourangeau - @IconSport

"Air Lawani", c’est le tube de l’hiver dans le championnat italien de volley. Transféré le 25 janvier du Paris Volley à Taranto en Super Lega italienne, le jeune pointu français a impressionné coéquipiers et adversaires après quatre matchs au terme desquels il a terminé meilleur marqueur (25 points de moyenne). A 21 ans, Ibrahim Lawani raconte à RMC Sport son mois de folie pour tenter de maintenir le club des Pouilles parmi l’élite transalpine. 

Ses impressions

"Je kiffe, c’est fou ! Je joue tous les week-ends contre les meilleurs joueurs du monde. Je commence à réaliser quand je vois l’engouement autour de l’équipe et des matchs du championnat italien. C’est magique."

Du rêve à la réalité

"Tout est différent par rapport à la France. Lors des entraînements, ça peut paraître paradoxal, mais on fait beaucoup moins de musculation. En revanche, on s’entraîne deux fois plus en salle avec d’énormes charges de travail. On peut y passer plus de 3h15. Le coach Vincenzo di Pinto veut qu’on soit à 100% aux entraînements. Ensuite pour la préparation des matchs, on peut avoir jusqu’à quatre séances vidéos dans la semaine. A Paris, par exemple, on en avait deux avec notre coach Dorian Rougeyron. Enfin, lors des matchs, ça sert plus fort qu’en France, mais il y a plus de déchets et de fautes. Il faut dire que le coach est tolérant sur certaines erreurs. Il choisit ainsi deux joueurs, dont moi, qui ont carte blanche pour envoyer tout et prendre tous les risques aux services. Il ne me reproche pas de faire des fautes. Il faut aussi rester humble. A la fin d’une séance, après 3h d’entraînement,  le coach m’a demandé de faire trois services sans faute, au-dessus de 110km/h. Tu as tout donné pendant 3h. Tu n’as plus trop de jus mais tu dois répondre à ses attentes. Tu dois réagir à cette pression." 

La pression

"Elle est quotidienne. A mon arrivée, mes coéquipiers m’ont piqué en me disant que le championnat de France est inférieur, qu’on ne sert pas aussi fort et qu’on ne connaît pas la pression en Ligue AM. Je sais que ce n’était pas méchant et qu’ils m’ont mis une bonne pression pour réussir. Et je ne les ai pas déçus. L’Italie m’a changé. C’est sûr. S’entraîner à fond pendant trois heures tous les jours. Connaître une autre culture du volley. Réagir à la pression de tes coéquipiers. Quand tu débarques à 21 ans dans un tel club, il faut montrer que tu as du caractère. Je pense qu’ils l’ont vu dès le premier match à Piacenza."

Les matchs : Piacenza (défaite 3-2, meilleur marqueur 28 points)

"Je n’ai jamais senti autant de pression avant ce premier match ! C’était la peur de l’inconnu. Il fallait que je me montre après une seule journée d’entraînement avec mes coéquipiers. Je n’avais aucune relation technique avec mon passeur, Marco Falaschi. On a parlé 15 minutes le matin même du match sur la hauteur de mes smashs et sa vitesse de passe. Il a dû changer sa passe avec moi. A l’échauffement j’étais stressé, durant le match j’ai gardé la boule au ventre… et après le match, tout le monde m’a félicité. Mais le lundi matin le coach est venu me climatiser et mettre un coup de pression: 'Tu as fait du bruit pour ton premier match. Personne ne te connaissait. Maintenant il va falloir confirmer car tu vas être attendu. On va voir comment tu vas te débrouiller'. Je lui ai dit de ne pas s’inquiéter. Je n’ai  pas pris pas la grosse tête. Ensuite, contre Trentino on perd 3-0 et je marque 20 points."

Modena (défaite 3-2, meilleur marqueur 25 points)  

"C’était incroyable de jouer dans le temple du volley italien  contre Ngapeth, le passeur brésilien Bruno et Andrea Giani, le coach de l’équipe de France. Ça m’a un peu travaillé de jouer contre ton sélectionneur en équipe de France A. Tu sens direct l’atmosphère de cette salle magnifique. Earvin Ngapeth a été hyper cool lors de notre échange durant l’échauffement. Pendant le match, on a rigolé et échangé des regards sur certains points."  

Siena (Victoire 3-2, meilleur marqueur 29 points) 

"Je suis très content de cette victoire. Toute la semaine, j’ai ressenti la pression de tous mes coéquipiers, du coach, de notre président qui est venu nous parler presque tous les jours et de nos supporters. Tu es le plus jeune de l’équipe et on attend beaucoup, beaucoup, de toi. Tu cherches le réconfort dans les yeux de tes partenaires pendant le discours du coach ou au début du match, et tu vois qu’ils sont autant stressés que toi. Tu sens direct que c’est un match à enjeu. Il y avait contre Sienne la pression du résultat. On devait gagner pour nous sauver. C’était une question de vie ou de mort sportive. C’était LE match avec le plus d’enjeu depuis mon arrivée."

L’avenir 


"Débarquer dans le plus grand championnat du monde représentait une  énorme opportunité pour me montrer. Et c’est ce que je suis en train de faire. Je sais que j’ai fait forte impression. C’était l’objectif. J’aimerais bien rester en Italie ou aller en Pologne. Je ne fermerai aucune porte." 

Le maintien de Taranto 

"A deux journées de la fin, nous avons deux points d’avance sur Siena qui a un match en retard contre Lube (4e). On se rend à Perugia qui survole le championnat. Invaincue, l’équipe n’a concédé qu’un seul tie-break, d’ailleurs remporté contre Trentino. C’est chaud. Et pour finir, on reçoit Milan. Rien n’est impossible mais ce sera dur. La première étape était de gagner face à Sienne. C’est fait. La défaite nous aurait envoyé à l’étage inférieur. Maintenant, on est encore en vie pour nous battre jusqu’au dernier set du dernier match contre Milan, à domicile. Taranto m’a pris pour se maintenir. Ça va être dur mais rien n’est impossible même si le calendrier de Sienne est plus avantageux. Tout peut se jouer lors de la dernière journée. Je suis venu ici en mission. Je suis prêt à la remplir."

Propos recueillis par Morgan Besa