
Disparition Laurent Bourgnon: le monde de la voile entre hommage et espoir

Laurent Bourgnon, ici en 2001. - AFP
Franck Cammas : « Les marins aiment le risque »
« C’est forcément une surprise. Laurent (Bourgnon), c’est quelqu’un et c’est toujours quelqu’un par ce qu’on n’a pas la confirmation, qui était dans l’âge de la force et qui avait encore des activités assez intenses. Forcément, c’est un moment très dur d’apprendre ce genre de nouvelle. Ce n’est jamais le bon moment et Laurent a marqué de son empreinte le monde de la course au large depuis 25 ans. C’est une des personnes qui m’a donné envie de goûter aux joies du multicoque.
Après (Florence) Arthaud, Bourgnon ? C’est sûr ce n’est pas une bonne série qu’on aime entendre le matin en se levant. Que peut-on dire ? Ce sont deux personnages très, très importants qui nous quittent de façon très rapprochée. Alors évidemment, les marins aiment le risque, même quand on ne fait pas notre sport, quand on pratique d’autres activités où on aime l’adrénaline. Donc on s’expose à certains dangers et malheureusement, parfois ça passe pas du bon côté… »
Michel Desjoyeaux : « Il reste un peu d’espoir »
« Pour le moment, il reste un point d’interrogation ou plus précisément un peu d’espoir. Il est porté disparu, ce qui est forcément une bonne et une mauvaise nouvelle. Une bonne par ce qu’on peut toujours espérer et une mauvaise parce que dans ces conditions-là, c’est sûr que ce n’est pas simple. C’est un endroit retiré et même si tous les moyens sont mis en œuvre, on ne connait pas encore l’issue.
S’il reste là où on pense qu’il est quelque part, c’est un retour aux sources pour lui puisqu’il est quasiment arrivé sur l’eau avant d’arriver sur terre. Il est quasiment né et il a vécu une bonne partie de son enfance dans ces conditions-là. On se souvient tous de la fin du Grand Bleu… Je trouve que c’est peut-être une très belle fin aussi. »
Yvan Bourgnon (frère de Laurent) : « J’irai sur l’eau pour chercher mon frère jour et nuit »
« J’ai fait le point avec la gendarmerie et le MRCC (Centre de Recherche et de Sauvetage en Mer) de Papeete. Même si je sais que tous les moyens sont mis en œuvre pour retrouver Laurent, je me rends sur place pour participer aux recherches. Je ne peux pas rester en France à ne rien faire. J’irai sur l’eau pour chercher mon frère jour et nuit, aussi longtemps qu’il y aura un espoir. Laurent est un combattant, je sais qu’il est capable de tenir plusieurs jours à la dérive en pleine mer. Nous comptons, ma famille et moi, sur le soutien des autorités polynésiennes, des habitants de Fakarava et des plaisanciers présents sur place, pour continuer à se mobiliser et poursuivre les recherches ».
Olivier de Kersauson : « Ca ne présume rien de bon »
« La plongée dans ces eaux-là est compliquée contrairement à ce que l’on pourrait croire, puisque je connais bien la zone. Je pense qu’il était seul et je pense que seul dans cet endroit où il peut y avoir à certains moments sans que ce soit immédiatement identifiable, à la fois des courants et des contre-courants, ça peut être vraiment dangereux. C’est assez angoissant. Ca ne présume rien de bon. Espérons de tout cœur que le pire ne soit pas arrivé. »
Xavier Macaire : « Un grand monsieur »
« C’est un grand monsieur, un grand skipper. Il a pleinement participé à ma passion pour la voile.
Yann Eliès : « Il a fait de l’excellence son métier »
« Il a apporté du professionnalisme dans le monde de la voile. Il a fait de l’excellence son métier. Il maitrisait son sport sur le bout des doigts. Traverser l’Atlantique avec un trimaran de 18 mètres, ça s’apparentait à un jeu d’équilibriste et pour maitriser ça, il fallait vraiment être très fort. »
Pierre Bojic : « Il a marqué l’histoire de la course »
« C’était un personnage extrêmement chaleureux. Le point fort de Laurent, c’était sa proximité, sa gentillesse, sa disponibilité. C’est un grand charmeur et puis un très grand champion. Il a marqué plus d’une décennie en gagnant les plus grandes courses. Ca a été un des grands marins qui ont marqué l’histoire de la course océanique sur les trente dernières en France et au niveau international. »