
Roland-Garros: intelligence de jeu, bac, Riner supporter… à la découverte de Luca Van Assche
Les bras levés, le poing serré vers son clan. Luca Van Assche vient de s’imposer contre son compatriote et pote Arthur Fils en finale de Roland-Garros, chez les juniors. Pas d’explosion de joie, un bonheur contenu. "C’est son meilleur match, il a été bon du début à la fin, nous raconte un de ses entraîneurs, Maxime Teixeira. C’est le match avec le plus d’enjeu, le plus de pression et c’est celui qu’il a le mieux géré. Il a su gérer ses émotions dans le moment le plus dur."
"C’est un gamin vraiment intelligent, il est dans la construction des points"
Pourtant, Luca Van Assche n’était pas le favori du tournoi. Tête de série n°13, il n’a pas perdu un set de la compétition. C’est lui, des quatre Français en demi-finales, qui a triomphé. "Il n’a pas tout à fait le même gabarit que les autres (Giovanni Mpetshi Perricard fait 2m, 1m75 pour Van Assche), continue Teixeira. Il est plus petit, un peu moins puissant donc il faut qu’il joue sur d’autres aspects, sur la tactique, mais c’est vrai qu’il est très intelligent, ça aide vachement. Il comprend très vite ce qu’on lui demande et il est capable de le faire."
Sur le court, cette intelligence de jeu se remarque immédiatement. Variations, angles trouvés, prise de balle tôt... Et une belle vélocité. "C’est un gamin vraiment intelligent. Il est dans la construction des points, explique Olivier Soulès, responsable 8-21 ans garçons et filles à la Fédération française de tennis. Il est beaucoup plus réfléchi. Il a la science du jeu, les zones à jouer. Les incontournables du jeu, il les a. Par contre, il doit réussir à se tempérer. Il faut qu’il arrive à prendre du recul et à ne pas trop s’exciter. Sinon, son niveau de jeu baisse trop."
"J'ai le bac de philo lundi à 8 heures"
Un grand tempérament mais la tête sur les épaules. Son clan sait qu’il ne faut pas s’enflammer après cette victoire, que le chemin est long. Tout n’est pas misé sur le tennis. "Tout est mis en place autour de lui, derrière nous, explique Maxime Teixeira. C’est une famille de quatre enfants, les parents gèrent très bien derrière, ils nous font confiance à 100% sur le projet. (…) Ça continue pour les études pour lui, ses parents ne le lâchent pas là-dessus. Et lui est très rigoureux dans tout ce qu’il fait, le tennis ou les études."
Après une finale de Grand Chelem, une autre épreuve se présente à lui. "J'ai le bac de philo lundi à 8 heures, sourit Luca Van Assche. Je pense que cela va bien se passer, j'espère. Ensuite, j'aurai le grand oral la semaine d'après. C'est pour terminer ma scolarité au lycée. Mes parents poussent pour que je continue. Ce n'est pas une option d'arrêter l'école à 17 ans. Ma carrière vient tout juste de commencer. On ne sait pas ce que je vais faire après. Je vais donc continuer. L'année prochaine, je vais dans une université, mais on va trouver un arrangement pour ne pas y aller tous les jours, car ce n'est pas possible de continuer ma carrière tennistique et ma scolarité."
Teddy Riner présent pour l’encourager et le féliciter
Le jeune homme est né en Belgique, a des origines italiennes, son prénom se prononce "Louca". Van Assche est actuellement licencié au TC16. Autour de lui, un projet stable. En plus de ses parents, de ses entraîneurs Maxime Teixeira et Yannick Quere, il fait partie d’une autre structure: T & T Global Management, fondé par Teddy Riner et Tony Parker. Une agence de soutien et d'accompagnement pour les sportifs de haut niveau dans plusieurs domaines: financier, vie quotidienne et aide mentale. Le double champion olympique de judo était d’ailleurs au bord du court ce samedi. Il est venu le féliciter en fin de match. "Il m'a envoyé un message hier (vendredi) pour savoir si cela ne me dérangeait pas qu'il vienne, rigole Luca Van Assche. Je leur parle souvent par messages. Ce sont deux immenses champions. Ils peuvent beaucoup m'apporter sur l'aspect mental, comment ils ont su gérer certaines choses. J'espère que je pourrai continuer à collaborer avec eux pour les prochaines années."
Les prochaines années, justement, c’est ce passage si difficile entre les juniors et les seniors. Là aussi, Luca Van Assche ne s’enflamme pas. "J'ai de supers entraîneurs, qui me connaissent très bien et qui connaissent le haut niveau. Ils savent exactement ce que je dois faire. Je sais aussi que c'est exceptionnel de gagner un Grand Chelem juniors. Je suis hyper content et fier de moi. Je sais que ce n'est qu'une étape."