
UFC - Ciryl Gane: "Un combat pour le titre en 2021? C’est possible"
Ciryl, après tous les combats qui ont été annulés pour vous cette année, dont certains à la dernière minute, avez-vous une crainte par rapport à cela?
Ce n’est même pas une crainte, c’est une vérité. Tant que je ne suis pas face à mon adversaire dans la cage, on n’est pas sûr à 100%. Avec la situation actuelle, c’est vraiment compliqué. Tant que je ne serai pas dans la cage face à Junior Dos Santos, je ne serai pas encore rassuré. Mais par contre j’ai hâte, c’est clair.
Vous n’avez plus combattu depuis un an, quel est votre état d’esprit avant ce retour? Excitation? Hâte? Envie de lâcher votre frustration des derniers mois dans la cage?
Il n’y a pas trop d’émotions car c’est très important de rester tranquille. J’ai envie, j’ai faim, mais ce n’est pas pour autant que je vais sortir de mes gonds quand le combat va commencer. Il va falloir rester concentré, ne pas se jeter, ne pas se faire piéger, et surtout appliquer la tactique prévue, tout simplement. Par contre, oui, ça fait un an que je n’ai pas combattu et j’attends ça avec impatience.
Craignez-vous une forme de rouille après cette année sans combattre?
De ce côté-là, je ne crains rien du tout. J’ai toujours continué à m’entraîner, je n’ai jamais lâché donc ce n’est pas un problème. Je sais très bien ce que mon corps me dit, il n’y a pas de souci. Ce n’est pas comme si je n’avais rien fait depuis un an.
Après toutes ces galères, vous terminez l’année sur un combat contre Junior Dos Santos, ancien champion des lourds de l’UFC et septième du classement. Un mal pour un bien, finalement…
C’est ce que je me dis, oui. Mine de rien, les personnes qu’on m’avait proposées avant Junior Dos Santos étaient quand même des clients et on ne connaît jamais l’issue des combats. Peut-être que j’aurais pu perdre et que je n’aurais pas eu cette opportunité de pouvoir combattre Junior Dos Santos en 2020. Donc je me dis que c’est un mal pour un bien. Je n’ai pas combattu, certes, mais on est quand même sur une marche un peu plus haute donc oui, c’est un mal pour un bien. De toute manière, il faut toujours positiver et voir du bon dans le mauvais.
Dos Santos est un ancien champion, certes vieillissant mais toujours un "nom" de la catégorie et dont les trois défaites de rang étaient face au top 3 de la catégorie en dehors du champion Stipe Miocic. L’occasion de rentrer dans la cour des grands des lourds?
Oui. Très clairement. Si on passe ce test-là, on pourra considérer que je fais partie de l’élite de la catégorie. Quand on passe un test comme Junior Dos Santos, on peut se considérer comme quelqu’un qui est en place.
Avez-vous travaillé des choses spécifiquement pour ce combat? Comment l’abordez-vous d’un point de vue technique?
C’est toujours la même chose en fait. On étudie quand même le prochain adversaire et ce qu’il aime bien faire. A l’entraînement, de temps en temps, mes sparring-partners se sont amusés à imiter certains combos de Junior Dos Santos. Sinon, de mon côté, on travaille toujours mes points forts, ça ce n’est pas nouveau.
Avec le style de Junior Dos Santos, ce combat sera-t-il l’occasion pour vous de sortir un peu plus vos jambes et votre muay-thaï, votre ancien discipline?
J’aimerais bien, oui. C’est un des trucs qu’on aimerait un peu plus voir sortir au fil du temps: les jambes. C’est vrai que je les avais beaucoup au muay-thaï et je les ai un peu abandonnées en MMA donc on y travaille, oui. Pas forcément juste pour Junior, d’ailleurs. On aimerait bien mettre un peu plus de muay-thaï, c’est une évidence, et on verra bien sur ce combat si ça sort un peu plus. Mais par contre, il faut toujours rester très varié.
Vous allez combattre pour la première fois en pay-per-view. Vous dites-vous que c’est encore plus une occasion de briller et de vous faire remarquer du grand public?
Je ne calcule même pas ça. Ce que je veux, c’est surtout briller dans mon combat. Je veux donner une performance. Savoir qui combat à côté de moi et si je vais plus briller qu’eux ou pas, ça ne m’intéresse pas du tout. C’est peut-être une occasion, je n’arrive pas bien à calculer ce genre de choses, par contre ce que j’arrive à calculer, ou ce que j’aimerais en tout cas, c’est donner vraiment une super performance. C’est vraiment ce que je recherche le plus.
Vous nous aviez avoué il y a quelques semaines ne pas avoir assez travaillé votre anglais. Appréhendez-vous le défi des interviews dans la langue de Molière qui vous attendent à Las Vegas?
Les défis anglais, je les prends comme ils viennent et je ne me prends pas la tête. Malheureusement, voilà, c’est vrai qu’il faut que je bosse l’anglais, c’est certain. (Rires.) Mais je ne stresse pas pour autant. Ils comprendront ce qu’ils comprendront, ce n’est pas un problème.
