
Gabart avant la Transat Jacques Vabre: "Etre au départ n’était pas gagné d’avance"

François Gabart - AFP
François, êtes-vous prêt à quelques jours du départ de cette Jacques-Vabre ?
Entre la mise à l’eau (en août dernier) et le départ de la Transat Jacques-Vabre (dimanche), il y avait très peu de temps. On a fait du très bon boulot avec l’équipe pour que le bateau soit prêt à temps. Ce n’était pas gagné d’avance mais ça s’est bien passé jusque-là. On est déjà content d’être au départ de cette course.
Il vous a fallu fiabiliser le bateau. Avez-vous ressenti un peu de stress ?
Pas trop. On a toujours des problèmes avec des bateaux comme ça. Jusque-là, on n’a eu que des petits problèmes, j’espère que ce sera le cas pendant toute la durée du projet. Mettre à l’eau un bateau de cette taille (30m de long, 20m de large) et de cette ambition, ça ne se fait jamais tout seul. Tout s’est plutôt très bien enchaîné. On a réussi à anticiper pas mal de soucis qu’on pouvait avoir. Au final, on se retrouve avec un bateau presque prêt. Je dis presque parce qu’on a encore beaucoup de boulot et l’équipe continue de travailler jusqu’au jour du départ. On pourrait partir dans de bonnes conditions de sécurité aujourd’hui mais on a encore des petites choses à améliorer pour la performance.
Cette Transat va-t-elle vous servir de laboratoire d’expérience ou venez-vous pour gagner ?
C’est vraiment une course de développement, de mise au point et de fiabilisation. Je ne veux pas dire qu’on ne veut pas gagner parce qu’on va tout faire pour. Mais on veut surtout apprendre et faire un maximum de milles sur ce bateau. On veut emmagasiner un maximum d’expérience pour progresser et préparer la performance de demain. Si, durant cet apprentissage, on peut arriver à jouer les premières places, on ne s’en privera pas.
Les nouveaux bateaux cassent souvent lors de leur premier tour du monde. Avez-vous ça en tête, même s’il s’agit d’une transatlantique ?
On est dans un sport mécanique, avec un bateau très neuf. Le risque de casse est évident. On essaie de le prendre le plus sérieusement possible pour atteindre l’objectif qui est d’arriver à Itajaí (au Brésil). On prépare déjà des solutions de backup sur certains éléments qu’on n’a pas pu totalement fiabiliser. Dans l’ensemble, je suis prudent, tout en étant optimiste. Le bateau est super jusqu’à présent et on a connu très peu d’avaries. Il n’y a pas de raison que ce ne soit pas le cas sur la Jacques-Vabre.
« Le bateau est conforme à ce qu’on imaginait »
Avez-vous été surpris par certaines choses lors de vos premières navigations ?
Dans les grandes lignes, non. Le bateau est conforme à ce qu’on imaginait. Entre la conception et la construction, tout s’est plutôt bien enchaîné. S’il y a des surprises, elles sont plutôt bonnes. On a la sensation d’avoir un bateau relativement léger, avec beaucoup de sensations à la barre. C’est agréable et très positif pour la suite.
On annonce une météo chargée pour le départ dimanche…
Oui, c’est costaud, comme ça l’est souvent dans le Golfe de Gascogne à la fin du mois d’octobre. On va regarder ça de près pour essayer de trouver la meilleure trajectoire pour se faufiler entre les dépressions. L’organisation a jusqu’à jeudi 20h pour avancer le départ à samedi. Ça reste une hypothèse parce que le départ dimanche n’est pas impossible, mais compliqué. Ça l’est aussi samedi. Il faut être attentif tout en étant patient. Les modèles météo sont en train de converger et de s’affiner. Je ne sais pas du tout la stratégie de la direction de course.
Vous ne serez pas au départ du prochain Vendée Globe, dont vous avez remporté la dernière édition. Avez-vous un peu de nostalgie ?
Non, aucune nostalgie parce que j’ai la chance de naviguer sur un super bateau. Mais je reste un spectateur attentif et je ne louperai pas une miette du Vendée Globe parce que c’est une course extraordinaire. J’y ai vécu des moments très, très forts. Je pense qu’il y aura une belle course dans un peu plus d’un an.