
Roland-Garros: la mise au point de Forget sur les balles de la discorde
Rafael Nadal a allumé le feu avant même le début du tournoi de Roland-Garros. "Les balles sont super lourdes, plus lentes, différentes de l'année dernière, a fustigé l'Espagnol, 12 fois vainqueur du tournoi parisien. À mon avis, ce ne sont pas de bonnes balles pour la terre battue, c'est mon sentiment." Une vision partagée par Novak Djokovic quelques heures plus tard: "Je suis d'accord, les balles sont lourdes. Nous sommes en octobre, il fait très froid et la terre battue est lourde et humide. Les conditions générales affectent également la nature de la balle elle-même."
Roland-Garros a signé un nouveau contrat l'an dernier avec Wilson, la célèbre marque américaine présente depuis 40 ans à l'US Open, pour la période 2020-2024, après avoir collaboré avec Babolat depuis 2011. Babolat, qui accompagne... Nadal, depuis près d'un quart de siècle. La levée de boucliers a forcé Guy Forget à convoquer la presse. Pas à reculons: le directeur du tournoi avoue préférer parler du toit, de la terre battue et donc des balles, que de tests PCR, masques et autres gels hydroalcooliques. Et il a balayé un à un les reproches.
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Sock, incapable de faire la différence
"Le process a commencé il a un an, a détaillé Guy Forget. Nous sommes partis de plusieurs balles, cinq je crois, qui ont été au fil des essais changées, améliorées, modifiées pour respecter nos critères." Et les critères de la fédération internationale de tennis sont très stricts: un diamètre à respecter (entre 6,54 et 6,86 cm), un poids (entre 56 et 59,4 grammes), un rebond (entre 138 et 151 cm), une usure... Peu de place est laissée à l'improvisation.
La balle choisie a ensuite été testée sur plusieurs tournois et surtout, envoyée à de nombreux joueurs et joueuses. Personne ne partait dans l'inconnu. Nadal a par exemple reçu quatre cartons à son académie. "Je me suis déjà entraîné avec ces balles à Majorque avant mon retour, avouait le n°2 mondial. Et à Majorque, dans des conditions chaudes, les balles sont lentes. Je le savais avant de venir, donc pas de problème."
Et ce sont sûrement les conditions de jeu, les vraies coupables. Une température basse, humide, une terre grasse, lourde: le feutre des balles se charge en terre et "la balle perd 20% de vitesse et de rebond", estime Guy Forget. N'importe quelle balle au monde serait dans le même cas. Le directeur du tournoi fait le parallèle avec le foot et les courses hippiques: "La surface est vivante, il faut que les joueurs s'adaptent".
Forget renvoie la balle à Nadal
C'est ce qu'ont fait Petra Kvitova et Jack Sock par exemple, appelés à se prononcer eux aussi sur les balles de la discorde. "Avec les nouvelles balles, il n'y a pas de problème, a expliqué la Tchèque, qui travaille avec Wilson. Quand elles sont neuves, elles volent bien. Dans ces conditions, elles vont grossir un peu, raison pour laquelle j'ai changé la tension de mon cordage."
L'Américain, lui, n'y voit que du feu: "Moi, je pense que je ne pourrais pas vous dire laquelle, entre deux balles, est plus légère. Je me contente de jouer, je ne me prends pas la tête". Des joueurs comme Djokovic sont venus plus tôt à Paris pour s'adapter aux balles et aux conditions bien différentes en plein mois de septembre. "Les joueurs vont tous avoir un avis différent, sourit Forget. Mais moi, en tant que directeur du tournoi et ancien joueur, je n'ai aucun doute sur la qualité de cette balle qui est une bonne balle."
Nadal avait aussi évoqué le risque de blessure dans une autre diatribe: "Je pense que l'organisation devra voir ce qu'il en est pour les deux années à venir et pour la santé des joueurs. Avec une balle super lourde, c'est dangereux pour les épaules et les coudes des joueurs". Là-encore, Guy Forget avait préparé sa réponse: "Les blessures sont plutôt dues aux cordages en polyesters, avec des tensions très élevées". Le roi de Roland a parlé, le maître des lieux a rectifié.