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UFC 244: pourquoi personne ne méritait plus un combat pour le "Baddest Motherfucker" que Jorge Masvidal

Il s’est bagarré pour la première fois à quatre ans. Il s’est battu dans les rues de Miami pour gagner de l’argent. Il a dormi dans sa voiture et sous un ring pour atteindre son but. Tête d’affiche de l’UFC 244 ce samedi soir au Madison Square Garden de New York (en direct à partir de 3h sur RMC Sport 4) avec son combat contre Nate Diaz pour la ceinture du "Baddest Motherfucker", Jorge Masvidal récolte enfin les fruits d’un parcours de combattant-né. Portrait en profondeur de ce fils d’immigré cubain pour qui le rêve américain s’est résumé en un mot qui a accompagné toute sa vie: combattre.

Des marches et des pattes d’ours. Pour travailler le cardio, Jorge Masvidal a un exercice favori: grimper les douze étages d’un parking en sprintant et enchaîner par une séance sur le toit avec son coach de boxe. "Il le fait depuis dix ans, pointe son manager Abe Kawa à Brett Okamoto, journaliste pour ESPN venu filmer la scène. Mais les gens ne s’y intéressent que maintenant." Mieux vaut tard que jamais. Si vous aimez les personnalités "plus grandes que la vie" des sports de combat, vous allez adorer Jorge Masvidal. Oliver Stone avait scénarisé des Tueurs-nés. "Gamebred", l’un de ses deux surnoms avec "Street Jesus", opposé ce samedi au Madison Square Garden à Nate Diaz pour la ceinture "BMF" (Baddest Motherfucker, on vous laisse traduire) lors de l’événement UFC 244, c'est un combattant-né. Un bagarreur de rue, littéralement, "BMF" des pieds à la tignasse, et depuis longtemps, qui atteint enfin à trente-quatre ans la notoriété que son histoire aurait pu/dû lui apporter plus tôt. 

"Un enfant m’avait pris mon jeu de construction et je me suis défendu direct"

La chose est dans ses gênes, dans son sang, vie de combat(s) des rues de Miami, sa ville de toujours, à l’Octogone de l’UFC. Il n'a jamais pratiqué d'autre sport sérieusement, "plus intéressé par les gants que par un ballon". Première bagarre? A quatre ans. "Je ne m’en souviens pas mais mon père me l’a racontée, explique-t-il dans sa série vidéo The Diaries Of A Street Fighter sur sa chaîne YouTube. Un enfant m’avait pris mon jeu de construction et je me suis défendu direct. Mon père m’a dit qu’aucun de mes combats professionnels ne l’avait rendu aussi fier: il savait qu’il n’aurait pas trop à se soucier de moi car je m’étais occupé moi-même de mon problème." Les samedis, papa fournit les donuts et le lait pour des marathons de kung-fu à la télé. "J’ai su très jeune que le combat était mon truc. J’étais fasciné par ça. Avec un film de kung-fu, mon père savait qu’il pouvait me faire rester immobile une heure et demie alors que c’était impossible d’habitude. Il avait compris que quelque chose dans mon esprit avait déjà choisi cette route."

Interdit d'anniversaires

Il faudra pourtant vite faire sans lui. Jorge Sr, surnommé Kalifa, n'a que quatorze ans quand il fuit le régime communiste cubain en 1971 pour "ne pas qu'on lui dise quoi regarder à la télé" avec un ami et l’oncle de ce dernier sur... des roues de tracteur transformés en raft de fortune. Sept jours en mer, perdus, à s'en remettre aux divinités, à manger un oiseau cru pour survivre, avant de débarquer aux Îles Vierges puis d'être extradés aux Etats-Unis. Là où l'adolescent perdu qui ne parlait pas anglais et "se battait tous les jours ou presque" à son arrivée va se plonger dans le pire, cinq ans de prison en Californie pour homicide involontaire avant la naissance de son fils unique, fruit de l'amour avec une immigrée péruvienne rencontrée à Miami, et encore dix-huit ans derrière les barreaux pour trafic de drogue en Floride.

