
Transat Jacques-Vabre : vent de la discorde autour du départ
Dans la voile plus que dans tout autre sport, les conditions météo font partie intégrante de l’équation. Au point de donner parfois des envies de recul même aux marins les plus expérimentés. Le ciel s’est ainsi invité dans le débat à la veille du départ de la Transat Jacques-Vabre. Alors que les conditions s’annoncent plutôt tranquilles ce dimanche au moment du départ (13h30 au Havre), une grosse dépression devrait toucher la course en début de semaine et un vent puissant devrait être au rendez-vous dès ce lundi. De quoi diviser les troupes. « On estime que ce serait plus prudent de retarder le départ de 24 heures et de partir dans des conditions plus favorables », commentait Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VII).
D’autres têtes d’affiche de la classe Imoca partageaient le sentiment, à l’image de Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac), Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) ou Jérémie Beyou (Maître Coq). « On se casse la tête pour trouver une trajectoire qui ne soit pas casse-bateau », renchérissait ce dernier. Partenaire de François Gabart sur le maxi-trimaran Macif, Pascal Bidégorry allait dans le même sens : « C’est plus que chaud ». Point commun des frondeurs ? Des bateaux neufs, et donc moins rodés aux mauvaises conditions météo, et la peur de la casse en vue des futurs objectifs, à commencer par le Vendée Globe pour les Imoca.
Le Cléac’h : « J’espère qu’ils assumeront les dégâts »
Animé, le briefing d’avant-course de ce samedi n’aura pas changé la donne. Directrice de la course, Sylvie Viant a confirmé le départ pour ce dimanche 13h30 : « C’est définitif. Et je ne pense pas que ça évoluera en quelques heures. » Et d’en profiter pour titiller les Imoca, voiliers du Vendée Globe : « Je considère que ces bateaux sont conçus pour le tour du monde… A chaque équipage de décider en son âme et conscience. » « La direction de course est restée figée sur ses positions, confirme Le Cléac’h. Mais une mer de sept mètres de creux de travers, ça peut vraiment faire des dégâts sur les bateaux. J’espère qu’ils assumeront les dégâts. »
Vieux loup de mer, Michel Desjoyeaux (SMA) n’hésitait pas pour sa part à critiquer ses frileux compagnons et adoptait la position de la direction de course : « Chaque marin est libre de prendre ou pas le départ. A chacun de gérer ça et de prendre ses responsabilités. » Prévisionniste Météo France sur la Transat, Richard Silviani y voit lui aussi un paramètre de course de plus à dompter : « On part en automne avec les dépressions automnales. Ils le savaient à l’avance. Ils seront sur le proche-Atlantique avec une possibilité de positionnement assez vaste pour essayer d’éviter le plus gros du mauvais temps. Il y a des zones dures et d’autres moins. A eux d’avoir l’intelligence de navigation pour aller au bon endroit. » Traverser la dépression ou la contourner en se rallongeant la risque, quitte à hypothéquer la gagne ? Les 84 marins de la Jacques-Vabre connaissent déjà leur premier obstacle à franchir.