
Open d’Australie: Kyrgios-Nadal, ça va encore être chaud
Les rapports entre ces deux joueurs que tout oppose sont historiquement conflictuels. Rafael Nadal, dont la féroce combativité masque à peine une profonde sensibilité, apprécie moyennement la personnalité du tempétueux joueur australien Nick Kyrgios, guidé sur le terrain par la fougue et son instinct. L’année 2019 a été émaillée par de nombreux épisodes de tension entre les deux hommes. Tout a commencé à la fin du mois de février, à Acapulco (Mexique). Rafael Nadal avait fustigé l’attitude désinvolte de son adversaire après que celui-ci l’avait battu. "Il manque un peu de respect envers le public, son adversaire et lui-même, c'est ce qu'il doit améliorer", expliquait l’Espagnol, qui marche souvent sur des oeufs lorsqu’il s’agit d’évoquer un joueur qui ne cesse de le provoquer.
"Je ne pense pas que ce soit un méchant, pas du tout, je pense que c'est un bon garçon, ajoutait le Majorquin. C'est un joueur avec un talent énorme, il pourrait gagner un Grand Chelem et se battre pour les premières places du classement, mais il est ce qu'il est." Rafael Nadal ne croyait pas si bien dire. Quelques mois plus tard, dans une longue interview pour le NCR Tennis Podcast, en plein Masters 1000 de Rome, l’Australien réglait ses comptes avec certains joueurs du circuit ATP, dont l'Espagnol: "C’est mon exact opposé. Quand il gagne, tout va bien, il ne critique pas l’adversaire. Mais dès que je le bats, il dit: il n’a pas de respect pour moi, pour mes fans, pour le jeu. Je suis la même personne que quand je t’ai battu deux mois avant ou quand tu m’as battu. Rien n’a changé."
Kyrgios: "Nadal est mon exact opposé"
"Je ne serai jamais comme Nadal, on est trop différents, il faut juste l’accepter", disait-il encore pour débuter une folle semaine qu’il allait achever avec autant de vigueur, dans un grand fracas. Contre le Norvégien Casper Ruud, un jet de chaises et une auto-disqualification hallucinante lui coûtaient une amende. Mais son histoire avec Rafael Nadal n’en était qu’à ses balbutiements. Les deux hommes se retrouvaient pour un duel explosif à Wimbledon. Vainqueur en quatre sets (6-3, 3-6, 7-6, 7-6) de l’Australien, Nadal profitait de l’occasion qui lui était donnée en conférence de presse pour fustiger l’attitude de son adversaire, concernant notamment un geste en particulier, qui aurait pu lui faire très mal, au huitième jeu du troisième set.
Nick Kyrgios avait envoyé un énorme coup droit à pleine vitesse en direction de son adversaire. Un réflexe incroyable permit à l’Espagnol d’esquiver. "Quand il frappe la balle comme ça, c’est dangereux. Pas que pour moi. C’est dangereux pour un juge de ligne, pour la foule", réagissait Nadal. Kyrgios, lui, assumait: "Je l’ai visé, ouais. Je voulais vraiment le viser en plein dans la poitrine. Pourquoi je m’excuserais ? Combien a-t-il gagné de Grands Chelems, combien d’argent a-t-il sur son compte ? Je pense qu’il peut prendre une balle dans la poitrine, mec. Je ne vais pas m’excuser auprès de lui." Cette année, à l’Open d’Australie, Nick Kyrgios donne le sentiment qu’il s’est recentré sur lui-même, son tennis, convaincu qu’il a tout ce qu’il faut dans sa raquette et dans sa tête pour battre les meilleurs.
Nadal: "Je n’aime pas quand il fait ses 'trucs'"
Comme face à Gilles Simon au tour précédent, Kyrgios a montré toute l’étendue de son talent face à Khachanov ce samedi (6-2, 7-6, 6-7, 6-7, 7-6), avec 93 coups gagnants, 33 aces et 50 montées au filet réussies sur 71, tout en mettant son mental à l’épreuve. Il semble avoir franchi un palier intéressant en se qualifiant pour les huitièmes de finale de son tournoi du Grand Chelem, chez lui à Melbourne (en réalité, il est né à Canberra). Face à Rafael Nadal, Nick Kyrgios a l’occasion de frapper un grand coup, et de basculer définitivement dans la cour des grands. En prévision de ce match qui s’annonce tout aussi bouillant que leurs affrontements précédents, Rafael Nadal s’est bien gardé de souffler sur les braises. Il n’en a pas moins dit ce qu’il pensait de son prochain adversaire.
"Je ne le connais pas personnellement, honnêtement, pour avoir une opinion claire, a paru éluder Rafael Nadal, au moins dans un premier temps. Oui, il est préférable que je …(il enchaîne) Il est clair, bien sûr, que je n’aime pas quand il fait ses 'trucs'. Quand il joue bien au tennis et qu’il montre de la passion pour ce jeu, il fait du bien au circuit, et je le veux plus grand, pas plus petit. Les joueurs qui rendent le circuit meilleur sont tous importants. Quand il est prêt à jouer son meilleur tennis, avec passion, il est l’un d'entre eux. Quand il fait autre chose, bien sûr, je n'aime pas."