RMC Sport

Open d’Australie: malaises de joueurs et polémiques à cause de la fumée des incendies

Malgré un air chargé par les fumées de incendies, les organisateurs de l’Open d’Australie ont maintenu les matchs de qualification, provoquant des malaises et des difficultés respiratoires chez les joueurs. Qui dénoncent ces conditions.

Il ne fait pas bon mettre un homme dehors, ce mardi à Melbourne. Le ciel s’est chargé des fumées des incendies qui ravagent l'Australie depuis de longues semaines pour virer au noir. Au point que les autorités ont conseillé aux habitants de la ville d’éviter les sorties, la qualité de l’air étant qualifiée de "très mauvaise pour la santé".

Dans ce contexte, les organisateurs de l’Open d’Australie ont suspendu provisoirement les sessions d’entraînement programmées à 11h du matin (1h, heure française) et qui concernaient les joueurs des tableaux principaux comme Alexander Zverev, David Goffin, Rafael Nadal ou Stefanos Tsitsipas. 

Dans leur communiqué, les organisateurs ont en revanche maintenu les matchs du premier tour des qualifications en assurant que les conditions s’amélioraient. La suite leur a donné tort. La joueuse slovène, Dalila Jakupovic, a ainsi abandonné lors de son match face à la Suissesse Stefanie Voegele alors qu’elle menait au score (6-4, 5-6). Au moment de servir, elle s’est pliée en deux, prise de spasmes et d’une quinte de toux qui l’ont contrainte à renoncer. 

"Je ne pouvais plus marcher"

"Je n'ai jamais vécu comme ça et j'avais vraiment peur, a-t-elle confié après avoir retrouvé ses esprits. J'avais peur de m'effondrer. Voilà pourquoi je suis allée sur le sol. Parce que je ne pouvais plus marcher. Je n'ai jamais eu d'asthme auparavant. Je pense que ce n'était pas juste parce que ce n'est pas sain pour nous. Je pensais que nous ne jouerions pas aujourd'hui. Nous n'avons pas vraiment le choix. Si nous n'allons pas sur le terrain, nous pouvons recevoir une amende. Il aurait peut-être été préférable d'attendre pour voir si demain est meilleur. Ils ont encore du temps, rien ne presse."

Un ramasseur de balle s'écroule

Quelques heures plus tard, un ramasseur de balle, gêné par l’air irrespirable et la chaleur étouffante, s’est écroulé sur le court lors du match entre le Slovène Blaz Kavcic et le Britannique Jay Clarke. Aidé par les joueurs, il a été évacué du court. 

D’autres joueurs ont fait part de leur difficulté à jouer comme la Canadienne Eugenie Bouchard ou l’Australien Bernard Tomic, qui a demandé un temps mort médical afin de reprendre son souffle. Le Britannique Liam Broady a aussi tiré la sonnette d’alarme et fustigé la différence de traitement entre les joueurs des qualifications et les stars, qui ont reçu le mot d’ordre de ne prendre aucun risque à l’entraînement à six jours de l’ouverture du premier Grand Chelem de l’année (20 janvier au 2 février). 

"À 6-3, 3-0, quand vous êtes censé être relativement frais, j'étais plié en deux et à bout de souffle, a-t-il témoigné. Ma forme physique est l'une des forces de mon jeu, mais je ne me sentais vraiment pas bien. Je me suis échauffé, puis j'ai été très surpris de voir à quel point c'était encore mauvais quand je suis arrivé sur le court. J’étais enfermé depuis trois heures et, comme ils ont décidé d’y aller, je pensais que le ciel s’était éclairci mais on pouvait à peine voir les bâtiments de la ville. Personnellement, je ne pense pas que les qualifiés soient traités de la même manière que les joueurs du tableau principal."

Il a été rejoint dans son combat par des joueurs aux noms plus connus qui ont inondé les réseaux sociaux de messages d’alerte comme le Français Gilles Simon qui a publié un message cinglant contre les organisateurs. "Quand on trouve des médecins qui affirment que jouer par 45 degrés n’est pas dangereux à l’Australian Open et des juges arbitres qui affirment que l’herbe mouillée n’est pas glissante à Wimbledon, on doit bien pouvoir trouver un expert qui certifie que la qualité de l’air est suffisante non?" Elina Svitolina, 5e joueuse mondiale, a également invité à prendre des décisions avant que "quelque chose de mauvais n’arrive". D’autres joueurs ont relayé, interloqués, des photos des nuages noirs planant au-dessus de Melbourne. 

De quoi diriger les regards vers les organisateurs qui refusent d’envisager l’annulation du Grand Chelem. Les raisons financières sont évidentes mais la pression monte d’autant que Novak Djokovic avait émis la possibilité, la semaine dernière, de reporter le tournoi. Face à la grogne, Craig Tiley, directeur du tournoi, a tenté de calmer les choses en invoquant la nouveauté de cette situation.

"C'est nouveau pour nous tous", se défend le directeur du tournoi

"C'est nouveau pour nous tous, a-t-il déclaré Tiley. Nous suivons les conseils d'experts médicaux et de spécialistes de l'environnement. La santé et le bien-être des joueurs, des fans et du personnel sont essentiels aux décisions que nous prenons. Ce matin, lorsque nous nous sommes levés, la brume de fumée était importante. Sur la base de ces conseils, nous avons décidé de suspendre les entraînements et de commencer les matches de qualification une heure plus tard que prévu à l'origine."

Les organisateurs espèrent désormais une baisse des températures et un changement de direction du vent. Ils ne sont pas les seuls impactés. A quelques kilomètres de Melbourne Park, un autre tournoi de tennis se joue malgré les conditions irrespirables. Ce mardi, Maria Sharapova a imploré la juge-arbitre de mettre un terme à son match au Kooyong Classic, un tournoi exhibition en banlieue de Melbourne. En accord avec son adversaire, Laura Siegemund, elles ont décidé d'arrêter leur match à 7-6, 5-5 pour l'Allemande, déclarée vainqueur.

NC