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UFC 266: Diaz-Lawler, retour vers le passé

Plus de dix-sept ans (!) après leur premier combat, Nick Diaz et Robbie Lawler se retrouvent ce samedi soir à Las Vegas lors de l’UFC 266. Un choc entre deux légendes au style spectaculaire qui passe pour le "vrai" main event (combat principal) de l’événement auprès des aficionados de longue date. Et très attendu pour un homme, Diaz, de retour dans la cage après plus de… six ans et demi d'absence, même si le résultat final pourrait être déceptif.

Il y a deux combats pour un titre, le très alléchant Alexander Volkanovski-Brian Ortega chez les plumes et une nouvelle démonstration annoncée de la reine des mouches Valentina Shevchenko (contre Lauren Murphy). Mais qu’on ne s’y trompe pas. Pour les vieux de la vieille des fans du MMA, le véritable "main event" (combat principal) de l’UFC 266 ce samedi soir à Las Vegas va opposer deux combattants de 38 et 39 ans: Nick Diaz, ancien champion des welters de l’organisation Strikeforce, et Robbie Lawler, ancien détenteur de la ceinture des welters de l’UFC.

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Une revanche d’un premier duel resté dans la légende qui date d’avril 2004 et de l’UFC 47. Le grand écart fait presque sourire: il y a eu moins de temps entre la chute du Mur de Berlin et le premier Diaz-Lawler (5259 jours) qu’entre leur premier combat et le deuxième (6386 jours)! A l’époque, le favori Lawler était tombé à son propre jeu sous les coups du striking de Diaz, pourtant plus un spécialiste du sol mais qui avait réussi à rentrer dans sa tête en le chambrant presque continuellement jusqu’à lui infliger un KO au deuxième round.

Bis repetita? On ne va pas se mentir: cela ne devrait pas arriver. Pour les nostalgiques, ce combat pourrait même se révéler très déceptif tant l’eau a coulé sous les ponts depuis le premier. Mais il y a un côté madeleine de Proust. Et l’identité des deux protagonistes alimente le fantasme d’une nouvelle guerre mémorable. D’un côté, un Lawler au style toujours ultra agressif qui a livré certains des combats les plus célèbres de l’histoire de l’UFC, à commencer par l’inoubliable – et très sanglante – défense du titre des welters contre Rory MacDonald lors de l’UFC 189 en juillet 2015 (celle d’après contre Carlos Condit n’était pas mal non plus). Quatre fois bénéficiaire du bonus de "combat de la soirée", Robbie reste sur quatre défaites de rang et cinq sur ses six derniers combats, sa dernière victoire remontant à juillet 2017.

Il n’est plus à son sommet, quoi, mais son style et sa tendance à avancer encore et toujours sur l’adversaire sont des garanties de spectacle. Surtout face à un Diaz lui aussi connu pour son cardio (il fait très régulièrement des triathlons), sa faculté à livrer des guerres et dont le retour aux affaires est très attendu par les aficionados de la discipline. Le grand frère de Nate, une fratrie qui fascine dans le milieu tant ils affichent toutes les caractéristiques des "vrais" combattants à l’image d’un Jorge Masvidal, n’a en effet plus combattu depuis… janvier 2015 et l’UFC 183, d’où il était sorti avec une défaite sur décision unanime contre la légende Anderson Silva, résultat changé en "no contest" par la commission athlétique du Nevada après des contrôles antidopage positifs pour les deux combattants.

"Je vais être beaucoup plus fair-play"

Pris pour consommation de marijuana, péché mignon partagé avec Nate, Diaz avait récolté une suspension de cinq ans (!) plus tard réduite à dix-huit mois. Avant d’être à nouveau suspendu un an par l’agence antidopage américaine, entre avril 2017 et avril 2018, pour trois manquements à l’obligation de localisation pour les contrôles. Depuis, la rumeur évoquant son retour dans la cage de l’UFC revenait régulièrement sur la table, serpent de mer jamais refermé. Dana White, patron exécutif de l’organisation, avait souvent laissé entendre qu’il n’y croyait pas vraiment. Plus de six ans et demi après son dernier combat, une époque où Ronda Rousey était au top, où Conor McGregor n’était pas encore devenu une superstar mondiale et où notre Ciryl Gane national avait à peine entamé son parcours en muay-thaï, Nick lui donne tort.

Mais à quelle version du combattant de Stockton (Californie) aura-t-on droit à l’UFC 266? Impossible à dire. Son endurance, sa faculté à mettre la pression en permanence, son jiu-jitsu brésilien de haut niveau et son striking très "street" (il peut vous mettre des claques, comme le fait aussi son frère) seront toujours là. Mais l’homme qui n'a pas caché son appréhension à l'idée de remonter dans la cage semble avoir changé, plus calme, plus posé, plus serein, si l’on s’en fie à l’impression laissée dans ses interviews des derniers jours. Le côté chambreur du premier duel contre Lawler sera donc sans doute bien moins présent dans la cage. "Je ne vais pas là-bas pour l’insulter, je vais être beaucoup plus fair-play, a-t-il confirmé dans la vidéo UFC Countdown publiée ces derniers jours. Mais ce n’est pas ce qui m’a fait gagner la première fois. Ça l’a un peu surpris mais j’aurais quand même gagné si j’avais été fair-play. Je vais être inarrêtable après avoir pris toutes les bonnes décisions et je vais encore m’imposer contre Robbie. En fait, je suis bien plus dangereux que lorsque je l’ai affronté pour la première fois."

Diaz prétend que ce n’est pas le cas pour son rival, qui a perdu ses cheveux depuis leur danse commune dans la cage de 2004. Mais Lawler a lui aussi changé, plus complet et moins prompt à s’énerver et à réagir n’importe comment quand les choses ne vont pas dans son sens. Si le résultat va dans le même sens, ce qui pourrait être synonyme de fin de parcours à l’UFC pour Lawler, le scénario pour y arriver pourrait être bien différent.

Diaz, lui, s’offrirait de nouvelles opportunités en signant son retour du point d’exclamation de la victoire dans un choc qui pourrait avoir lieu chez les moyens plutôt que chez les welters à la demande de Nick. L’homme en grande partie responsables sur son seul nom des ventes de ce pay-per-view UFC 266 – c’est une réalité, sans manquer de respect aux autres – a un statut de star trop gros pour ne pas voir son organisation en profiter.

Jusqu’à une nouvelle chance pour un titre? Il faudrait une belle série de victoires pour y parvenir. Mais celui qui a affronté une longue liste de légendes de sa discipline (Anderson Silva, George St-Pierre, Carlos Condit et B.J. Penn sont ses quatre derniers adversaires, et on ne recense pas tous les autres grands noms croisés à l’UFC ou ailleurs) a le profil idéal pour quelques duels qui se vendraient comme des petits pains, par exemple un Masvidal pour la ceinture "BMF" remporté contre son frère Nate fin 2019. Si l’envie de revivre les souvenirs de 2004 pourrait accoucher d’une déception vu les circonstances, Nick Diaz est bien de retour. Et on a très hâte.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport