
Virtual Regatta, J38: le skipper parti à l’envers va-t-il rafler la montre à 8.900 euros?
La vérité sur l’affaire Harry Skipper
La vérité nue. Brutale, même.
Messieurs-dames, il s’est passé des choses. Inutile de le cacher plus longtemps. Sachez que nous naviguons en eaux troubles. Le casse du siècle a été tenté sur Virtual Regatta. Et il est grand temps de vous en dévoiler les contours… et d’en démythifier certaines légendes.
Avez-vous entendu parler du Nemo Point Challenge, qui récompensera un des navigateurs virtuels d’une montre Ulysse Nardin de 8.900 euros? Le point Nemo, c’est le point de la planète le plus éloigné de toute terre émergée, matérialisé dans Virtual Regatta par cette balise, que les premiers du classement atteindront dans près de quatre jours.

Sauf que le point Nemo a déjà été atteint depuis plusieurs jours par le plus grand pirate de l’année, parti à l’envers depuis les Sables d’Olonne, avant de se faire ramener dans le peloton par la frégate d’accompagnement, ni vu ni connu, pour pouvoir boucler son parcours dans les règles de l’art et rafler le jackpot.
Un génie du mal dans l’océan de bienveillance virtuaregattienne ? Pas tout à fait. Joint au téléphone, l’homme le plus recherché des mers du Sud nous a raconté son aventure (ou mésaventure), et comme les plus grands coupables de ce monde avant lui l'ont très bien dit: "Ce n’est pas du tout ce que vous croyez".

Flibustier sous pavillon britannique
Pour des raisons évidentes de sécurité, monsieur (c’est un homme) a tenu à garder l’anonymat. Nous l’appellerons donc Kasihan, du nom de son bateau de tous les dangers.
Kasihan est Anglais (personne n’est parfait). Il nous a répondu dans un très bon français au charmant accent britannique, au débit très rapide et, comme tout Anglais qui se respecte, en inversant 100% du temps le masculin et le féminin.
Totalement passionné par le jeu, il a trois bateaux sur cette édition. Un avec lequel il joue la tête de course, et un avec lequel il voulait s’amuser à faire le tour du monde à l’envers. Pour faire sauter la banque, monsieur Kasihan? (L’interview a évidemment été conduite avec un air menaçant, pour lui faire cracher le morceau). "Pas du tout (à lire avec l’accent anglais s’il vous plaît, c’est important). Je voulais juste faire le tour du monde à l’envers, et je suis passé par hasard par le point Nemo, sans imaginer que mon passage allait être validé par la balise".


"C'est pas moi c'est eux"
Sauf que la balise valide, et le voilà donc seul en tête du Nemo Point Challenge. Et là, les messages ont commencé à affluer. "J’ai reçu des centaines de messages. Un peu d’insultes horribles, mais surtout énormément d’encouragements, de gens qui me disaient de repartir dans le bon sens pour finir la course et gagner la montre. Je ne savais pas quoi faire, j’ai passé deux jours autour de la balise, et finalement ils m’ont convaincu de repartir."
(Voix inquisitrice, poussant à l’aveu) Pour l’appât du gain, monsieur Kasihan? "J’ai honte… Pas du tout, je n’ai même pas besoin d’une montre, mais j’avais tellement de messages…"
Et cette histoire diabolique d’hélitreuillage par la frégate alors, ce n’est toujours pas l’appât du gain? "C’est pareil, des gens ont commencé à me conseiller de faire ça pour aller plus vite et pouvoir valider les autres balises, je n’y aurais jamais pensé. J’ai honte là aussi, mais j’ai fini par le faire."
Et donc, monsieur le pirate, vous pensez vraiment que vous allez gagner la montre? "Honnêtement, je ne sais pas, je ne crois pas. Je n’ai pas bien compris si c’était le premier à passer par le point Nemo et qui finissait la course qui gagnait. J’ai contacté Virtual Regatta pour savoir si c’était réglementaire, ils ne m’ont pas encore répondu. Mais c’est un truc de fou cette histoire. En quatre ans de jeu, alors que j’avais deux bateaux, seulement une cinquantaine de personnes me suivaient, et là en une course, j’ai plus de 1.400 personnes qui me suivent sur ce nouveau bateau. C’est rigolo."
Point réglementaire

Voilà ce que dit précisément le règlement, et que nous a confirmé Virtual Regatta: "Ce challenge unique récompensera le premier finisher du jeu Officiel du Vendée Globe qui sera passé par ce point." Pas de doute donc. La montre ne sera pas pour le premier à être passé par le point, mais pour celui qui finira en premier parmi tous ceux qui seront passés par le point (oui, je ne vous le dis qu’en fin d’article, sinon l’histoire n’aurait eu aucun intérêt).
Sorry Kasihan, c’est mort, il va falloir trouver un autre butin à braquer. "Je peux toujours rêver d'un Swatch", nous a-t-il répondu avec l’humour de l’inoffensif navigateur qu’il est depuis le début. Au fait, vous avez quel âge monsieur Kasihan? "Je suis viou." Viou ? "Oui, viou. Retraité." L'image de Rackham le Rouge que j'avais en tête depuis le début pour visualiser notre corsaire est aussitôt remplacée par le vieux de là-Haut. Nos respects cher monsieur, et n'hésitez pas à franchir le point Nemo avec votre bateau de tête, l'histoire n'en serait que plus belle!
Si vous avez manqué les épisodes précédents :
- Episode 1: "François Gabart n'arrête pas de me suivre, alors que je ne sais pas naviguer"
- Episode 2: "Franchement, ils auraient pu mettre un panneau"
- Episode 3 : "Génies ou escrocs, que valent les trois premiers du classement"
- Episode 4 : "Comment s'en sort le mec le plus cool de la flotte"
- Episode 5 : "Le bouton magique pour gagner 10.000 places"
-Episode 6 : "Pas le moment de baisser son foc"
-Episode 7 : "Les petits secrets d'Estelle Denis à Virtual Regatta"