
"Je n’avais droit qu’à un tir", Yvan Bourgon raconte son face-à-face avec un ours polaire
"Cela fait 40 ans que je navigue, et c’est la première fois que je le fais en ayant peur". Invité du Super Moscato Show, Yvan Bourgnon revient sur son périple de 70 jours dans le grand nord canadien, à bord de son catamaran sans habitacle. Le froid, les glaces, l’eau gelée, la faune sauvage… Ces 7 500 kilomètres dans l’Arctique ont été éprouvants. "Je me suis dit plusieurs fois que c’était la fin", confie celui qu’on surnomme le "Gladiateur des Mers", qui a perdu 10 kilos et risque encore de perdre "quelques doigts de pied" à cause du froid.
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"Il m’a regardé droit dans les yeux"
Des souvenirs plus ou moins heureux, Yvan Bourgnon en conserve beaucoup. L’un des plus mémorables reste cette rencontre avec… un ours polaire. Il raconte: "C'était le dernier mouillage sur l'île de Baffin. C'était la pleine nuit noire, il était 3 heures du matin. J’étais en plein sommeil, et là d'un coup, j’ai senti le bateau qui basculait complétement sur le nez, à 45°. J’ai compris qu'une grosse bête avait dû monter. Je me suis réveillé en sursaut. J'étais sur une coque. Et là, à trois mètres, il y avait un ours polaire, qui s'était posé avec les pattes avant sur les coques. Il s'est dressé et m'a regardé droit dans les yeux."
"Je n’avais droit qu’à un tir"
"Le bateau était gité. Dans la panique, il fallait que je récupère le pistolet, car il n'y avait plus que ça pour me sauver. J'ai tiré un premier coup, puis un deuxième (en l'air, ndlr), et j'ai hurlé de crainte évidemment. Et là, il ne s'est rien passé. L'ours polaire ne bougeait pas d'un millimètre."
"Mes mains tremblaient. Je me disais qu'il fallait que je me calme car si l'ours bondissait sur moi, je n'avais droit qu'à un tir, et après, c'était fini. Je me suis calmé et je l'ai visé. Il n'y avait que deux solutions: soit il s'en allait à l'eau et c'était bon, soit il venait sur moi et j'étais obligé de tirer. Finalement, il est parti."
"J’aurais détesté tirer sur lui"
Ces ours sont très nombreux dans la région. "Celui-là devait bien faire 600 kilos", confie Yvan Bourgnon. Le lendemain de ce face-à-face, des pêcheurs lui ont assuré que c’était "l’endroit du monde où il y a le plus d’ours polaires" et que "250 ours sont chassés chaque année". "Apparemment, ce n’était pas le bon spot !", rigole le navigateur, qui assure tout de même qu’il aurait "détesté tirer sur lui".