Vous vous ferez comprendre dans la cage…
Voilà, c’est exactement ça.

Après cette année 2020 remplie de galères, souhaitez-vous connaître une année 2021 beaucoup plus active, comme lors de vos débuts à l’UFC en 2019 où vous aviez enchaîné trois combats en quatre mois et demi?
Oui, j’aimerais qu’elle soit plus active. Je ne vise pas non plus dix combats dans l’année mais j’aimerais au moins en faire quelques-uns. Si je passe ce cap, si on gagne, derrière, c’est assez serré donc si je peux faire trois combats l’année prochaine après Junior et si on les gagne, on ne sera pas loin d’un truc assez sérieux.
Pensez-vous pouvoir viser un combat pour le titre fin 2021 si tout se passe bien?
Ça dépendra des occasions. Mais si j’enchaîne les victoires et que j’ai des propositions de combats rapidement, et si les échéances se font vite, on peut parler de 2021, oui. C’est complétement possible, oui. Je gagne ce combat face au numéro 7 de la catégorie, je rentre dans le top 10, je fais deux-trois combats et je les gagne, derrière je pense qu’on sera très proche de quelque chose de sérieux.
Le reconfinement des dernières semaines a-t-il entraîné des difficultés dans votre fin de préparation à la MMA Factory?
On a la chance d’avoir une salle privée. On a des combattants professionnels, c’est leur métier, des gars avec qui je m’entraîne à chaque fois comme Alan Baudot ou Nassourdine Imavov, qui sont aussi à l’UFC. On respecte notre métier et on fait très attention car on sait qu’on a des échéances donc ça se passe toujours bien. Et en termes de niveau, les sparring-partners sont là.
Les combattants se nourrissent aussi du public et de ses réactions. Comment appréhendez-vous le fait de combattre dans la "bulle" de l’UFC Apex?
Encore une fois, moi, je ne suis pas trop lié aux facteurs externes. J’ai déjà assisté au truc puisque j’étais dans le coin d’Alan Baudot donc j’ai pu ressentir cette ambiance et ce n’est pas quelque chose qui m’a perturbé du tout, en tout cas en tant qu’homme de coin. Ça ne me dérange pas du tout. Je suis là pour faire mon taf, donner une prestation et gagner mon combat. Après, le reste, spectateurs ou pas, ce n’est pas très grave.
On vous a vu poster une photo de votre arrivée à Las Vegas. Rentre-t-on vraiment dans le combat dès ce moment-là?
Oui. Et il y a aussi le fait que Vegas, c’est quand même une ville où il y a une certaine atmosphère, dans le sens de tout ce qui est entertainment et amusements. Les deux sont liés, en fait. A la base, j’étais déjà super content sur Paris, j’avais mon combat, je me sentais bien, je n’ai pas de bobo. Et le fait d’arriver ici, ça rajoute un peu de bonheur dans mon voyage. Je ne sais pas comment expliquer ça mais je suis vraiment content d’être là avec l’équipe.
C’est votre premier combat à Las Vegas…
C’est même mon premier combat aux Etats-Unis.
Las Vegas est la capitale du combat. Aviez-vous particulièrement envie de combattre ici? Etait-ce un rêve pour vous?
Malheureusement, non. Comme je dis souvent, je n’ai pas grandi avec la culture de la boxe. J’ai connu ce sport tardivement donc je n’ai pas été bercé dans ces ambiances-là. Donc je ne le vis pas comme un rêve d’être à Vegas. Malheureusement.
Quel est votre scénario idéal pour ce combat contre Junior Dos Santos?
Le combat idéal? Je ne sais pas exactement comment mais ce serait de terminer le combat avant la fin. De ne pas terminer à la décision. Peu importe comment. Ça justifierait mon niveau. Aller à la décision, même si on gagne… On peut faire une belle performance qui va à la décision, ce n’est pas un problème, c’est ce que j’ai fait lors de mon dernier combat, où je l’ai eu aux points et j’ai clairement gagné, mais j’aimerais bien terminer le combat avant.
Terminer Dos Santos, c’est aussi envoyer un message…
C’est exactement ça. C’est un message pour tout le monde, mes adversaires, ma catégorie, mais aussi pour l’UFC, pour leur faire comprendre qu’on est vraiment là et qu’on répond présent.
De quoi vous méfiez-vous contre lui?
C’est un bon striker. Très clairement. Il l’a prouvé par ses résultats tout au long de sa carrière. Je suis bon striker aussi mais je pense qu’il va falloir que je mette des déplacements pour le mettre un peu dans le vent. Et puis on va compter sur ma jeunesse pour monter un peu dans les tours et voir s’il arrive à suivre. Ce sera un peu ça la stratégie : ne pas prendre de mauvais coups, grosse marche avant et monter dans les tours pour le terminer avant la fin du combat.
Si tout se passe comme prévu, et sans prendre beaucoup de coups, avez-vous envie de recombattre dans deux-trois mois pour garder le rythme comme à vos débuts à l’UFC?
Oui. Ou sinon, si ça se passe bien, que ça se finit tôt et que je n’ai pas de bobo, pourquoi pas recombattre dans deux semaines. (Rires.)