Jorge Masvidal
Jorge Masvidal © AFP

Jorge n'a que quatre ans lorsque son paternel entame son second séjour à l'ombre. Mais il ne le sait pas encore: sa mère lui cachera la situation pendant neuf ans, lui expliquant que son père était engagé à l’armée. Le gamin est "sauvage", "hyperactif" (c’est lui qui le dit). Il ne sera pas invité aux anniversaires de famille entre ses six et ses quatorze ans, "jusqu’à ce que je sois assez civilisé" s’amuse-t-il. "Ils disaient à ma mère: 'Il faut contrôler cet animal', se souvient-il au micro du journaliste Ariel Helwani pour ESPN. J’avais une immense dose d’énergie mixée avec de mauvaises intentions." Elle va trouver un défouloir dans les poings. Des cours de karaté et surtout la rue. Le lascar ne se souvient pas du nombre exact d'altercations dans sa jeunesse tant elles furent nombreuses. "Ma mère avait les mains pleines avec moi", image-t-il. 

Tests et limites

Il y a les "bagarres sur le parking". Son vélo volé quand il avait huit ans, la traque de "tous les gosses qui pouvaient correspondre au profil du voleur, y compris des plus grands même si ça ne se passait pas toujours bien" et sa décision "de commencer à en voler au bout d'un mois" en attendant d'en avoir un nouveau à Noël. Une course-poursuite dans son quartier "sans jamais avoir su pourquoi ils s'en étaient pris à (lui)" mais qui lui a appris à "sentir le danger" ("je m'en étais bien sorti mais ça n'a pas toujours été le cas"). Un autre gamin qui lui sort un couteau et lui remet une violente gifle un an après avant qu'il ne se défoule sur lui jusqu'à ce que les professeurs les séparent. Une liste tout sauf exhaustive. Privé de père, fils unique, "un peu seul", Jorge teste ses limites et celle de sa génitrice.

"Ils t'ont déjà assez défoncé"

"Ma mère m’a retiré des sports de combat en me disant que j’allais mal finir si j’y restais. Et ça a été encore pire car j’avais beaucoup d’énergie mais plus d'endroit pour la dépenser. Quand elle partait au boulot, c’était l’heure des bêtises. Je trouvais n’importe quoi pour me divertir. J’ai commencé à faire des trucs stupides comme voler des radios de voitures. Ce qui entraînait parfois des bagarres. J’étais juste un jeune con entouré de jeunes cons." A quatorze ans, une embrouille l'envoie à l’hôpital, oreille explosée et gravier incrusté dans son visage après avoir été frappé à la tête contre le sol: "C’est la seule fois où je me suis battu et où ma mère n’a pas rajouté un coup supplémentaire. Elle m’a dit: 'Ils t’ont déjà assez défoncé'." Une chaussette lestée cadenas a été préparée pour la vengeance. Mais un homme s'interpose pour l'empêcher d'agir: son père.

A treize ans, après avoir été éjecté de l'école, Jorge apprend que celui qu'il s'était mis à détester en voyant sa mère galérer financièrement n'est pas un haut-gradé de l'armée mais un prisonnier. Il lui rendra visite chaque semaine jusqu'à ses vingt-et-un ans et sa sortie en liberté surveillée, en 2007, et écoutera les précieux conseils de celui qui a payé pour apprendre. "Il me disait: 'Tu ne vas pas finir ici, comme moi'. S’il n’avait pas été là, j’aurais peut-être fait des choses encore plus bêtes au lieu de passer mes vendredis soirs à la salle." Il y aura des vols, même une disparition, mais jamais de drogue (il y tient). Des problèmes avec la justice, aussi, et un peu de prison mais rien qui vaille un long séjour. "Je n’ai pas toujours pris les meilleures décisions, assume-t-il. J’ai fait des choses car j’avais peur pour ma vie. Ça fait partie de mon histoire." 

