
Tennis : les grandes tendances avant Roland-Garros
Djokovic en favori, Murray juste derrière
Nadal en méforme, on va finir par se poser la question : la plus grande surprise de Roland-Garros 2015 serait-elle l’élimination de l’Espagnol ou… celle de Novak Djokovic ? Vu la forme du Serbe, on pencherait plutôt vers la seconde option. Vainqueur ce dimanche de Roger Federer en finale du Masters 1000 de Rome, Djoko affiche un bilan de rêve cette année. Cinq victoires en cinq tournois majeurs (Grand Chelem ou Masters 1000) disputés – Open d’Australie, Indian Wells, Miami, Monte-Carlo et Rome, les deux derniers sur terre battue – et 22 victoires consécutives, série en cours, qui en font l’immense favori de la quinzaine du rouge. Cette année, le numéro 1 mondial a battu tous les autres membres du top 10 mondial : Federer (Indian Wells, Rome), Murray (Australie, Indian Wells, Miami), Raonic (Australie), Berdych (Dubaï, Monte-Carlo), Nishikori (Rome), Nadal (Monte-Carlo), Ferrer (Miami, Rome), Wawrinka (Australie) et Cilic (Monte-Carlo).
Un seul s’est offert son scalp : Federer en finale à Dubaï. L’un d’eux pourra-t-il signer l’exploit porte d’Auteuil et empêcher le Serbe de remporter le dernier Grand Chelem qui manque à son palmarès (finales perdues contre Nadal en 2012 et 2014) ? S’il y en a un qui peut le faire, c’est sans doute Andy Murray. Depuis quelques semaines, l’Ecossais s’est découvert un goût pour la terre battue. Victoire à Munich – son premier tournoi remporté sur la surface – avant d’enchaîner à Madrid, seul Masters 1000 de la saison où Djokovic était absent. En Espagne, sur la route du titre, Murray a écarté Raonic, Nishikori puis Nadal en finale. Ça vous booste la confiance. Pour Djoko, c’est une autre histoire : le Serbe a battu Andy dans trois tournois majeurs cette année, dont deux fois en finale (Australie et Indian Wells, demie à Miami). Jamais trois sans quatre ?
Quel Federer porte d’Auteuil ?
On l’oublie trop mais un seul homme a remporté un Roland-Garros dans lequel Rafael Nadal était engagé : Roger Federer en 2009, quand l’Espagnol n’était pas au mieux physiquement. Le Suisse peut-il encore profiter de la méforme de son rival pour signer un grand coup avec un 18e succès en Grand Chelem ? Cela dépend de quel Roger se présentera porte d’Auteuil. Celui qui galère sur terre battue, sorti par Gaël Monfils à Monte-Carlo (huitième de finale) et Nick Kyrgios à Madrid (seizième) ? Ou celui qui brille sur l’ocre, vainqueur du tournoi d’Istanbul et finaliste du Masters 1000 de Rome ? Une certitude : Djokovic a forcément émoussé sa confiance en le battant sans trembler (6-4, 6-3 et l’impression de ne jamais être inquiété), ce dimanche à Rome. Mais le Suisse a un avantage qu’aucun autre joueur du top 10 ne possède. Il a battu le Serbe cette saison, en finale à Dubaï. C’était sur dur. Mais c’est toujours ça de pris. A 33 ans, le vieux lion Federer n’est pas mort. Nouvelle preuve à Roland ?
Nadal, patron en question
Le patron vacille. Nonuple vainqueur à Roland-Garros, sa maison, où il n’a perdu qu’une seule fois dans sa carrière (contre 66 victoires !), Rafael Nadal a plus de références que n’importe qui porte d’Auteuil. Mais l’Espagnol aborde le rendez-vous avec moins de certitudes que jamais. Pour la première fois de sa carrière, il débarque sur le Grand Chelem parisien sans avoir remporté le moindre titre en Europe sur terre battue. Vainqueur sur l’ocre de Buenos Aires en début d’année (son seul tournoi remporté depuis Roland-Garros 2014), Nadal a raté sa tournée des grands ducs de la terre battue : défaites en demi-finale à Monte-Carlo (Novak Djokovic), en huitième à Barcelone (Fabio Fognini, qui l’avait aussi battu en demie sur l’ocre de Rio en février), en finale à Madrid (Andy Murray) et en quart à Rome (Stan Wawrinka). Quatre adversaires différents pour quatre revers qui racontent un Rafa plus friable sur sa surface fétiche et forcément en plein doute.
Au point de l’enterrer avant l’heure ? On ne ferait pas cette erreur. La bête a déjà montré sa capacité à se réveiller au bon moment. Et il faudra aller la chercher, à Roland. « Il a moins de confiance et joue plus court, explique le Français Julien Benneteau. Les autres le jouent mieux tactiquement et ont moins peur de l’agresser. Mais le battre en cinq sets à Roland-Garros reste compliqué. C’est comme aller jouer les All Blacks chez eux en rugby. » Reste un écueil : pour la première fois depuis 2005, Nadal débutera le tournoi en dehors du top 4 mondial (7e). De quoi lui réserver un possible quart contre Djokovic, Murray ou Federer. On en saura alors beaucoup plus.
Et les Français dans tout ça ?
Aucun joueur tricolore en huitième de finale à Rome. La chose est inédite depuis 2008. Inquiétant ? A quelques jours de Roland-Garros, forcément. Moins si l’on s’en réfère au passé. En 2008, justement, le fiasco romain n’avait pas empêché Gaël Monfils de se hisser en demi-finale porte d’Auteuil. Aucun doute, le Grand Chelem parisien galvanise les enfants du pays. Il le faudra vu l’état de forme des troupes. Le bilan sur terre battue de nos quatre meilleurs joueurs ? 4 victoires-3 défaites pour Gilles Simon (12e mondial). 5-4 pour Jo-Wilfried Tsonga (14e). 7-3 pour Gaël Monfils (15e), qui aura tout de même accroché Roger Federer à son tableau de chasse à Monte-Carlo. 7-2 pour Richard Gasquet (21e), le seul qui peut se targuer d’avoir remporté un tournoi sur la surface cette année (Estoril). Au-delà des chiffres, il y a aussi les impressions. Un Simon en manque de repères. Un Tsonga à la recherche de son tennis. Un Monfils pas épargné par son physique. Pour en voir un aller loin à Roland, il faudra autre chose. Mais impossible n’est pas français, non ?