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Bellator: Fedor Emelianenko, la dernière marche de "l'Empereur" du MMA

Opposé à l'Américain Ryan Bader pour le titre des lourds du Bellator ce samedi soir en Californie (en direct à partir de minuit sur RMC Sport 2), le Russe Fedor Emelianenko pourrait tirer sa révérence en remportant le titre d'une des plus grandes organisations de MMA. Une discipline dont il restera l'un des plus grands de tous les temps, invaincu près de dix ans dans un parcours triomphal de plus de vingt-trois ans.

Royce Gracie. Randy Couture. Chuck Liddell. Mark Coleman. Rampage Jackson. Matt Hughes. Frank Shamrock. Et d'autres. La liste des gloires du MMA attendues ce samedi soir pour l'événement Bellator 290 au Forum d'Inglewood, dans les faubourgs de Los Angeles, en Californie, raconte l'histoire de la discipline. Logique. Ils viennent voir s'écrire le chapitre final d'une légende, peut-être la plus grande. La dernière marche du "Dernier Empereur". Face à Ryan Bader, champion des lourds du Bellator, Fedor Emelianenko va prendre part à ce qui doit être le dernier combat en carrière d'une carrière longue de vingt-trois ans.

Pour sa dernière, le Russe peut prendre la ceinture d'une des plus grandes organisations de MMA au monde. A presque cinquante ans, quarante-six exactement. S'il s'impose, ce qui n'est pas gagné contre un Bader qui l'a mis KO en à peine trente secondes lors de leur premier combat pour le titre en 2019, Fedor bouclera la boucle sur un énième point d'exclamation, un tampon de plus sur un parcours qui les a collectionnés. C'est simple. Pour l'immense majorité des spécialistes, certains lui préférant Cain Velasquez ou Stipe Miocic, Emelianenko est le plus grand poids lourd de l'histoire du MMA. Pour beaucoup, il est même le plus grand tout court, toutes catégories confondues. Le GOAT. On peut entendre leurs arguments.

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28 combats sans défaite

Né en Union soviétique, dans ce qu'on appelle aujourd'hui la région de Louhansk en Ukraine, Fedor Vladimirovitch (son nom complet) débute les sports de combat à onze ans via le judo et le sambo combat, deux disciplines dans lesquelles il va briller, surtout la deuxième où il deviendra triple champion du monde et qu'il aidera à populariser avant l'arrivée de Khabib Nurmagomedov et Islam Makhachev, deux autres spécialistes transformés en grands champions de MMA. Le MMA sera le sport qui fera de Fedor une star. Sa carrière pro débute en 2000, dans l'organisation RINGS.

Après une défaite (controversée) à son cinquième combat, il entame une série irréelle : vingt-huit combats de rang sans défaite, vingt-sept victoires et un "no contest", pour près de dix ans d'invincibilité durant lesquelles il conquiert notamment le titre du PRIDE, mythique organisation japonaise de MMA. Fedor bat tout le monde, s'offre un paquet de grands noms. Il révolutionne un sport encore jeune, à l'instar d'un Jon Jones après lui. Considéré comme le meilleur combattant de la planète au tournant des années 2000-2010, il tombe face au Brésilien Fabricio Werdum et enchaîne deux autres défaites.

L'UFC a voulu le faire signer mais...

Il fera plus de trois années de pause dans sa carrière avant de revenir aux affaires fin 2015, nouvelle étape qui finit par le mener au Bellator. Où il a confirmé son côté grand spectacle immanquable (aucun combat au-delà du premier round depuis ses débuts dans cette organisation en 2017, victoire ou défaite) et où il peut aujourd'hui tirer sa révérence sur un ultime coup d'éclat. Sans trop parler, dans le droit fil de sa carrière. "Je veux que les fans de MMA se souviennent de moi comme un combattant qui a gagné sa popularité et ses fans grâce à ses aptitudes et ses résultats en combat, pointait-il ces derniers jours. Pas grâce au trash-talking."

Certains lui font un seul reproche sportif: ne pas s'être testé dans les eaux de l'UFC, l'organisation mastodonte de la planète MMA. Mais le géant UFC n'a pas toujours été ce qu'il est devenu. A l'époque de Fedor, vu l'opposition dans la cage, le titre du PRIDE était plus prestigieux que celui de la compagnie aux trois lettres. Dana White, patron de l'UFC, aura tenté à plusieurs reprises de le faire signer, notamment lors du rachat du PRIDE en 2007 ou quand il combattait dans l'organisation Strikeforce en 2009-2010 dans l'idée d'un choc ultra vendeur contre le champion de l'époque, la superstar Brock Lesnar. Un accord ne sera jamais trouvé, pour différentes raisons dont le refus de l'UFC de faire de la co-promotion, et White avouera que ne jamais avoir vu Emelianenko dans l'octogone reste l'un de ses plus grands regrets.

Une ceinture pour finir?

Regrets aussi côté Fedor? "Je regarde cela d'un point de vue différent, a-t-il répondu ces derniers jours. Si cela avait dû avoir lieu, ce serait arrivé. Mais ça ne s'est pas produit, ça n'avait donc pas à se faire. J'ai combattu de nombreux champions de l'UFC dans ma carrière et je les battais tous. Cela ne me dérange vraiment pas de ne pas avoir combattu là-bas." Emelianenko et White ont échangé quelques commentaires acerbes l'un sur l'autre ces dernières années. Comme un signe qu'il restera toujours une frustration, sans doute plus côté UFC d'ailleurs.

Fedor n'a pas eu à rejoindre cette organisation pour se construire un chemin de légende (40-6 et 1 NC en carrière). Il a battu plusieurs anciens champions UFC, même si parfois tard pour certains, et des champions d'autres disciplines. Il a révolutionné son art et gravé son nom (et son prénom tant il est encore plus célèbre) dans le marbre de son sport. Si vous aimez le combat et le MMA, ne manquez pas la dernière marche du "Dernier Empereur". Qui serait encore plus belle s'il pouvait déposer les gants ceinture de champion autour de la taille. Ce mot le définit tellement bien.

Alexandre Herbinet