
Mouratoglou: "Un match de tennis c’est un marathon, un match UTS c’est plus un sprint"

Patrick Mouratoglou - ICON SPORT
Avec la création de cette compétition, il y a une vraie volonté de bousculer les codes, vous affolez un peu la meute avec vos déclarations?
Je ne sais pas si j’affole la meute. Il y a des faits, l’âge moyen du fan est de 61 ans. Cela vieillit chaque année. Ce n’est pas le signe d’un sport qui se porte bien. Tout le monde est inquiet. Je pense que la nature humaine fait que l’on attend d’être au bord du précipice pour réagir. C’est ce qui s’est passé avec la Coupe Davis. Personne n’a rien fait alors que l’on savait qu’il y avait un problème pour la Coupe Davis. C’est le bon moment de chercher un autre format en complément, qui plaise et qui permette d’attirer les jeunes vers ce sport. C’est difficile pour l’ATP et la WTA de faire ces changements. Je vois très bien les deux circuits cohabiter ensemble.
Quelle est l’origine du projet UTS? Est-ce lié au coronavirus?
C’est extrêmement difficile de lancer une ligue en marge de l’ATP et la WTA. Les joueurs sont très occupés et pas disponibles avec les calendriers qui sont très chargés. Avec la crise que l'on connait, ils avaient extrêmement envie de jouer et étaient disponibles. Donc le contexte était idéal. Pour l'origine du projet, c'est le papa d’Alexei Popyrin qui a eu l’idée de cette ligue avec les grandes idées générales.
Depuis quand s'entraînent les joueurs avec ces nouvelles règles et quelles sont leurs impressions?
Ils s’entrainent depuis le début de la semaine avec ces nouvelles règles. Ils ont déjà réfléchi comment utiliser les cartes au bon moment, faire de l’antijeu. L’utilisation du temps est essentielle, il y a beaucoup de stratégie sur le moment où on va les utiliser. Ils veulent surtout comprendre comment les utiliser pour gagner le match. Il y a 7 cartes différentes qui donnent des avantages à soi, ou désavantagent l’adversaire. Avant le match, 4 cartes sont attribuées pour chaque joueur. Il en choisit 2 pour chaque quart temps. Le coach va décider des cartes pour le quart temps suivant. Mais c’est le joueur qui décide à quel moment il les utilise pendant la rencontre. C’est voulu que des cartes soient plus avantageuses que d’autres. Les cartes seront valables pendant une certaine durée de points. Cela va permettre d’avantager un joueur par rapport à un autre. Le but c'est qu'il n'y ait pas de match à sens unique comme on le voit dans les Grands Chelems dans les premiers tours avec les meilleurs. Car s’il n’y a pas de suspens, il n’y a pas d’émotion.
Quel est le match UTS idéal pour vous?
Le match idéal c'est un match avec un joueur qui s’amuse, qui prend du plaisir, au jeu aussi, à utiliser ses cartes, faire le coaching, et être dans la stratégie pour gagner pas seulement sur le plan du tennis. J’ai envie qu’ils expriment de l’émotion sur le court, que dans le box il se passe des choses. Quand on regarde The Voice, quand les gens chantent, on voit toujours l’émotion de la famille. Pourquoi on ne montre pas ça dans le box. Le mélange de tout ça fait que l'on a une heure d’une intensité incroyable avec de l’émotion dans tous les sens. On ne veut pas que les gens s’assoient et s’en aillent au bout de 3 minutes parce qu’il ne se passe rien. Il faut que cela soit court, dynamique et que le spectateur soit relancé tout le temps, on veut le maintenir sous pression, créer de l’émotion et de la surprise au maximum. Un match de tennis c’est un marathon, un match UTS c’est plus un sprint.
Les conditions sanitaires ont-elles rendu difficiles l'accord des joueurs?
Cela n’a pas été du tout un sujet. On a eu l’autorisation du gouvernement, on a un cahier des charges à respecter à la lettre. Les joueurs ont tous été testés, ils auront chacun leurs balles, on ne les mélange pas.
Quelle est votre analyse suite à la réunion d'hier entre l'USTA, l'ATP et les joueurs? Et sur la possible absence Djokovic, Nadal et des meilleurs?
Oui je pense que pour un Grand Chelem de ne pas avoir les meilleurs du monde qui participent c'est compliqué. Après je comprends que l’USTA ait besoin de l’organiser pour la manne financière qu'il y a à récupérer. Mais je comprends aussi que les joueurs, si les conditions sont extrêmes, ou certains d’entre eux n’aient pas envie d’y aller. Est-ce qu’un Grand Chelem peut se tenir sans les meilleurs, et sans public ? Est-ce que cela ne va pas nuire à l’image du sport ? C’est une question.