
Marseille: Bublik, l’imprévisible qui ne jure que par l’appât du gain
Alexander Bublik est cash sur ce qui motive sa présence sur le circuit ATP: l’argent. Même s’il s’amuse à forcer le trait. "J’ai dit que j’adorais frapper dans une balle mais je ne ferais jamais ça s’il n’y avait pas de l’argent sur la table. C’est aussi simple que ça", a déclaré le Kazakh vendredi à Marseille, après sa qualification en demi-finales face à Denis Shapovalov.
Né russe, Alexander Bublik a effectué ses débuts sur le circuit ATP dans son pays d’origine, au tournoi de Saint-Pétersbourg, en 2016, l’année où il a décidé de changer de nationalité. Pour finalement devenir Kazakh. "Tout le monde doit comprendre que le changement de nationalité en sport n’est jamais gratuit. Le Kazakhstan offrait des conditions financières favorables qu’il n’aurait pas eu de sitôt s’il était resté en Russie", expliquait l’entraîneur russe Boris Sobkin à l'époque. Encore une histoire d’argent.
Et Bublik développe aujourd'hui ses arguments, qui détonnent: "Vous croyez que ça me plaît d’être sur un court avec ce genou (il appuie sur la poche de glace), sur des choses qui peuvent arriver dans votre vie privée. Mais il faut quand même aller sur le court. Après, tu perds, tu reçois des notifications de merde sur les réseaux sociaux, des journalistes te posent des questions débiles. Ça, c’est la part de ce métier que je déteste. Mais je le répète: j’aime taper dans une balle mais je ne sacrifierai jamais ma vie pour le tennis. Ce que j’aurais fait? Je ne sais pas. L’argent est là alors…"
"J'adore jouer dans des grands stades"
Assuré de s’installer dans le Top 50, Alexander Bublik explose depuis quelques mois seulement. Parce qu’il en avait peut-être marre de gâcher son talent. "Quand j’étais jeune, je galérais. En fait, j’avais tellement de talent que je pouvais gagner des matchs sans rien faire ou presque. Et c’est la raison pour laquelle aujourd’hui, à 22 ans, je ne suis pas Top 30. Parce que je n’ai pas fait le boulot nécessaire dans mes jeunes années. Chez les juniors, j’étais Top 20 en claquant des doigts. C’est ce qui fait la différence entre Stefanos Tsitsipas (son adversaire ce samedi après-midi à Marseille, ndlr) et moi. Lui s’est montré professionnel dès le début. Moi, j’ai commencé à l’être il y a six mois."
"Je suis honnête avec vous, a-t-il insisté. J’ai été Top 100 deux semaines en septembre 2017. Après, j’ai plongé (il a même été au 253e rang mondial en novembre 2018, ndlr) et je me suis mis au boulot. Peut-être pour l’argent aussi. Mais j’ai un gros ego aussi. De voir d’autres gars mieux classés que moi, bah, je me sentais un peu 'merdeux'. Et au final, j’aime ce sport. J’adore jouer dans des grands stades."
Et gagner un Grand Chelem ? "Non, ça me parait impossible maintenant. Peut-être plus tard. J’aime le poker alors, si j’ai les bonnes cartes. Trois forfaits, un abandon, deux bons matchs et ça peut suffire !" Alexander Bublik a le sens des formules et personne ne s’en plaindra.