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ARES Fighting 2: Taylor Lapilus, le premier jour du reste de sa vie

Après deux ans d’absence, Taylor Lapilus fait son retour dans la cage ce samedi à Levallois face au Brésilien Wilson Reis en combat principal de l’événement ARES FC 2 (en direct à partir de 21h sur RMC Sport 2). La première marche d’un chemin qui devrait mener le consultant MMA de RMC Sport à un retour à l’UFC, où il évolué entre 2015 et 2016, dans les mois à venir.

Sa famille proche, papa et maman, ne sera pas dans la salle. Comme d’habitude. Mais dans une situation tout sauf habituelle. "J’ai préféré leur dire de ne pas venir. Je ne voulais pas me mettre ça comme stress émotionnel. Ça peut être à double tranchant: un point fort mais aussi un point faible. Ce qui va se passer n’est pas quelque chose de commun et il faut faire attention à ne pas changer sa façon de faire." Avec un parcours professionnel de près de dix ans, débuté en mars 2012 en Belgique, Taylor Lapilus n’est pas un jeune premier de son sport.

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"Double Impact" – surnom en partie lié à son grand frère Damien, autre combattant de MMA, qui a initié cet ancien footballeur au jiu-jitsu brésilien et au grappling en 2010 – a bourlingué aux quatre coins de la planète pour vivre de son art, de la Pologne au Sénégal en passant par le Québec, la Russie, l’Allemagne et le Mexique. Il est passé par l’UFC, la plus grande organisation de MMA dans le monde, et a remporté des ceintures au TKO (Canada) et au GMC (Allemagne). Mais ce samedi, dans la salle Marcel-Cerdan de Levallois, cadre de l’événement ARES FC 2, le combattant tricolore va vivre un moment unique.

S’il a déjà disputé plusieurs combats dans des petites organisations françaises en début de carrière, il n’avait encore jamais pu le faire sous les véritables règles du MMA, légalisation tardive de la discipline oblige. Mais cette fois, on y est. Et pour la première fois de sa carrière, peu importe l’endroit, ce sera en main event (combat principal) de la soirée, face au Brésilien Wilson Reis, ancien challenger pour un titre UFC. Plutôt sympa pour un retour aux affaires sportives après deux ans d’absence, sa dernière apparition dans la cage remontant à l’événement ARES FC 1 en décembre 2019.

"C’est un vrai plaisir de pouvoir combattre à domicile, confirme-t-il avec un grand sourire au micro du podcast RMC Fighter Club, dont il est le consultant MMA. Plein de gens me disent qu’ils seront là pour me soutenir. On n’a pas ce retour-là quand on est à l’étranger. On va l’avoir à l’UFC, car tout le monde connaît cette organisation, mais ailleurs il y a moins d’engouement et donc moins de suivi et d’intérêt. Là, c’est à la maison et ça rayonne sur tout le reste." Pour ne pas perturber l’approche de son combat, le natif de Villepinte (Seine-Saint-Denis) a décidé de "ne rien changer".

Il a rejoint l’hôtel des combattants en milieu de semaine pour la "fight week", comme il l’aurait fait dans un autre pays, et il s’y est entraîné plutôt que de se rendre au célèbre MMA Factory dont il est membre. "C’est en partie pour le Covid, pour ne pas croiser trop de monde et ne pas prendre de risques, explique-t-il, mais aussi car je veux vraiment m’immerger dans le truc comme si j’étais à l’étranger. Il y a forcément un certain confort car je combats dans ma région mais je ne veux pas qu’il y en ait trop. C’est quand même quelque chose d’assez particulier qui va se produire donc je n’ai pas envie d’être trop à l’aise et d’y aller un peu les mains dans les poches. Je préfère faire comme d’habitude."

Taylor Lapilus aura fait attendre ses fans depuis vingt-quatre mois. De quoi laisser quelques fourmis s’installer dans les jambes. "J’ai hâte, bien sûr. Être consultant, c’est bien, s’entraîner, c’est bien, mais ce qui fait vibrer, c’est le combat, la compétition, la cage." Son retour va valoir le déplacement. Question de contexte mais aussi d’adversité. En face? Wilson Reis, donc, 36 ans, ancien champion du monde de jiu-jitsu brésilien et combattant très expérimenté en MMA, ancien champion des organisations Elite XC et WFE lui aussi passé par l’UFC où il avait été battu par Demetrious Johnson pour le titre des mouches en avril 2017. Pour ce qui représente, sur le papier en tout cas, le plus gros combat de MMA jamais organisé en France en attendant l'arrivée de l'UFC.