"Je prenais n'importe qui, c'était fun"

La jeunesse turbulente lui a fait frôler le dérapage de trop. Elle l'a aussi forgé tôt. "J'ai réalisé très jeune que quand il était l’heure de se battre, j’avais quelque chose de différent des autres. J'aimais le feeling que je ressentais avant et pendant. Depuis que j’ai dix ans, je sais que c’est ce que je veux faire. Et à partir de quatorze ans, j'ai commencé à me dire que je pouvais gagner ma vie avec ça." L'activité rémunératrice commence par... les combats de rue. Dans le rôle de promoteurs et matchmakers, ses amis, qui lui dénichent un groupe d’un autre quartier avec un autre apprenti combattant prêt à relever le défi, chaque camp réunissant de l'argent pour parier sur son poulain avant la tournée générale au McDo pour célébrer les succès avec les quelques dizaines de dollars remportées. "J’ai combattu des gars de ma taille, des plus petits, des plus grands, je prenais n’importe qui. C’était fun."

Deux combats légendaires... dans le jardin de Kimbo Slice

Il n'en oublie pas le travail en salle, "(s)on temple'', et les rêves d'avenir dans le combat que son père a été "le premier à soutenir". "Paradoxalement, la salle où on tente de vous arracher la tête a toujours été ma zone sécurisée. Il suffisait que j’aille à la salle pour me sentir bien." Il se dirige vers la boxe, à laquelle il s'essaiera sur un combat pro en 2005 (victoire sur décision dans un quatre rounds), mais découvre la lutte et "tombe amoureux". Et quand il pose les yeux sur le MMA... "Je me suis dit: 'Wow, c'est un don de Dieu pour moi'." L'heure est aux sacrifices mais Jorge Masvidal est prêt à tout pour toucher son rêve. Il n’a pas le temps de trouver un travail "normal" et le marché des combats non officiels ne paie pas bien alors de seize à vingt-et-un ans, il dort parfois dans sa Chevrolet Pontiac Bonneville sans air conditionné sur le parking de la salle. Ou sur le canapé d'un ami. Et même sous le ring pendant deux mois. Une époque où il se souvient être aussi "le roi du resto-baskets (partir sans payer, ndlr) à Miami". "Il n’avait pas de plan B mais il a fait all-in, savoure Mike Brown, son coach, pour The Sun. Il s’est littéralement battu pour avoir une meilleure vie."

Jorge Masvidal (à droite) face à Donald Cerrone en janvier 2017
Jorge Masvidal (à droite) face à Donald Cerrone en janvier 2017 © AFP

Premier combat pro répertorié à 18 ans, en mai 2003, dans l'organisation floridienne Absolute Fighting Championship. Une année où deux combats capturés sur caméra vont venir nourrir sa future légende. Un ring? Une cage? Un jardin. Celui de Kevin Ferguson, a.k.a. Kimbo Slice (décédé en 2016), légende virale des combats de rue underground, rencontré dans sa salle et qui lui propose d'affronter un de ses protégés, Reynaldo Fuentes, videur pour plusieurs clubs de Miami. Jorge n'a pas besoin de bien longtemps pour être convaincu et "Rey", pourtant bien plus imposant physiquement, finira par jeter l'éponge (pour son deuxième combat de rang) après un échange épique avec celui qu’on surnomme alors "queue de cheval". La revanche, quelques mois plus tard, sera encore gagnée par Jorge Masvidal. Pour un gain dérisoire, quelques dizaines ou centaines de dollars tout au plus, même si Kimbo lui paie un grand restaurant après son premier succès. Depuis, ces deux combats entrés dans la légende ont cumulé plus de douze millions de vues sur YouTube! "Quelqu’un qui voit ça peut se dire que je suis une sorte de délinquant. Mais je le vois comme une partie de ma vie, expliquait-il en 2017 à MMA Junkie. J’ai grandi en me battant et je ne voyais pas ça comme mauvais. Si vous regardez, il n’y avait pas d’animosité entre nous après mais du respect, de l’amour. J’avais déjà fait tellement de combats que je n’étais pas nerveux. Comme quand des basketteurs jouent au basket." 

