
Champion : « Je suis forcé d’arrêter… »

Licencié du Team Lagardère, l'ancien coach de Julien Benneteau n'est pas désiré à la fédération - -
Thierry, votre aventure au Team Lagardère est terminée et vous n’êtes pas désiré, a priori, par la fédération française tennis. Cela signifie-t-il que vous n’avez plus la possibilité d’entraîner ?
C’est difficile en France et je ne suis pas demandeur à l’étranger. Si on ne travaille ni au Team, ni à la fédération, on peut oublier le haut niveau. Pour un entraîneur comme moi, qui souhaite avant tout travailler en France, ça paraît difficile de continuer. J’ai reçu des propositions très intéressantes financièrement à l’étranger. Mais ma vie est à Paris.
Votre carrière d’entraîneur est-elle terminée ?
Aujourd’hui, j’ai été forcé de prendre cette décision. J’aurais préféré avoir le choix d’arrêter. Mais je vais faire autre chose. J’ai envie de développer quelque chose. Je regrette simplement que depuis que j’ai pris cette décision, personne à la fédération ne soit venu vers moi pour me demander ce que j’allais devenir et quelle était ma motivation. La nouvelle équipe au sein de la fédération m’a fait comprendre que je n’étais pas le bienvenu. Je ne sais pas pourquoi. Je ne demandais pas à rentrer, mais simplement à avoir une discussion ouverte.
Etes-vous une victime collatérale de l’affaire Gasquet (Thierry Champion était présent lors de la fameuse soirée à Miami avant le contrôle positif de Gasquet à la cocaïne, NDLR) ?
Il paraît qu’il y en a toujours. Après, je ne sais pas si je suis vraiment une victime. Le Team Lagardère avait déjà décidé d’opérer plusieurs licenciements économiques. Cette histoire est arrivée au même moment. Il y a forcément eu plusieurs personnes licenciées. C’est arrivé un peu plus tard pour moi car je devais terminer mon année avec Julien Benneteau. Pourtant, je ne suis pas amer. J’ai trinqué, car ça ne m’a pas fait plaisir de voir mon nom cité dans la presse, surtout vis-à-vis de mes proches. Mais c’est passé et ce n’est plus très grave. Arnaud Lagardère avait créé ce Team. C’est son argent. Il fait ce qu’il veut. Dans notre métier, on sait que ça peut s’arrêter du jour au lendemain.
Avez-vous vraiment tendu un verre de vodka-pomme ce soir-là à Richard Gasquet, comme le prétend le joueur ?
J’étais là pour écouter mon ami Bob Sinclar. Je ne me souviens pas si j’ai donné un verre à Richard. C’est possible. A cette époque, je m’occupais de Julien Benneteau. Il avait perdu le jour-même et on rentrait en France le lendemain. J’ai décidé d’aller voir Bob Sinclar avec Rémy Barbarin (l’ancien préparateur physique de Richard Gasquet, également licencié du Team, NDLR). Je n’ai pas proposé une seule fois à Julien Benneteau de venir avec nous. Je n’amène pas mes joueurs en boîte de nuit. Ni Rémy Barbarin, ni moi, n’avons décidé d’amener Richard à cette soirée.
Comment expliquez-vous son contrôle positif à la cocaïne ?
Richard n’est pas sorti ce soir-là pour prendre de la cocaïne. Je n’y crois pas une seule seconde. Je ne sais pas s’il s’est fait piéger. Ce qui est dommage pour lui, c’est que cette histoire ait mis sa carrière en pointillé. Mais c’est un jeune joueur. Il a beaucoup de talent. Il faut espérer que sa peine ne soit pas trop lourde et qu’il puisse redémarrer l’année en janvier. Il devra être fort moralement pour se sortir ça de la tête.
Qu’est-ce qui fait que Richard Gasquet ait du mal à décoller ?
Il a peut-être besoin d’un peu plus d’autonomie. Aujourd’hui, il a 23 ans. Il doit mûrir un peu et assumer un peu plus ses propres décisions. Mais ce n’est pas mort pour lui. Son envie va être décuplée.