RMC Sport

La méthode Gil pour Verdasco

Fernando Verdasco, demi-finaliste à Melbourne, confirme les progrès effectués depuis qu’il s’entraine avec l’ancien gourou d’André Agassi, Gil Reyes. Portrait d’un entraîneur atypique.

Une malencontreuse erreur de retranscription nous a fait écrire que Verdasco avait joué deux 1/4 de finale en 2008. C'étaient en fait deux quatrièmes tours (1/8e de finale) à Roland Garros et Wimbledon.

Sa grande carcasse ne passe pas inaperçue en ce mois de juin 99 dans les travées de Roland Garros. Déménageur, garde du corps ou troisième ligne centre ? Non, Gil Reyes, gourou atypique, adoubé par André Agassi et guidé par une foi divine « même s’il est difficile d’aller à l’église car je voyage beaucoup. »
Le Kid de Vegas lui doit tout. Agassi court après un premier sacre Porte d’Auteuil depuis deux finales perdues en 90 et 91. Roland Garros devient sa mission. Sa maison. Proches depuis des années, Agassi réchauffe une relation parfois tendancieuse avec son pote de Vegas. Reyes s’immisce alors au cœur du clan tripartite formé par le joueur, Steffi Graf, sa future épouse et Brad Gilbert, son coach d’alors. Sans bruit. Un an plus tard, Reyes propulse Agassi au sommet à Roland Garros, seul tournoi du Grand Chelem qui manquait au palmarès de son poulain…
Le natif de San Miguel, petite bourgade nichée au cœur du Nouveau Mexique, se frotte les mains. Jusque là dans l’ombre du Kid, les médias s’intéressent à lui et Vegas lui ouvre ses portes. Pour remercier Reyes, André Agassi lui offre une « petite » demeure de quelques centaines de mètres carrés à deux pas du Strip. Il croit rêver. Lui, l’ancien prof de gym pour yankees gavés de fast-food et élevés au slim-fast, n’en demandait pas tant : « Je dois tout à ma mère Alicia. Elle nous a élevés, moi et mes huit frères et sœurs. On n’était pas riche, avoue-t-il. Mon premier amour était le basket, en NCAA, à l’université du Nevada. Et puis il y eut le tennis… »

« Absorption de cachets »

Au royaume de la fonte, Reyes est roi. Il le sait. Et n’abuse pas. Pour l’instant. Aux Etats-Unis, des millions de pilules sont en vente libre. Les Américains en raffolent. Alors, s’il n’a jamais été prouvé que les performances d’André Agassi et Fernando Verdasco s’achètent en pharmacie, la personnalité de Gil Reyes détonne dans le monde aseptisé de l’ATP Tour. Une méthode musclée basée « sur le physique et l’absorption de cachets », reconnaît l’Espagnol lui-même. Reste à faire le bon choix, comme dans « Matrix »…
Fernando Verdasco a eu la bonne idée de décoller en 2008 avec un record perso de 47 victoires au compteur et deux quatrièmes tours (1/8e de finale) à Roland Garros et Wimbledon qui lui permettent de conclure l’année dans le top 20 mondial pour la première fois de sa carrière. On ne peut pas faire plus disparate pour dissiper les doutes. La méthode Reyes a sans doute de beaux jours devant elle.

La rédaction - Christophe Couvrat