Respecté par les fans hardcore mais pas star

Sa carrière pro se poursuit en parallèle, combat après combat, vus par son père depuis une télé de sa prison, et va encore franchir un palier à vingt-et-un ans en rejoignant American Top Team, où il s'entraîne toujours aujourd'hui, après une bisbille avec son ancienne salle. Les organisations se succèdent, AFC, BodogFIGHT, Strikeforce, World Victory Road, Bellator, puis l'UFC en 2013. Quarante-sept combats au compteur (34-13) et seize ans de carrière, mais jamais de titre (le plus proche sera chez Strikeforce, défaite contre Gilbert Melendez pour la ceinture des légers en décembre 2011) et cette impression de toujours rater ses grands rendez-vous. Avant 2019, il n'avait même été tête d'affiche que de deux shows: Melendez et un combat contre Benson Henderson pour un UFC Fight Night en novembre 2015. Deux échecs. Il a toujours été respecté par les fans hardcore du milieu, célébré pour son style de bagarreur spectaculaire, mais n'était pas ce qu'on peut appeler une star et avait "l'impression que l'UFC minimisait ce qu'(il) faisai(t)". Il y a deux ans, au Madison Square Garden, son combat (défaite) contre Stephen Thompson à l’UFC 217 était positionnée loin du combat principal. Et il n'est pas monté dans l'Octogone en 2018. 

Monsieur moments viraux

Mais alors, comment expliquer sa place sur le poster pour le MSG cette année? Simple: Jorge Masvidal en 2019, c'était le feu. Monsieur moments viraux. En mars, il met KO Darren Till, espoir britannique en quête de rebond, chez lui à Londres avant d’avoir une altercation avec Leon Edwards en coulisses. A qui il met plusieurs coups de poing avant d'expliquer aux caméras que l'autre avait lancé le truc et qu’il a juste répondu en lui servant " trois morceaux avec un soda". Une formule qu'il voit des fans porter en t-shirt dès son retour aux Etats-Unis. "C’est là que j’ai commencé à noter qu’on avait fait quelques vagues", sourit-il. Début juillet, à l'UFC 239, son coup de genou sauté sur Ben Askren lui offre le KO le plus rapide de l’histoire de l’UFC (cinq secondes) et fait le tour du monde. Interrogé en conférence de presse sur les deux coups "inutiles" infligés en plus à un Askren déjà inconscient au sol, "Gamebred" fait du "Gamebred" en lançant qu'ils étaient "super nécessaires". Deux mots devenus un hashtag repris en boucle dans la communauté du MMA et un signe de ralliement chez lui, à Miami, où l'expression était déjà utilisée.

Malin, le garçon a su utiliser tout ça pour gonfler sa popularité via ses réseaux sociaux, où il est très actif. Ou comment devenir "une des plus grandes stars de ce sport, plus important que n'importe qui n'aurait pu l'imaginer" (Mike Brown) en quatre mois. "Il a travaillé pour ça, il n’a pas pris de raccourcis et il le mérite", poursuit son entraîneur. Même sa ville, Miami, surnommée 305 (son indicatif téléphonique), s'est rangé pour de bon derrière lui. "Je combats depuis très longtemps et là-bas, un truc ça n’avait jamais été un truc où je ne pouvais plus sortir. Là, c’est le cas. Les gens viennent me voir. J’avais plus l’habitude de ça à New York ou en Californie, où ils sont plus éduqués sur le MMA. Je me dis: 'Mais qu’est-ce qu’ils attendaient?' Ils auraient dû être les premiers avec moi. (Sourire.) Si l’UFC avait pensé qu’ils pouvaient accrocher le marché de Miami avec moi, ils m’auraient poussé dans le bon sens avant. Une partie de moi aurait aimé qu’ils me soutiennent avant mais Dieu aligne les étoiles à un moment donné pour une raison." 

Il trouve l'inspiration... grâce à une émission de télé-réalité

Pour trouver la source du changement, il faut se tourner vers la République dominicaine et... une émission de télé-réalité, Exalton Estados Unidos sur le réseau Telemundo, à laquelle son manager le convainc de participer en 2018 alors qu'il a du mal à lui trouver un adversaire. Treize semaines coupé du monde, sans téléphone, à réfléchir sur soi pour "se trouver" et définir ce qu’il "voulai(t) faire de sa vie jusqu’à ce que se referme le chapitre combat" en écoutant "sa propre voix" comme il dit qu'il aurait pu le faire "en prison". "J'ai réinventé ma carrière plusieurs fois mais jamais autant que quand j’étais isolé sous les étoiles, juste moi, Dieu et l’univers. J'ai le plus de revers par décision parmi les combattants de l’UFC, j’ai souvent eu l’impression d’être volé et je me suis dit: 'Je ne veux pas être connu pour ça'. Je dois trouver un moyen d'exécuter la concurrence, de baptiser ces gens et de les envoyer en orbite." 

