
Open d’Australie: coups de gueule, punchlines et haters... les vérités de Benoît Paire
Pour la deuxième fois de sa carrière, Benoît Paire est tête de série à l’Open d’Australie. Sa première "protection", en 2016, avait été un bide retentissant. Le Français avait perdu face au modeste Noah Rubin, alors 328e mondial. Fou de rage après sa prestation, l’Avignonnais avait lâché une sentence irrévocable en conférence de presse: "Le mec n’est même pas bon, il ne sera jamais 150e mondial." Un pronostic légèrement erroné car l’Américain, aujourd’hui 250e à l’ATP, présente un best ranking à 125…
Mais ce match résume Benoît Paire, qui devient le roi des punchlines sur le circuit à la fois sur un court, en conférence de presse ou en vacances. Lors de sa demi-finale à Auckland, il a insulté un spectateur qui l’importunait en l’encourageant. ‘’Come on Benny, come on Benny… Va te faire enc… oui!", avait lâché en plein match l’Avignonnais.
"Le mec qui me dérangeait, j’ai pris une bière avec lui ensuite"
La séquence a fait un carton sur les réseaux sociaux mais le Français l’a déjà chassée de son esprit, ou presque. "Bien sûr, on montre les images mais je me suis régalé toute la semaine, assure-t-il. Au final, je n’ai jamais été autant ovationné que durant ce tournoi. Là-bas, ils boivent du vin, des bières et du Champagne toute la journée. Ils se laissent aller... L’ambiance était magnifique. On sentait que les gens étaient derrière moi. Parfois, j’aurais aimé être plus concentré."
Benoît Paire est conscient de sa starification sur les réseaux sociaux. 216.000 abonnés sur Instagram, 92.800 sur Twitter. Il a des "haters", il le sait. "Tout est amplifié, généralisé, se défend-il. Il y a des choses que je ne dois pas dire sur le court parce qu’il y a des micros à côté. Si on enlève les choses de leur contexte, on va dire qu’il a encore dérapé, qu’il a cassé des raquettes mais l’ambiance à Auckland était top. Et le mec qui me dérangeait, j’ai pris une bière avec lui ensuite. Ok, sur les réseaux sociaux, je me fais insulter. Mais dans la rue, les gens sont sympas avec moi. C’est: 'Salut Benoît, comment ça va? Santé Marion' (NDLR : référence à un sortie estivale consécutive à une altercation sur Twitter avec Marion Bartoli). On va boire un verre?"
"Je suis peut-être une espèce en voie de disparition"
Créatif sur un court, Benoît Paire l’est aussi dans ses dérapages verbaux. Au point qu’un site internet spécialisé dans le tennis (NDLR: Tennis Legend) a sauté sur l’occasion pour créer des tee-shirts qui reprennent certaines de ses expressions cultes. "Je sais qu’il y en a un sur la cha… (NDLR: son cri de détresse face à Kei Nishikori à Roland-Garros) ou 'Si je joue un peu, je lui fous 2 et 2' (NDLR : référence à une rencontre perdue face à Tommy Haas à Monte-Carlo). C’est ce que pourrait sortir un joueur lambda dans un tournoi de quatrième série. Je trouve l’idée sympa. Vous savez, je suis quelqu’un qui ne se prend pas trop la tête."
Personnalité clivante, Benoît Paire ne voit que les côtés positifs de sa sincérité. "Parlons du dernier Roland-Garros, dit-il. Quand j’ai joué sur le court 17, je n’avais jamais connu ça. C’était La Marseillaise à l’entrée. Les gens qui étaient sur ce court avaient attendu deux matches entiers pour me voir. Parfois, je vais trop loin. Je peux vous dire que je prends des amendes. Je suis peut-être une espèce en voie de disparition parce que le tennis est bridé. Les réseaux sociaux ont changé beaucoup de choses. Certains joueurs ne veulent pas que des choses sortent. Moi, si j’ai envie de boire un verre, je le montre et c’est comme ça!"
Boire un verre ou dévorer des hamburgers… Benoît Paire est cash, nature. Et il est aux portes du Top 20, on l’oublie un peu vite… Il débutera son Open d’Australie ce lundi face à l’Allemand Cedrik-Marcel Stebe.