
L’année de trop pour Federer ?

Roger Federer - -
On a beau se pincer, se frotter les yeux, le classement ATP est formel. En face du nom de Roger Federer, le chiffre suivant : 7e. Deux rangs à peine devant… Richard Gasquet. Surréaliste, après une décennie de règne quasi-incontesté. La vérité comptable est pourtant là. Choquante, mais indiscutable. En s’inclinant la semaine dernière en quart de finale de Cincinnati, tournoi qu’il avait remporté sans concéder son service l’an passé, le Suisse poursuit sa dégringolade. Après un exercice 2012 où il avait retrouvé les joies d’une victoire en Grand Chelem (Wimbledon) et la place de n°1 pendant quatre mois, 2013 le ramène cruellement à ses doutes.
Demi-finale à l’Open d’Australie, quart de finale à Roland-Garros, 32e de finale à Wimbledon… La chute, cette saison, est exponentielle. Gêné par un dos douloureux, Federer, que l’on dit se concentrer sur les grandes échéances, ne répond plus. Mis à part un succès à Halle (250 Series), c’est le désert. Lui qui a remporté au moins quatre titres par an depuis 2003 enchaîne les sorties de route précoces. Et ses bourreaux ne s’appellent plus uniquement Murray, Djokovic ou Nadal. Benneteau, Berdych, Nishikori, Tsonga, Stakhovsky (116e mondial !), Delbonis, ou encore Brands peuvent tous se targuer d’avoir accroché le maître à leur tableau de chasse depuis janvier.
Dominguez : « Il est capable de faire un coup »
On ne voudrait pas l’envisager, mais comment, dans ces conditions, ne pas y penser… S’agit-il de l’année en trop pour le meilleur joueur de tous les temps ? Pour Patrice Dominguez, ses mésaventures à répétitions n’incitent pas à l’optimisme. « Ce joueur qui a tant dominé, qui a tutoyé l’inaccessible dans le jeu pendant des années, mérite une belle sortie, estime le membre de la Dream Team RMC Sport. On n’a pas envie de le voir faire le combat de trop. Et cette saison, malheureusement, ressemble un peu à ça. C’est inquiétant de le voir perdre contre des joueurs classés au-delà de la 100e place. Il ouvre la porte à n’importe qui. Avant, quand on voyait qu’on jouait Federer, on prenait d’avance son billet d’avion retour. Maintenant, tout le monde peut y croire… »
Pourtant, si le physique donne de très nets signes de faiblesse, le talent est toujours là, en sommeil. Son dernier revers contre Nadal, magnifique d’intensité (5-7, 6-4, 6-3), le prouve. Avec un tennis incisif et plus offensif que jamais, le tenant du titre à Cincinnati a fait vaciller l’insatiable Espagnol, vainqueur de tous ses matches sur dur cet été. Laissant penser, ou du moins espérer, à une résurrection à l’US Open. « Il est capable de faire encore un coup, poursuit Dominguez. A une condition, qu’il serve mieux que ces derniers temps. C’est grâce à son service qu’il a été intouchable, et de ce fait son jeu a été beaucoup mieux efficace ».
Joue-la comme Sampras
Son parcours à New York en dira sans doute un peu plus sur la tournure que prendra sa carrière dans un futur proche. Federer n’aura pas la tâche facile, forcément moins protégé par son nouveau classement. Mais pour mémoire, c’est en tant que 17e joueur mondial que Pete Sampras était allé chercher son ultime Majeur, après deux ans de disette, à Flushing Meadows. Le Suisse, qui lui a dérobé un à un ses records (victoires en Grands Chelems, nombre de semaines à la première place…), en sait sûrement quelque chose…
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