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Cammas : "Une expérience dont on peut ressortir grandi"

Franck Cammas

Franck Cammas - AFP

Victime d’une fracture du pied droit en novembre dernier lors d’un entraînement, Franck Cammas reprend la compétition lors de l’étape new-yorkaise des America’s World Series, épreuve de préparation pour la Coupe de l’America. Le skipper de Groupama Team France a raconté ce retour au micro de l’Intégrale Sport sur RMC.

Franck Cammas, comment allez-vous depuis ce terrible accident survenu lors d’un entraînement le 30 novembre dernier ?

Ça va bien. Pouvoir renaviguer depuis deux mois était déjà un bon pas en avant, c’est le cas de le dire. Ça fait six mois que je n’ai pas pris le départ d’une compétition, donc il y a toujours un peu d’appréhension, mais je m’en sens capable. L’agilité que j’ai retrouvée aujourd’hui me suffit à être à l’aise sur un bateau donc c’est vraiment très positif.

Avez-vous une appréhension lorsque vous êtes sur votre bateau ?

Oui, je pense qu’effectivement j’ai certains réflexes qui me protègent le pied. Quand je bondis sur le filet du bateau, c’est sûr que je n’ai peut-être pas les mêmes mouvements qu’auparavant. Mais ça vient petit à petit de la confiance sur mes appuis. Je travaille pour ça en dehors quand je suis à terre. Si je suis aujourd’hui sur le bateau, c’est que cette barrière psychologique est derrière moi. Mais il faut que je continue de travailler et de progresser dans ce sens-là.

Avez-vous connu des moments de doutes pendant votre rééducation ?

Oui, ça été long. Des doutes, on en a au début quand on voit l’état des pieds et de la fracture, mais très vite j’ai été encouragé par les pronostics qui me disaient d’être patient et de travailler pour revenir au plus vite. C’est vrai que j’étais frustré de voir mes camarades naviguer et de ne pas pouvoir aller avec eux, mais ça m’a motivé. Je m’étais mis des timings à franchir pour être là aujourd’hui et tout s’est bien passé. C’est une expérience dont on peut ressortir grandi et plus fort.

« Techniquement, on est dans le match »

Naviguer au milieu des buildings de Manhattan, comme vous le faites actuellement, doit être particulièrement agréable…

C’est fabuleux. L’arrière-plan et le décor sont extraordinaires. Il n’y a pas grand-monde qui peut naviguer là et pas beaucoup de régates qui sont organisées au pied de Manhattan. Par contre, ce n’est pas évident car le vent qui traverse les avenues autour de Ground Zero ne fait pas du vent très stable sur le plan d’eau, donc il faut faire avec. Le spectacle va être grandiose. Le décor est bien planté, les concurrents sont super motivés, le niveau est là, donc il y a tous les ingrédients pour faire un très beau spectacle.

Où se situe le Team France par rapport à la concurrence, en vue de la Coupe de l’America 2017 ?

On a bien démarré depuis l’accord qu’on a eu avec Groupama pour partir sur cette 35e édition de la Coupe de l’America. On a formé une équipe, on a travaillé de façon très rationnelle depuis cet hiver du côté sportif et technologique. La Coupe de l’America est aussi une compétition technologique, donc en parallèle de ce qu’on fait aujourd’hui à New York, on a aussi 30 personnes qui travaillent sur le dessin et la construction du bateau qui va défendre les couleurs de la France l’année prochaine. Ce bateau va être mis à l’eau dans cette première configuration en juin prochain et ce sera une étape très importante pour notre projet. Avec tous les talents qu’on a en France (les chantiers, les ingénieurs, les architectes…) il n’y a pas de raison que la France ne soit pas bien représentée. On se doit de travailler dans cette direction. Les autres équipes sont parties avant mais ça fait 15 ans qu’on navigue, qu’on construit des bateaux. Techniquement, on est dans le match. C’est vraiment excitant d’être dans cette cour des grands.