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Mauresmo : les raisons d’une retraite

La Française a annoncé sa retraite sportive, aujourd'hui à Paris.

La Française a annoncé sa retraite sportive, aujourd'hui à Paris. - -

Comme Laure Manaudou, Amélie Mauresmo tire sa révérence au terme d’une carrière qu’elle aura survolée, symbolisée par sa place de numéro un mondial en 2004 et 2006. Mais l’usure imposée par les années, les succès et les blessures ont finalement eu raison de son envie.

« Je n’ai plus envie ». C’est par cette phrase qu’Amélie Mauresmo explique l’inexplicable, ces raisons intimes qui poussent un champion à dire « stop ». A l’instar de Laure Manaudou qui avait déclaré avoir « perdu le plaisir de nager » pour justifier la fin de sa carrière en septembre, l’ancienne meilleure joueuse de tennis du monde n’avait plus faim. Le choix n’a apparemment pas été simple. Ces derniers mois, la championne a connu « le trac », l’ « angoisse » d’une décision qu’elle estime irrémédiable, n’envisageant pas de revenir comme Hingis et, plus récemment, Clijsters et Hénin l’ont fait ces derniers mois.
« La peur de ne savoir quoi faire après », commente-elle aujourd’hui. Certes. Mais la foi n’était plus là. Comme l’expliquait à RMC Sport l’ex-directeur technique national Patrice Dominguez, « elle n’avait plus le désir de souffrir à l’entraînement et en compétition ». Depuis sa défaite au deuxième tour de l’US Open, le 2 septembre, Mauresmo n’avait d’ailleurs plus touché une raquette.

Dominguez : « Elle savait qu’elle n’était plus compétitive »

Les blessures ont fait leur travail de sape, violentant son corps et minant ses convictions. Depuis un certain temps, la Française multipliait les pépins physiques, l’écartant des terrains et du haut du classement. Première à l’ATP en 2004 et surtout en 2006, l’année du double sacre en Grand Chelem, Mauresmo a traversé les dernières saisons avec plus de bas que de hauts. « Elle savait qu’elle n’était plus compétitive depuis trois saisons », confirme Dominguez. Habituée aux sommets, elle aura terminé 18e en 2007, 24e en 2008 et 21e en 2009.
L’héritière de Suzanne Lenglen au firmament du tennis mondial a presque tout gagné. Outre une place de n°1 mondiale qu’elle a occupée un mois en 2004 et neuf mois en 2006, Mauresmo a remporté 25 titres, dont deux Grands Chelems en 2006 : Melbourne et Wimbledon, le sacre londonien acquis sur le gazon contre sa grande rivale belge Justine Hénin étant son « climax ». A son actif également, une médaille d’argent aux Jeux d’Athènes et la Fed Cup en 2003.

Courteau : « Elle va laisser une trace »

Joueuse singulière à l’homosexualité assumée, Mauresmo se considérait foncièrement « Française », puisant de la force en sélection. « Si Wimbledon est mon plus grand souvenir, la finale perdue de Fed Cup en 2005 à Roland-Garros restera quelque chose d’unique, tellement le public faisait corps avec nous », se souvient la championne. Un regret pour la native de Saint-Germain-en-Laye ? N’avoir jamais réussi devant son public, Porte d’Auteuil. Loïc Courteau, son entraîneur de sept ans : « Amélie est une joueuse exceptionnelle, avec un parcours exceptionnel, on a vécu une aventure unique, quand ça marchait, mais aussi dans les moments difficiles. Peut-être y a-t-il un sentiment d’inachevé avec Roland-Garros qu’on n’a jamais remporté ».
Amélie Mauresmo a-t-elle été appréciée à sa juste valeur ? Dans le Top 10 du palmarès des sportifs préférés des Français jusqu’en 2007, elle disparaît en 2008, « payant » son manque de réussite sur les courts. Un traitement jamais réservé à Yannick Noah, plébiscité par ses compatriotes année après année alors qu’il n’a jamais été n°1 mondial. Mais, outre sa carrière de chanteur, il a gagné Roland… Graal du tennis pour le public français. Un manque de reconnaissance ? Loïc Courteau le pense : « Elle n’est pas assez connue pour tout ce qu’elle a apporté. Elle va laisser une trace dans le tennis, son palmarès est incroyable et son jeu aussi. Je vous plains quand vous allez ouvrir la télé et que vous allez avoir les autres. Il va falloir chercher une autre pépite… »

La rédaction - Louis Chenaille (avec ES)