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Pourquoi Tyson Fury ne veut plus entendre parler de retraite

Champion WBC des lourds depuis sa démonstration face à Deontay Wilder fin février, Tyson Fury a vécu le confinement avec philosophie, profitant pour savourer le temps en famille et réfléchir à sa carrière. Avec une décision: repousser à très long terme ses projets de retraite. Avec un programme déjà tout tracé et alléchant.

Son père l’implorait à dire stop. Après avoir vu son fils donner une leçon de boxe à Deontay Wilder fin février à Las Vegas pour conquérir le titre WBC des lourds, seule ceinture majeure qui manquait encore à son palmarès en carrière, John Fury avait expliqué vouloir voir Tyson raccrocher les gants et profiter de sa famille nombreuse (cinq enfants) tant qu’il en était encore temps et avant de faire le combat de trop. A trente-et-un ans, pas le bout du monde non plus pour un boxeur, le "Gypsy King" semblait d’ailleurs enclin à suivre le conseil assez vite.

"Je vais revenir pour deux combats et ensuite j’espère prendre le large", lâchait-il encore à la chaîne britannique ITV début mars. Mais depuis, la pandémie de Covid-19 est passée par là. Confiné chez lui avec sa famille, situation qu’il dit apprécier pour pouvoir profiter des siens à temps plein (il partage notamment ses séances physiques en leur compagnie via Instagram), Tyson Fury a eu le temps de réfléchir. Et de se rendre compte qu’il ne souhaitait pas quitter les rings de sitôt. 

"Qu'est-ce que je vais faire d'autre de ma vie?"

"Je vais combattre jusqu’à quarante ans, a-t-il lancé à ESPN début mai. J’y ai beaucoup pensé, et je n’ai pas grand-chose d’autre à faire de toute façon. Donc oui, autant continuer à combattre." Un changement d’état d’esprit confirmé ce jeudi lors d’un live Instagram pour une séance d’entraînement physique avec Mark Wright, ancien footballeur semi-professionnel devenu star de la télé (télé-réalité, présentation, etc) en Grande-Bretagne: "Il me reste deux combats sur mon contrat, Wilder et Anthony Joshua. Mais je vais continuer après. Qu’est-ce qu’il y a d’autre à faire, quand on y pense bien? J’ai trente-et-un ans, je suis en super forme physique, dans un super état mental, je m’entraîne plusieurs fois par jour. Et je me dis: mais qu’est-ce que je vais faire d’autre de ma vie?"

Les amoureux du noble art adoreront la perspective de le voir encore longtemps entre les cordes. Ses adversaires un peu moins. Le programme, lui, est déjà tracé. "Il y aura la revanche contractuelle contre Deontay Wilder à un moment, confirme-t-il. Puis deux combats contre AJ. Enfin un, mais quand je l’aurai écrasé il voudra aussi sa revanche. (Sourire.) Je vais battre Wilder une troisième fois, espérons que ce soit avant la fin de l’année, et ensuite on entamera 2021 dans l’optique de faire le plus grands combat de tous les temps entre deux champions du monde britanniques des lourds, AJ contre moi pour toutes les ceintures." 

En battant son compatriote, Fury rajouterait les titres WBA Super, IBF et WBO à sa couronne WBC. Avant de pouvoir défendre son trône contre tous les aspirants disponibles: "Il y a plein de boxeurs que je peux aller battre: Dillian Whyte, Andy Ruiz, Kubrat Pulev, Jarrell Miller, Luis Ortiz, Daniel Dubois, Joe Joyce, etc. Avant, cette catégorie des lourds était un monstre à trois tête avec AJ, Wilder et moi. Mais Andy Ruiz a mis KO Joshua et j’ai détruit le 'Bronze Bomber'. De trois, on est passé à un. Je suis le dernier soldat debout. Ils doivent tous s’incliner devant moi."

"Joshua? On dirait un gros bébé à câliner"

Il faudra tout de même remettre le couvert avec Wilder, même si certains imaginent l’Américain frileux à cette idée. "Des médias ont affirmé que Wilder voulait dix millions de dollars pour zapper sa revanche et se mettre de côté, rappelle l’homme qui lui a fait subir sa première défaite chez les pros. Mais je ne paierai personne pour m’éviter. Je vais encore prendre son scalp. Je préfère lui infliger une nouvelle raclée que de le payer, même deux millions." Selon Bob Arum, patron de Top Rank (co-promoteur du "Gypsy King"), ce Wilder-Fury III qui donne bien moins envie vu le déroulement du II pourrait se dérouler à Macao, en Chine, après étude des possibilités de le mettre en place en dehors des Etats-Unis plus tard cette année en raison de la situation de l’épidémie sur le sol américain. Tyson n’en a cure tant il se dit (à raison) supérieur. Tout comme affronter Anthony Joshua ne l’inquiète pas. "Wilder est plus dangereux que lui, estime-t-il. Joshua n’est pas dangereux du tout. On dirait un gros bébé à câliner… Il ne pourrait même pas tenir mes chandelles. Il n’y a qu’un seul champion invaincu, intouchable, impossible à briser. Moi." Confinement ou pas, Tyson Fury est bien resté Tyson Fury.

Alexandre HERBINET (@LexaB)