"C’est un bon test, approuve-t-il. Je ne me voyais pas faire mon retour à la compétition avec un gars qui n’aurait pas été sérieux dans la cage. C’est une bonne opposition. Il a une très grosse expérience. Mais franchement, je ne suis pas inquiet. Je vise une victoire avant la limite." Il sera peut-être bien fatigué dimanche, par contre. Car sa soirée ne s’arrêtera pas à Levallois. Après son combat, Taylor Lapilus se rendra dans les locaux de RMC Sport à Paris pour… commenter dans la nuit l’événement UFC 269 et le superbe combat entre Charles Oliveira et Dustin Poirier pour le titre des légers en sa qualité de consultant.

"Je serai probablement fatigué entre le combat, l’adrénaline et l’émotion, s’amuse-t-il. Mais c’est la vie que j’ai choisie, ce qui me fait vibrer. A plusieurs reprises, quand on est rentré de voyages à Las Vegas où on était parti pour commenter des UFC avec Antoine Simon (commentateur du MMA sur notre chaîne, ndlr), quand on arrive le matin après treize heures de vol et avec neuf heures de décalage, il me demande où je vais et je lui réponds: 'Ben à la salle'. Et il me regarde avec des gros yeux en se disant que je suis fou. J’ai l’habitude de faire des trucs comme ça. Ça va être fun."

Ce sera aussi le premier jour du reste de sa vie. Comme le début d’une nouvelle carrière. A vingt-neuf ans, et malgré un CV qui montre déjà une belle expérience (bilan global de 16-3), le combattant français est prêt à rouvrir un chapitre refermé sur une frustration il y a quelques années: l’UFC. Signé à l’automne 2014, il monte quatre fois dans l’Octogone de l’organisation américaine entre avril 2015 et septembre 2016. Pour trois victoires et une défaite, ratio plus que satisfaisant mais qui ne l’empêchera pas d’être "coupé" par une UFC qui cherchait alors des combattants "vendeurs" et qui ne gardait pas ceux qui n’avaient pas assez de suivi sur les réseaux sociaux même si leur niveau dans la cage aurait mérité l’inverse.

Il aurait pu y revenir en octobre, appelé par l’UFC pour un combat en dernière minute, mais un retard dans l’obtention du visa pour les Etats-Unis l’en a privé. Et les approches ont continué ces dernières semaines. "Je n’ai jamais été aussi proche de revenir à l’UFC, avoue-t-il. Et je ne parle pas de la dernière fois avec le visa. Depuis, on a encore eu des nouvelles d’eux. Ils sont revenus à la charge. Il y a de sérieuses discussions, des propositions qui tombent. Je reste concentré sur ARES et Wilson Reis, car c’est ce qui compte, la victoire, et je ne suis pas du genre à mettre la charrue avant les bœufs, je prends les choses étape après étape. J’ai envie de faire cet événement et je vais prendre plaisir à faire ce combat. Plus qu’un combat, entre le fait que ce soit en France et le fait que ce soit un main event, c’est une expérience. Si ça se passe bien, et on va faire en sorte que ce soit le cas, il n’y a pas de raison que je ne signe pas à l’UFC pour 2022."

Sans ce combat à ARES, la chose aurait peut-être même pu se faire avant la fin de l’année, lors de la Fight Night du 18 décembre pour laquelle l'UFC l'a contacté ces derniers jours. Mais Fernand Lopez, son coach et l'organisateur d'ARES, leur a répondu qu'il était compliqué de se priver de son main event à une semaine de l'événement. Pas grave, l'essentiel est fait: la porte s’est rouverte et celui qui s’est aussi essayé à un combat de boxe professionnelle en 2017 (victoire sur décision unanime) compte bien l’emprunter sans se retourner. "On est encore loin du bout du chemin, rappelle-t-il. Pour être honnête, je ne suis même pas sûr d’être à mon prime. On va continuer, faire ce qu’on sait faire et ce qu’on fait depuis plusieurs années, et tout ira bien."

Invaincu depuis une défaite en Russie en septembre 2018, Taylor Lapilus n’est pas le plus connu des combattants sortis du MMA Factory de Fernand Lopez, salle d’un certain Ciryl Gane et auparavant de Francis Ngannou. Mais le garçon est l’un de ses plus beaux potentiels, combattant techniquement très propre et qui fait tout bien, entre intelligence de combat, déplacements fluides et efficaces, boxe anglaise et sol de très bon niveau. Sans oublier d’être spectaculaire et même showman chambreur dans la cage quand il le peut. Et cette fois, c’est le public français qui va pouvoir se délecter de ses qualités. Avant de régaler les auditeurs de RMC Sport. "Double Impact" jusqu’au bout.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport