
Coupe Davis: pourquoi jouer France-Canada aux Antilles sera compliqué

Yannick Noah - AFP
A Bercy au début du mois, Yannick Noah glissait de manière à peine voilée à la presse sa volonté de jouer outre-mer le premier tour de Coupe Davis face au Canada (4-6 mars). « Je n’ai pas de préférence affective. Ce qui m’intéresse par-dessus tout, c’est mon travail, me concentrer sur l’intérêt de l’équipe et savoir qu’elles sont les meilleures conditions pour que l’équipe de France gagne. Forcément on a pensé que jouer en extérieur sur terre battue était une très bonne chose. Et ce n’est pas facile de le faire en métropole. »
Trésorier de la Fédération française de tennis et membre du bureau fédéral, Dominique Malcotti confirme que le choix de la ville hôte de cette rencontre, qui devait se faire vendredi prochain, a été repoussé de deux semaines : « Nous avons donné quelques jours supplémentaires pour permettre aux territoires d'outre-mer de présenter un dossier, à la demande du président de la Ligue de tennis de Guadeloupe. »
L'obstacle financier
La partie est loin d'être gagnée pour Noah. « L'argent est le principal obstacle, confie Dominique Malcotti. Sans opposer une fin de non-recevoir a priori, car on étudiera la proposition de la Guadeloupe ou de la Martinique, on attend des réponses sur le financement de cette rencontre puisque d'après les chiffres, il faudra 600 à 800 000 euros en plus pour organiser la rencontre. Il faudra acheminer de la terre battue de métropole, éventuellement construire une solution de repli si jamais il se met à pleuvoir pendant trois jours. On leur demande un Palais des sports en état de fonctionner. Par exemple, lors des rencontres à Limoges, c'était la municipalité qui prenait ça à sa charge. » Autre problème : le coût de déplacement des instances : « A chaque fois que nous recevons, c'est la tradition, nous invitons le comité directeur de la Fédération. Ça me paraît difficilement envisageable pour les Antilles. »
Une question d'image
La Fédération réfléchit également aux questions d'image. « Pour ces départements, accueillir cette rencontre, évidemment ce serait bien », estime Dominique Malcotti. Mais en temps de rigueur budgétaire, le voyage aux Antilles pourrait mal passer : « En tant que membre de l'instance olympique, j'ai moi-même déjà assisté à des réunions organisées outre-mer, et cela a souvent été critiqué car on pense que les gens partent en vacances. Au moment où on demande des efforts, ce n'est pas forcément le bon message envoyé. »
Quelles solutions ?
Dominique Malcotti s'exprime à titre personnel mais en tant que trésorier de la Fédération, il estime que si les ligues d'outre-mer ne trouvent pas ce financement par leurs propres moyens, grâce aux collectivités territoriales par exemple, la FFT ne pourra pas accéder à leur demande. Une autre solution pourrait consister au reversement des recettes acquises habituellement aux joueurs. Envisageable mais pas forcément efficace. « Le prix des billets est plus ou moins élevé selon la ville dans laquelle la rencontre se tient, précise Malcotti. Les billets sont vendus plus chers à Paris ou à Roland-Garros et ils également vendus plus chers si c'est une finale. Un premier tour aux Antilles, on ne s'attend pas à des recettes faramineuses. »