
Une extension en question

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La France a peur. Quand Gilbert Ysern a lâché mercredi la menace d’un départ de Roland-Garros de Paris, les défenseurs du stade de la Porte d’Auteuil ont rué dans les brancards. Quoi ? Roland-Garros loin du microclimat du XVIe arrondissement ? Pas encore mais la Fédération française de tennis y pense. « C’est vrai que l’âme de Roland-Garros est essentielle. Mais vous savez, d’autres tournois du Grand Chelem ont déménagé avant nous. Il ne faut donc pas se l’interdire », avoue Ysern, boss de Roland-Garros.
Le problème, c’est que le stade actuel est à l’étroit. La Fédération internationale de tennis veut lui imposer une poussée de croissance car les autres tournois du Grand Chelem s’étendent sur une vingtaine d’hectares alors que Roland-Garros ne dépasse pas les huit hectares. La FFT va donc faire construire un nouveau central avec un toit rétractable et deux courts annexes, à 450 mètres de l’emplacement actuel, sur le stade Hébert. Le projet architecturel du Français Marc Mimram a déjà été retenu. C’est là que le bât blesse. Pas question pour la municipalité du XVIe et les riverains de bouter les 4000 scolaires qui utilisent quotidiennement le stade Hébert. « On ne sait pas où mettre les scolaires », avance Claude Goasguen, député maire du XVIe arrondissement. « Le sport professionnel grignote les emplacements trop rares à Paris pour le sport amateur », déplore Sylvain Garrel, président des Verts au Conseil de Paris. Un problème similaire à celui du stade Jean-Bouin, qui doit lui aussi s’agrandir.
Pas touche, donc, au stade Hébert et pas touche au bois de Boulogne, secteur protégé. Sauf pour Goasguen, partisan d’y installer des tribunes modulables en plus d’un agrandissement des gradins du central actuel. « Ce dont ils ont besoin, c’est 20 hectares ils ne trouveront pas ça à Paris, selon Claude Muyard, président de l’association XVIe demain. Cette extension serait seulement de deux hectares. Ça veut dire qu’on arriverait à 10 hectares et que, quelques années plus tard, la FFT demanderait une autre extension. On refuse. »
D’où la menace de délocalisation. Mais où ? Disneyland, à Marne-la-Vallée, ou Sarcelles, qui ont déjà essayé d’accueillir le Grand Prix de France de F1. Mais là on ne peut même pas parler de projet, juste d’embryon de projet. « En banlieue parisienne, beaucoup de secteurs seraient très contents de recevoir un tel tournoi de tennis. Regardez comment le Stade de France a requalifié une zone complètement déshéritée », analyse Garrel. Roland-Garros II à côté de Mickey ou au milieu des barres de Sarcelles, c’est vrai que ça changerait du XVIe arrondissement.