RMC Sport

Open d'Australie: Jabeur, "la meuf qui a mis à la retraite Wozniacki"

Très forte chez les juniors, la Tunisienne Ons Jabeur a mis du temps à s’épanouir. Victorieuse de Caroline Wozniacki à l'Open d'Australie, elle est la première joueuse arabe à se qualifier en huitièmes de finale d’un tournoi du Grand Chelem.

Certains cafés à Tunis étaient ouverts à trois heures du matin pour suivre la rencontre de l’enfant prodige Ons Jabeur. La Tunisienne, 78e mondiale, a remporté l’une des plus belles victoires de sa carrière face à Caroline Wozniacki (7-5, 3-6, 7-5), ce vendredi au 3e tour de l'Open d'Australie. Un match en forme de point final pour la Danoise, qui avait annoncé sa retraite à l'issue du tournoi.

"Je rentre dans l’histoire, je suis la meuf qui a mis à la retraite Caroline Wozniacki", lâche la Tunisienne. Elle aurait pu ajouter "c’est ouf", mais Ons Jabeur s’est retenue sur son petit nuage. Elle est la première joueuse arabe à se hisser en huitièmes de finale d’un Grand Chelem. A 25 ans, Jabeur tardait à confirmer son potentiel. Très forte chez les juniors - elle avait gagné Roland-Garros en 2011 - , elle s’était perdue un peu en route.

Jabeur: "J'espère inspirer les jeunes"

Elle luttait avec un certain embonpoint. Mais depuis quelques mois, elle s’est astreinte à un gros travail physique. Et comme elle possède un bras fantastique et un toucher de balle unique dans le tennis féminin - ses amorties sont redoutables - , elle récolte les fruits. Et elle en est fière.

"J’espère vraiment inspirer les jeunes pour qu’ils en arrivent là, a-t-elle déclaré. Je pense que mes résultats donnent espoir à des jeunes. Ils peuvent se dire que c’est une mission un peu impossible mais finalement non ! Je ne dirais pas que j’avais des moyens de ouf. J’ai commencé à trois ans. Le truc, c’est que j’ai été formée en Tunisie."

Andy Roddick, son idole de jeunesse

Ons Jabeur a conscience d’être un symbole pour les femmes musulmanes. "C’est très important, dit-elle. Je dois prendre ma responsabilité, je dois montrer l’exemple. Ça doit envoyer un très bon message. Toute la Tunisie est derrière moi, tout le monde arabe aussi. En gagnant Roland-Garros en 2011, le nombre de licenciés dans les clubs avait été multiplié par 5 ou 10. Et quand je vois comment les enfants se jettent sur moi, c’est énorme."

Elle rêvait de se mesurer à Serena Williams. Mais l’Américaine a chuté contre la Chinoise Qiang Wang. L’affiche ne sera sûrement pas assez séduisante pour mériter la Rod Laver Arena. Mais elle n’est plus à un défi près… Rejoindre dans l’histoire Younes El Aynaoui, dernier quart-de-finaliste maghrébin en 2003. Le Marocain avait été battu par Andy Roddick, l’idole de jeunesse… d’Ons Jabeur.

Eric Salliot