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UFC: "Venez essayer", Dana White charge ceux qui critiquent le combattant qui a demandé neuf fois d’arrêter

Pour ses débuts à l’UFC, Max Rohskopf a vécu un enfer ce samedi, demandant à plusieurs reprises à son coach d’arrêter les frais après le deuxième round. Si beaucoup ont critiqué l’attitude de son entraîneur, qui dit ne rien regretter mais pourrait recevoir des mesures disciplinaires pour avoir insisté pour qu’il reprenne, certains s’en sont aussi pris au combattant et à sa décision. Des critiques renvoyées dans les cordes par Dana White, patron de l’UFC.

La scène, intense, fait froid dans le dos. Pour sa grande première à l’UFC, ce samedi à l’occasion de l’événement UFC on ESPN 11, l’Américain Max Rohskopf a vécu un enfer, au point de demander... neuf fois à son coach d’arrêter les frais entre les deuxième et troisième rounds. Celui qui était vu comme un grand espoir du MMA, avec un bilan de début de carrière à 5-0 dans différentes organisations avant d’arriver à l’UFC à vingt-cinq ans, n’a pas supporté la furie de coups infligés par son compatriote Austin Hubbard, adversaire qu’il a accepté d’affronter moins d’une semaine de l’événement en remplacement de Joe Solecki.

"J'insisterais plus car il n'était pas blessé"

Et l’attitude de son coach, Robert Drysdale, qui a tout tenté pour le pousser à continuer, a été très critiqué. Ce qui n'empêche pas l'intéressé d'affirmer qu'il ne s'y prendrait pas autrement malgré tout ce qui a été dit. "Je ne regrette rien, a lâché l'entraîneur au site MMA Fighting. C'était la bonne chose à faire et si c'était à refaire, je le referais. Si je pouvais changer une chose, j'insisterais plus car il n'était pas blessé. Le job d'un coach est de pousser son athlète à l'extrême sur les plans technique, physique et mental. Je pense qu'il a lâché dans la tête. Il s'est fatigué et il est devenu faible dans la tête. Je veux le meilleur pour lui et c'est mon obligation de le pousser mentalement. C'est ce que je fais tous les jours à la salle. Si je le laisse abandonner à la première adversité, je ne fais pas mon boulot. Il ne se faisait pas éclater. Si sa tête allait bien, avec la bonne stratégie que je voulais lui donner, il aurait pu remporter le combat à la décision car il avait gagné le premier round."

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Mais comme trop souvent dans un sport où montrer ses faiblesses est vu comme négatif, certains ont aussi pris le parti de s’en prendre à Rohskopf lui-même, accusé d’avoir trop vite lâché l’affaire et de ne pas s’être comporté en "vrai" combattant. Foutaises, comme le confirme Dana White. "Dans ce putain de sport, quand vous êtes fini, vous êtes fini, a lancé le patron exécutif de la plus grande compagnie de combats de MMA lors de la conférence de presse post-UFC on ESPN 11. Vous devez absolument pouvoir abandonner. Je sais que c’est mal vu, mais vous savez quoi? Tous ceux qui parlent mal d’un combattant qui abandonne n’est pas dans l’octogone en train de combattre. Il est facile de critiquer. Mais ce que font ces gamins est à un tout autre niveau. On voit tout le temps des managers nous vendre un athlète en nous disant: 'Ce gars est LE gars!' Mais quand vous arrivez ici, c’est autre chose. Ce gars n’est pas prêt et il ne le sera presque jamais."

"Aucun honte à comprendre que vous n'êtes pas fait pour ça"

Et White de poursuivre en se prenant lui-même, qui s’était essayé à la boxe dans le passé, comme point de comparaison: "A l’époque, je pensais que j’étais un combattant et je voulais faire de grandes choses mais un jour, j’ai compris que je ne l’étais pas. Je l’ai réalisé. Quand c’est le cas, vous devez quitter le truc. Je ne dis pas que c’est le cas pour ce gamin mais s’il a senti qu’il avait besoin d’abandonner, qui sont ces putains de gens qui le critiquent là-dessus? Il a eu les couilles de venir ici et d’accepter un combat au dernier moment à l’UFC. Point final. C’est lui qui va devoir se regarder dans la glace le matin et trouver qui il est et ce qu’il veut faire. Il n’y a aucune honte à venir essayer et à comprendre que vous n’êtes pas fait pour ça. Aucune honte. Tu as tenté le truc, ça n’a pas marché. Et tous ceux qui veulent le tourner en ridicule pour ça, allez vous faire foutre et venez essayer ce qu’il a fait. Peu de personnes en sont capables."

Alors que le manager de Rohskopf, ancien lutteur universitaire à North Carolina State, explique la performance de son poulain par une fatigue poussée due à un "cut" de poids de dernière minute combinée à une blessure au pied déjà existante, la commission athlétique du Nevada (NSAC) – organisme qui gère les sports de combats dans cet Etat, et donc à Las Vegas – va enquêter sur la volonté de son coin de le faire continuer malgré ses appels à l’abandon. "On va regarder tout ça, a confirmé Bob Bennett, directeur exécutif de la NSAC, à ESPN. Nous pourrions vouloir prendre des mesures disciplinaires à leur encontre. Ils ne paraissent pas se soucier de leur combattant, qui ne voulait à l’évidence plus y retourner." 

Alexandre HERBINET (@LexaB)