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Vendée Globe: Escoffier a gardé "espoir" sur son radeau de survie

Jean Le Cam et Kévin Escoffier ont raconté sur BFMTV le sauvetage du skipper de PRB par le doyen de la flotte du Vendée Globe.

Depuis ce mardi matin un peu après 2h, le bateau Yes We Cam! comporte deux occupants à bord. Jean Le Cam a en effet réussi à récupérer Kevin Escoffier, onze heures après le naufrage de son Imoca PRB. Les deux marins du Vendée Globe ont raconté leurs folles péripéties sur BFMTV ce mardi matin.

"Tu commences à stresser", confie Le Cam

Arrivé sur site peu avant la tombée de la nuit lundi, Jean Le Cam est revenu sur la difficulté de la tâche. "J'ai eu du mal parce que la nuit tombait, explique-t-il. Je n'avais plus qu'une demi-heure pour repérer quelque chose, tu commences à stresser un peu. C'est une lumière qui nous a sauvés, c'est un peu contradictoire."

Après avoir perdu la trace d'Escoffier, Le Cam l'a finalement retrouvée dans la nuit. Et réussi du premier coup à le mettre en sécurité sur son bateau. "Je suis arrivé sur lui directement et Kevin me dit: 'maintenant?', j'ai dit: 'oui maintenant, là, c'est maintenant tout de suite'. C'est sûr que les expériences de fortunes de mer, quand on fait ce métier, il y en a forcément. A chaque fois, c'est une couche de plus, ça forge l'expérience."

Présent à ses côtés, Kevin Escoffier confie avoir retrouvé ses esprits. "Ça va beaucoup mieux, j'ai mangé, j'ai fait une sieste, j'ai dormi deux heures, ce qui est beaucoup plus que ce à quoi nous sommes habitués sur un bateau, a expliqué Escoffier. Ça va beaucoup mieux que la journée d'hier qui a été très compliquée."

"Une vague m'a jeté à l'eau"

Il est aussi revenu sur les détails du naufrage de PRB, qui s'est brisé en deux. "Dans les faits, ça (l'avarie) a été plus rapide que ce que vous pouvez imaginer, a-t-il expliqué. On arrivait dans un endroit où la mer et le vent ne faisaient que forcer. Dans le bas d'une vague, l'étrave est rentrée dans l'eau et quand elle était ressortie, le bateau était replié à 90°. Vous pouvez imaginer la quantité d'eau dans le bateau, j'ai eu le temps de récupérer une combinaison de survie que j'ai tout de suite enfilée, j'avais une balise sur loi, qui a permis à Jean de me repérer la première fois."

"En regroupant les affaires dont un radeau, une vague m'a emporté et m'a jeté à l'eau. J'aurais bien aimé rester un peu plus longtemps dans le bateau pour récupérer des affaires, même en allant sous l'eau puisque l'avant était déjà sous l'eau. Mais je n'ai pas pu et je me suis retrouvé dans le radeau avec une balise. Comme les conditions étaient beaucoup trop dantesques le soir même pour faire un transfert entre bateau, j'y ai passé la nuit en attendant le petit matin et des conditions plus calmes."

Une fois à bord de son radeau, il a alors tout fait pour garder la tête froide. "J'avais l'espoir, assure-t-il. Je me demandais plus, comme je n'avais pas les moyens de communiquer avec Jean, si un hélicoptère allait venir ou si Jean allait faire la manoeuvre. Il y avait ces questions. Il y a des rations de survie sur le radeau, j'ai essayé de boire et manger, de ne pas avoir froid, de rester en boule et d'évacuer l'eau, il ne faut pas trop gamberger. Il faut évacuer les mauvaises pensées et le penser à plan suivre. Il faut rester positif."

"Il m'a envoyé une corde avec une frite au bout"

Il a enfin conclu sur le moment crucial de cette histoire: le sauvetage. "Ce n'était pas des conditions très maniables, il devait y avoir avoir cinq mètres de mer, 32 noeuds de vent, situe le Malouin. Quand on est dans un radeau et qu'on voit passer un Imoca, on a l'impression d'être tout petit. Je ne pouvais même pas imaginer que Jean vienne me récupérer (lors de sa première approche, ndlr). Ça ne pouvait que se terminer mal. J'ai passé la nuit dans le radeau, ce n'était pas confortable mais le matin on a réussi la manoeuvre."

"Quand je l'ai vu, il faut être dans l'action, conclut-il. Je lui ai demandé si on faisait ça maintenant. Je ne savais pas s'il faisait juste un passage pour voir si tout allait bien ou s'il voulait faire la manoeuvre tout de suite. Il m'a dit oui. Le bateau est resté à côté. Il m'a envoyé un bout (une corde) avec une frite au bout et on a tracté le radeau. Le bateau de Jean montait et descendait. J'ai réussi m'accrocher à un tube de barre et me hisser à bord après pas mal d'effort pour Jean qui a dû se faire mal à la main. Là, on est content. Quand on touche le tube de barre, on ne le lâche pas celui-ci."

NC