
Tennis: Federer, le nerveux et capricieux jeune joueur devenu un modèle de classe
Pour l’éternité, Roger Federer sera sans doute décrit comme un joueur classe, élégant, gentleman sur et en dehors du court. Une description fidèle à ce qu’il a été pendant la majeure partie de sa carrière. Mais le Suisse, dans ses jeunes années, a aussi été un joueur plus capricieux, beaucoup plus irritable sur le court, capable de s’en prendre au public, au clan de son adversaire ou à ses propres raquettes.
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En 2006 à Rome, Roger Federer s’était emballé contre Toni Nadal, entraîneur de Rafael, son adversaire du jour. Il lui reprochait de coacher son poulain durant la rencontre, finalement remportée par l’Espagnol. "Il doit apprendre à être un gentleman même quand il perd", avait taclé "Rafa" après le match. Seulement à l'époque, le Suisse n'était pas habitué à perdre.
Trois ans plus tard à Miami, face à Novak Djokovic, "Rodgeur" avait fracassé sa raquette en plein match, une attitude très inhabituelle, même s’il lui arrivait un peu plus régulièrement de balancer sa raquette – sans la casser – lors de ses premières saisons sur le circuit. "J’étais vraiment colérique à mes débuts, reconnaissait Federer il y a quelques années. Puis j’ai vite appris que si je continuais sur cette voie, les choses allaient très mal se terminer pour lui."
"Petit Satan" et "pleurnichard"
Le Suisse assure que son changement d’attitude s’est opéré à Hambourg, en 2001. En vérité, cela a sans doute pris quelques années de plus. "J’avais perdu un match que j’aurais dû gagner et mon comportement avait été tellement exécrable que je me suis dégoûté de moi-même." Ceux qui l’ont connu dans ses jeunes années ne cachent pas la personnalité à l’époque un peu moins irréprochable du bonhomme.
David Law, ancien responsable de la communication de l’ATP quand Federer a débuté, avait partagé ses souvenirs dans un épisode du Tennis Podcast. "Quand il ne performait pas à son niveau ou s’effondrait mentalement, il devenait émotif et lançait ses raquettes. C’était un bébé. C’était un pleurnichard sur le court. Il était immature et il lui a fallu un certain temps pour grandir."
Arnaud Clément, lui, a battu deux fois Roger Federer à l’Open d’Australie, en 2000 et 2001. "Au niveau du jeu et des coups, il y avait quelque chose chez Federer mais au niveau comportement, ça n'était pas bon, racontait-il au Parisien en 2018. Il était nerveux, les balles et la raquette volaient. Il y avait beaucoup à rectifier au niveau de l'attitude."
Jusque dans son club de Bâle où il a démarré, sa toute première entraîneure a raconté au Neuer Zürcher Zeitung que Federer se faisait appeler "le petit Satan" à cause de son comportement capricieux. Heureusement, Roger Federer a réussi à corriger ça avec le temps, pour devenir un modèle d’élégance, salué comme tel par l’ensemble de ses pairs, ce jeudi au moment d’annoncer sa future retraite.