
Pourquoi maintenir Roland-Garros est capital pour le tennis français
Les Ligues et comités dépendent de Roland-Garros
En 2019, Roland-Garros parisien a représenté 260 millions d’euros de chiffre d’affaires sur 325 millions de budget total annuel pour la FFT. Un produit indispensable à la bonne santé du tennis en France qui a permis entre autres à la Fédération de dégager une marge brut d’autofinancement de 100 millions d’euros l’année passée. C’est de ce budget que provient la si précieuse "Dotation fédérale globale" (23 millions d’euros en 2019), autrement dit la subvention poumon des Ligues régionales. La "DFG" représente environ 50% de leur budget en moyenne, et parfois cela va même jusqu’à 65%. Elle est donc inhérente à leur survie. Roland-Garros l’est d’autant plus. Au sein de la Ligue Occitanie (90.000 licenciés), c’est un peu moins de 2 millions d’euros sur un budget total de 4 millions d’euros. Si la saison blanche se confirme et que le tournoi ne peut pas avoir lieu, "les conséquences économiques pour le tennis fédéral peuvent être lourdes" selon un dirigeant de ligue qui "va devoir faire face à de gros problèmes financiers. On sera peut-être obligé à terme de réduire les effectifs si on ne peut pas faire face". Pour Lionel Ollinger, président de la Ligue Grand-Est "si Roland-Garros a lieu en 2020, cela peut permettre d’éviter un coup d’arrêt, de toute façon il y aura des conséquences quoiqu’il arrive. S’il faut se serrer la ceinture dans les ligues pendant un an, on le fera".
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Pour 2020, malgré la pandémie de coronavirus, tous les versements de subvention ont été effectués à ce jour. Point positif de la période sur le plan financier: le chômage partiel mis en place par l’Etat va permettre à terme aux Ligues et comités départementaux de faire des économies sur leur trésorerie.
En cas d’annulation, un prêt bancaire est envisagé
Le coût total des travaux de rénovation du stade de Roland-Garros s’élève à 380 millions d’euros. Une enveloppe totalement financée par des fonds privés: les fonds propres de la FFT et un emprunt bancaire à hauteur de 160 millions d’euros. Or, "Si Roland-Garros n’a pas lieu 80% de produits disparaissent et c’est aussi un grand manque à gagner pour le financement de tout le tennis français", explique Lionel Maltèse, membre du comité exécutif de la FFT en charge du développement économique. En haut lieu à la Fédération, de nombreux schémas sont à l’étude, la deuxième révision du budget annuel est en cours, et la sérénité est pour l’instant de mise: "s’il n’y a pas d’édition 2020, grâce à la bonne gestion de ces dernières décennies, la fédération est solide (15 millions d’euros d’excédent en 2019). Néanmoins il va falloir faire face à d’éventuelles diminutions de revenus entre maintenant et le premier trimestre 2021. Pour faire face à ces engagements, la Fédération souscrira un emprunt si nécessaire, déjà négocié avec nos partenaires bancaires qui aideront la fédération à passer ce cap", précise Hughes Cavallin, trésorier général de la FFT.
Lueur d’espoir: si Roland-Garros n’a pas lieu en septembre, ce sera une économie de 50 millions d’euros de prize money. Dès 2021, le Grand Chelem parisien évoluera dans sa nouvelle forme définitive puisque les travaux de rénovation du stade seront terminés. Ce qui permettra d’envisager une croissance des recettes. D’ici là il faudra probablement faire le dos rond.