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Roland-Garros: Iga Swiatek, la nouvelle pépite, entre sérénité et rock'n roll

Douée, insouciante, elle va jouer sa première finale de Grand Chelem. Iga Swiatek, la Polonaise a tout écrasé sur son passage à Roland-Garros. Il ne lui reste qu’une marche à gravir face à Sofia Kenin pour remporter son premier titre majeur. Portrait de celle qui pourrait devenir la plus jeune gagnante du tournoi parisien depuis Monica Seles.

Aucun set concédé, 23 jeux perdus sur son parcours soit moins de deux par set en moyenne. Pourtant Iga Swiatek n’a que 19 ans. Née le 31 mai 2001 à Varsovie, Swiatek est une fille de sportif. Son père Tomasz Swiatek est un ancien rameur, il a participé aux Jeux olympiques de Séoul en 1988. "Elle est naturellement forte physiquement, nous raconte le journaliste de la radio Polonaise Polskie Radio Cezary Gurjew, elle est grande (1m76), elle est athlétique et en plus elle travaille dur. On l’attendait peut-être l’année prochaine, mais là nous sommes très surpris par son niveau de jeu. C’est impressionnant ce qu’elle réalise."

La jeune Iga débute le tennis au Legia Varsovie, club célèbre pour son équipe de football en Pologne. Le même que la dernière finaliste polonaise à Roland-Garros en 1939: Jadwiga Jędrzejowska. Elle fait même une apparition sur la pelouse du Stade du Maréchal Józef Piłsudski après son titre junior à Wimbledon en 2018 en marge de la première journée du championnat polonais. 

Une grave blessure à la cheville puis le titre à Wimbledon junior

En 2016, elle dispute son premier tournoi professionnel à Stockholm sur le circuit ITF (deuxième division du tennis) à seulement 15 ans. L’organisation l’invite à participer aux qualifications. Elle remporte le tournoi. La même année en juniors, à 15 ans, elle est en quart de finale de Roland-Garros, huit mois plus tard se hisse finale du double à l’Open d’Australie. En 2017 elle est à nouveau en quart de finale de Roland-Garros juniors puis se blesse gravement. Les ligaments de la cheville droite sont touchés, elle se fait opérer et est éloignée des courts pendant 7 mois.

Elle revient pour Wimbledon juniors 2018, sans trop de repères. Elle remporte le tournoi. "C'était merveilleux, bien qu'un peu surprenant, que je remporte mon premier Grand Chelem ici, explique Iga Swiatek en 2019. Je savais que mon équipe croyait en moi, il fallait que je croie en moi." Cette victoire constitue un déclic. En 2019, premier tournoi du Grand Chelem chez les grands, 2020 première finale de majeur à Roland-Garros.

Une psychologue la suit sur les tournois

Iga Swiatek, c’est aussi une personnalité, un sourire sur le court. "Elle vit les choses plus spontanément et avec plus de fraîcheur, décrit Amélie Mauresmo. C’est agréable de voir une fille comme ça. Ce n’est pas une star, elle est inconnue du grand public, elle apporte autre chose. Elle gère le truc d’une façon assez surprenante. Elle répond toujours présente." Une insouciance peut être liée à son âge mais pas seulement. C’est un gros travail au quotidien pour gérer ses émotions, chose qu’elle n’a pas toujours réussi à faire dans sa jeune carrière. Une psychologue l’a suite toute l’année sur le circuit. "Je crois qu'il n'y a pas beaucoup de personnes qui parlent de psychologie au tennis. C'est vrai que j’ai Daria (Daria Abramowicz) dans mon équipe depuis trois ans, explique Swiatek. Je crois que le mental, c'est sûrement l'une des choses qui comptent le plus dans le tennis, parce que tout le monde peut sortir un très haut niveau de tennis. Mais celles qui sont costauds mentalement, peuvent mieux gérer la pression, et ce sont les meilleures joueuses. J'ai toujours voulu évoluer dans ce sens. Daria est la meilleure pour moi, parce qu'elle me comprend de A à Z."

Gun’s and Roses dans les oreilles pour rentrer sur le court

Calme et sereine sur le court, Iga Swiatek est plus rock’n’roll dans la vie surtout dans ses choix musicaux, surprenant peut-être pour une fille de 19 ans: Pearl Jam, Red Hot Chilli Peppers, Pink Floyd, AC/DC. Et à Roland-Garros, quand elle pénètre dans l’arène, c’est toujours avec le casque sur les oreilles. "Avant le match, j'étais un peu endormie (son quart de finale face à Martina Trevisan remporté 6-3, 6-1) avant d'arriver sur le court donc comme d'habitude j'ai écouté Gun n'Roses ‘Welcome to the jungle’ car je souhaitais m'en remettre à ma routine. Je voulais écouter autre chose car j'en ai marre d'écouter la même chanson tous les jours (rires), mais encore une fois, j'ai écouté cette chanson des Gun n'Roses car je voulais gagner." 

Et son modèle dans tout cela? Rafael Nadal sans hésiter. "C’est le seul joueur que je regardais à la télévision quand j’étais petite. C’est mon joueur préféré", confie-t-elle. Un chemin à suivre puisque l’Espagnol joue ce dimanche pour son 13e titre. Iga Swiatek, elle, pourrait rapporter à la Pologne le premier titre du Grand Chelem de son histoire. "Cela pourrait être une folie en Pologne, nous explique Cezary Gurjew. On l’attend ce titre, Agnieszka Radwanska n’était pas loin en 2012 avec sa finale à Wimbledon. On en parle beaucoup ici dans la presse, à la télévision et même dans la rue. Si elle gagne, ça aurait pu donner un grand rassemblement pour l’accueillir à Varsovie, comme Simona Halep à Bucarest en 2018, mais avec la pandémie, ce sera compliqué."

Ilias Grandjean