"Dites à l’UFC d’économiser l’argent pour les juges, on n’en aura plus besoin pour mes combats" 

A son retour, une discussion avec son staff va enclencher le mouvement pour celui qui avait été du mauvais côté de quatre décisions partagées (plus deux unanimes) entre 2015 et 2017. "Il m’a dit qu’il ne voulait plus qu’un seul être humain décide de sa victoire ou de sa défaite à part lui et son adversaire, se souvient Abe Kawa, son manager depuis cinq ans, pour le site BJPenn.com. On tombe amoureux des Mike Tyson ou Conor McGregor car ils mettent des gens KO. Sa progression, c’est cette idée: 'Dites à l’UFC d’économiser l’argent pour les juges, on n’en aura plus besoin pour mes combats'." Plus question de voir la victoire s’échapper sur un manque d’agressivité ou un trop gros contrôle. L’homme a aussi appris à être plus calme dans l’Octogone pour mieux y faire fructifier sa technique, un signe de maturité. On n’oublie pas l’importance de sa décision de revenir chez les welters après sa défaite contre Al Iaquinta en avril 2015 chez les légers. "Il se sent mieux dans cette catégorie, il a plus d’énergie et de puissance, confirme son coach. Il y a plus de poids derrière chacun de ses coups donc il peut être plus efficace et mettre plus de KO. Et c’est ce que les gens veulent voir."

Jorge Masvidal
Jorge Masvidal © Icon Sport

Les planètes sont enfin alignées, quoi, et Jorge Masvidal ne compte pas laisser passer l'opportunité. "La vie m’a fait bien plus mal que tout ce que j’ai pu connaître dans ma carrière pro. Elle m’a étranglé tellement plus... Je savais que ce n’était qu’une question de temps. Je ne suis pas encore où je veux être mais je vais dans la bonne direction." Le chemin a mené celui qui veut s’offrir "la tête de tous les membres du top 10 de (s)a catégorie" au Garden. Duel de "BMF" contre un autre drôle d'oiseau, Nate Diaz, qui adorait le jeu Street Fighter comme lui étant jeune et qui avait fait dans l'éloge à son propos au moment de le défier après sa victoire sur Anthony Pettis pour son retour trois ans après Conor McGregor en août lors de l'UFC 241: "Il n’y a plus tellement de gangsters dans ce game. Personne ne fait les choses bien à part lui et moi."

"Pour eux, combattre représente plus qu'un sport"

"Nate est un vrai combattant, répond le gars de Miami. C’est combattre qui le motive à se lever pour aller frapper dans le sac. Et je suis comme ça. Quand je le regarde, je vois le même gamin que moi, qui a vu ses poings comme une façon de générer des revenus sans faire n'importe quoi." "Ils sont très similaires dans le sens où vous avez l’impression de regarder un combat de rue avec eux, appuie Mike Brown. Tout peut arriver. Il y a ce sentiment d’authenticité. Ils sont prêts à affronter n’importe qui, n’importe où, n’importe quand. Pour eux, combattre représente plus qu’un sport. Ils sont là pour infliger le maximum de dommages à l’adversaire, quitte à devoir prendre des coups pour ça." Pour l'occasion, première dans l'histoire de l'organisation qui n'a jamais aimé les titres gimmick, l'UFC va même décerner une ceinture "Baddest Motherfucker" remise par l’acteur Dwayne "The Rock" Johnson, autre illustre représentant de Miami (ils se connaissent un peu). Le tout dans un des événements les plus importants de l'année, New York et Garden obligent. 

