
Agassi : « J’ai honte d’avoir menti »

"Il était très important pour moi de raconter mon histoire dans sa totalité" - -
André, pourquoi avoir écrit ce livre et évoqué vos problèmes de dopage ?
Je ne connais pas exactement la définition du dopage. Me concernant, il s’agissait d’une drogue récréative. C’est une drogue qui vous détruit, ça ne vous aide pas. Il était très important pour moi de raconter mon histoire dans sa totalité et pas uniquement quelques bribes. Si les gens ont envie de juger mes décisions ou mes actes, j’espère qu’ils le feront dans le contexte global de ma vie. Mais je crois que ma vie peut être une source d’inspiration. Elle l’est déjà de l’extérieur, mais si les gens connaissent mon histoire de l’intérieur, elle peut les aider encore plus.
Pourquoi avez-vous consommé ces drogues récréatives ?
C’était une période de ma vie ou j’étais en dépression. Les problèmes ne partent pas avec l’argent et les titres. Il y a toujours la possibilité de souffrir. Le fait qu’on ait tout pour être heureux devient parfois une des raisons pour lesquelles on est encore plus malheureux. Un jour, je me suis réveillé et j’ai réalisé que je ne vivais pas la vie que je voulais. Quelqu’un est venu et m’a présenté une échappatoire. Je ne l’ai pas cherché, mais c’était là et je l’ai pris. Le problème, ce n’est pas la drogue, mais pourquoi quelqu’un a besoin de drogue.
Après votre contrôle positif, vous écriviez une lettre à l’ATP pour expliquer que vous aviez bu par erreur une vodka mélangée avec de la méthamphétamine. Comprenez-vous les gens qui vous reprochent d’avoir menti ?
Bien sûr que je n’aurais pas dû mentir. Mais j’étais seul et je n’avais personne à qui me confier. Ma femme de l’époque ne le savait même pas. Ils m’ont demandé d’écrire une lettre pour dire si j’admettais qu’il y avait bien de la drogue dans mon corps et pour donner mes raisons. J’ai admis qu’il y avait bien de la drogue dans mon corps, mais j’ai menti sur la manière dont celle-ci s’est retrouvée là. A l’époque, ce n’était qu’une suspension de trois mois. J’étais 140e mondial et sur le point de quitter le tennis. Je n’ai quasiment pas joué de l’année. Mentir, c’est ce qu’il y a de pire. C’est quelque chose dont j’ai honte. Mais aujourd’hui, je peux l’utiliser pour inspirer les autres.
Vous êtes une personne discrète sur sa vie privée. Qu’est-ce que l’écriture de ce livre a changé pour vous ?
Je ne sais pas si je suis si discret que ça. J’ai toujours vécu devant les caméras et j’ai essayé de faire partager mes sentiments. Beaucoup de mes fans ont parfois été perdus par rapport à ce que je ressentais. Le plus important dans le tennis, c’est d’aider les gens, de faire quelque chose qui ensoleille leur journée. Mais j’ai toujours pensé que l’après-tennis offrait plus de possibilités. C’est le cas pour l’école que j’ai construite à Las Vegas. La parole est également un outil important.
Que pensez-vous de la situation de Richard Gasquet ces derniers mois ?
J’aime beaucoup Richard. Mais la question qu’on doit se poser, c’est de savoir si les règles sont les bonnes quand on est contrôlé positif à une drogue récréative. Qu’il ait été contaminé après avoir embrassé une fille ou qu’il en ait pris, on a quoi qu’il arrive besoin d’une règle adaptée au crime. Il faut un système qui envoie le vrai message au monde en disant aux enfants que c’est mal. Mais il faut aussi protéger les joueurs de ce qui peut constituer un vrai problème dans leur vie. J’aimerais que la réglementation soit revue. Il faudrait une échelle des sanctions. J’espère que Richard pourra jouer.
Comprenez-vous ce qui arrive à Tiger Woods ces dernières semaines ?
Il y a beaucoup de spéculation. Voilà pourquoi il est très important pour nous tous de ne pas juger à la hâte. Un homme ne peut pas être jugé pour un acte ou pour une période de sa vie. Il doit l’être sur ce qu’il a accompli tout au long de sa vie. Nous avons tous des problèmes et nous devons tous nous battre contre nos douleurs. Si tu es une bonne personne, tu essayes de combattre la douleur des autres. C’est ce qu’a fait Tiger en soutenant ma fondation. Il a aussi aidé des milliers d’enfants dans sa propre fondation. Il ne faut pas l’oublier.