
MMA: La star Jon Jones a-t-il vraiment renoncé à son titre? Les dessous du clash avec Dana White
Dans les sports de combat, les bagarres financières en coulisses sont parfois plus violentes que celles sur le ring. Surtout quand elles commencent à déborder dans la sphère publique. Exemple avec Jon Jones. Ces derniers jours, quand il ne tente pas de raisonner des casseurs dans sa ville en marge des manifestations suite à la mort tragique de George Floyd, le champion des lourds-légers de l’UFC s’est engagé dans une guéguerre verbale virulente sur les réseaux sociaux avec Dana White, patron exécutif de la plus grande organisation de combats de MMA. Qui le voit maintenant annoncer son intention d’abandonner sa ceinture de champion. En jeu? Le prix pour voir "Bones" monter chez les lourds et répondre au défi du surpuissant Francis Ngannou, combat qui intéresse les deux hommes et intrigue tout le milieu.
Il est "sérieux" mais "cela pourrait évoluer"
D’un côté, un White qui explique qu’il réclame 30 millions de dollars, la bourse touchée par le boxeur poids lourd américain Deontay Wilder pour partager le ring avec Tyson Fury en février. De l’autre, un Jones qui dément ce montant mais annonce vouloir être rémunéré au niveau mérité pour relever ce challenge, soit 15 millions si on l’a bien compris (il évoque la moitié de Wilder). Les mots sont partis loin, Jones allant jusqu’à proposer à l’UFC de le libérer de son contrat si elle ne le récompensait pas à sa juste valeur. Et ce dimanche, après une sortie de son patron à ce sujet la veille, il est donc allé encore plus loin.
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L’Américain de trente-deux ans a affirmé, via Twitter en réponse à une question d’un fan, abandonner son titre des lourds-légers. Avant de confirmer dans plusieurs posts et de suggérer à l’UFC d’organiser un combat pour la ceinture entre Dominick Reyes et Jan Blachowicz, ses deux plus logiques challengers dans la catégorie, et de lui préparer un super-combat contre le champion des moyens Israel Adesanya (autre opposition très attendue dans le milieu) pour 2021 s’ils sont "prêts à payer". Et "Bones" de conclure en répondant à un fan lui demandant s’il ne se punissait pas lui-même avec cette décision: "Je me fais mal chaque fois que je vais combattre, que je prends un poing dans la tête et que je n’ai plus l’impression que cela vaut ce que l’on me paye".
Selon plusieurs sources, dont le très bien informé Ariel Helwani (journaliste MMA pour ESPN, le diffuseur américain de l’UFC) et le site MMA Fighting, celui qui a combattu pour la dernière fois en février à l’UFC 247 à Houston pour une victoire contestée sur décision face à Reyes est bel et bien "sérieux" sur sa décision d’abandonner son titre. Mais tous affirment que la situation "pourrait évoluer" une fois le calme redescendu entre les deux parties. A voir, donc. Car la tension reste vive. Alors que Jones lui demande de publier les textos de leur conversation/négociation autour du prix pour combattre Ngannou, White a profité de la conférence de presse post-UFC on ESPN 9 samedi soir depuis le centre UFC Apex de Las Vegas pour remettre les points sur i. S’il considère toujours Jones comme le GOAT (le plus grand de l’histoire) de son sport si l’on s’en tient aux pures performances dans l’octogone, ce qui est peu contestable, ses trop nombreuses frasques en dehors de l’aire de combat lui ont trop coûté en termes d’image pour lui permettre de réclamer un chèque auquel seule la superstar Conor McGregor peut pour l’instant prétendre dans sa discipline.
"Je t’ai terni? T’as fait un bon boulot pour ternir toi-même ton image!"
Un potentiel inachevé, selon White, qui aurait dû devenir l’équivalent de LeBron James pour le MMA mais s’est perdu en route. "Être le plus grand de tous les temps sportivement ne veut pas dire que vous touchez 30 millions, a lancé le patron exécutif de l’UFC, connu pour ne pas céder aux caprices rendus publics de ses ouailles. Il faut pouvoir vendre, et Jon s’est fait beaucoup de mal à lui-même. Dans un de ses tweets, il a dit que je l’avais terni. Je t’ai terni? T’as fait un bon boulot pour ternir toi-même ton image!" Trop de casseroles pour mériter mieux, prends ce qu’on te donne et basta, pour résumer. "Après tout ce qu’il s’est passé avec lui, venir et demander 20 ou 30 millions, c’est fou, a poursuivi White. Donc il peut faire ce qu’il veut. Il peut rester de côté, inactif, ou il peut combattre." Mais à son prix, et presque sans rancœur. "Vous savez comment je fonctionne. Jon peut dire ce qu’il veut en public. Et quand il sera prêt à revenir et à combattre, il pourra."
Pour éviter de voir le conflit trop pourrir leur relation, souvent assez musclée dans le passé vu les agissements de Jones en dehors de la cage (mais également sa décision en 2012 de ne pas affronter Chael Sonnen à la dernière minute pour "sauver" l’UFC 151, événement finalement annulé, épisode avec lequel Jones tire un parallèle sur ce qui se passe aujourd’hui, White a aussi précisé avoir filé le dossier au vice-président exécutif de la compagnie, Hunter Campbell. Et ne pas se soucier d’être traité de menteur par son combattant. "Qui allez-vous croire? Je vous le demande. Pourquoi je mentirais? Qu’est-ce que j’aurais à y gagner? Je m’en fous un peu, pour tout dire."
"La vie ne marche pas comme ça"
Selon White, qui a aussi expliqué plus tôt que l’actuel déficit de rentrées financières en raison de la crise du coronavirus (événements à huis clos, etc) rendait encore plus irréaliste la demande du champion, une "bonne conversation" a toutefois déjà eu lieu entre Campbell, Jones et son avocat, également proche du combattant, mais rien ne changera sur le fond. "Hunter lui a dit de venir vous les chiffres. Il a répondu: 'Je m’en br… des chiffres. Je réclame ce que je veux, un point c’est tout’. Mais la vie ne marche pas comme ça. Allez dire à vos patrons que vous vous foutez de combien la compagnie gagne mais que vous voulez telle somme et qu’ils vont vous la donner, allez voir ce que ça va donner!" La suite à la prochaine relance d’un poker qui pourrait encore se révéler menteur.