"On veut de la brutalité et c’est ce que j’apporte"

Jorge Masvidal n'est plus l'oublié de la fête. Il est la nouvelle fête. "Ce n’est pas une coïncidence que je sois un deux qui combattent pour ce titre. En vérité, c'est le titre le plus dur de la planète et ils ont pris deux chiens comme nous pour une raison. Ce sera un combat violent avec deux des mecs les plus sauvages de la planète qui vont tout donner. Ce combat parle à mon âme. On va voir qui est le moins domestiqué." Pas le genre de la maison. "On ne veut pas voir deux gars se faire des câlins ou se renifler le cul tout un combat, lance-t-il au micro de l'émission First Take sur ESPN. On veut de la brutalité et c’est ce que j’apporte à ce sport. J’aime combattre, c’est addictif pour moi. Si vous m’offrez plusieurs options sur la table, combattre sera toujours mon premier choix."

On en vient presque à s'inquiéter de sa santé mentale. Pas la peine. "Ce n’est pas que je veux faire mal à quelqu’un, c’est juste la compétition que j’aime, le côté athlétique, la coordination, le travail physique. Pendant longtemps, l’argent n’était pas là. Je ne combats pas pour ça même si j’en ai besoin. J'aime vraiment ça." Par son style, et même son visage, on lui trouve des airs du légendaire boxeur panaméen Roberto Duran. Pas un hasard que ce soit son "combattant": "Je me suis inspiré de la façon dont il aimait détruire ses adversaires. C’était un animal sauvage dans le ring." Le striker qui se revendique "bon grappler" même s'il n'a "pas à l'utiliser", connu pour sa grosse éthique de travail qu'il avoue inspirée par le courage de sa mère pour joindre les deux bouts dans son enfance, va changer de vie avec le duel contre Diaz. Il lance avec sourire combien "beaucoup vont être dingues quand ils vont voir ce qu'(il va) toucher": "Je fais ça depuis longtemps, je le je mérite et je vais prendre des intérêts". 

"Je veux attraper l’âme de tout le monde quand je combats, leur couper souffle à chaque fois"

Il a surtout de la suite dans les idées. "J’ai d’énormes plans. Mes quatre dernières années vont être des montagnes russes sauvages. Je veux attraper l’âme de tout le monde quand je combats, leur couper souffle à chaque fois." Malin, il parle déjà du money fight ultime, Conor McGregor, "quand il reviendra vraiment et battra quelqu'un" et promet de "lui faire vraiment mal". Pour tout ça, il ne reniera pas ses valeurs, ne "vendra pas (s)on âme pour l'argent". Il reviendra toujours à qui il est, à son passé, à son père qui travaille désormais avec lui et reste son plus grand fan (il ne peut pas retourner à Cuba et son fils n'y a jamais été), à Miami. "Les gens se demandent comment je peux distribuer le menu trois morceaux et soda et rester si calme mais ça commencé dans l'enfance. Je n’étais pas du genre à mal parler aux gens ou à leur dire que j’allais leur botter le cul. Je venais, je mettais des coups et je repartais. C’est toujours le cas. Je ne changerai jamais."

"Pour me civiliser, ça va nécessiter un peu plus que cent millions de dollars"

Dans Rocky III, Mick, l'entraîneur du héros, lance au champion embourgeoisé: "Le pire t’est arrivé, aucun boxeur n’est à l’abri de ça: tu t’es civilisé". Vous pouvez compter sur Jorge Masvidal, qui a profité de l'entraînement public ce mercredi à New York pour inviter des fans à monter sur scène pour combattre (avec gants et que des coups au corps) pour lui rappeler le temps du jardin de Kimbo Slice, pour éviter cet écueil sans doute emprunté par Conor McGregor après le gros chèque de son combat de boxe contre Floyd Mayweather. "Peut-être que je le serai dans cinq, six ou dix ans. Mais j’ai encore trop de démons en moi, trop de souvenirs qui me hantent l’esprit et m’empêcheront de devenir civilisé. Et la seule façon de les faire sortir est dans cette cage et à l’entraînement. Pour me civiliser, ça va nécessiter un peu plus que cent millions de dollars." Bienvenue en JorgeMasvidalie.

Alexandre HERBINET (@LexaB)