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Mathis en reconquête

Anne-Sophie Mathis

Anne-Sophie Mathis - -

La Française, élue meilleure boxeuse mondiale l’an passé, va tenter de réunifier les titres WBA-WBC-WBO des welters face à la Norvégienne Braekhus, ce samedi au Danemark. Un combat que les spécialistes élèvent au rang de Pacquiao vs. Mayweather de la boxe féminine.

A 35 ans, Anne-Sophie Mathis sait qu’elle joue-là sa sortie de ring. Au Danemark, elle va tenter de réunifier une seconde fois les ceintures WBA-WBC-WBO des welters face à l’invaincue Norvégienne Cecilia Braekhus (30 ans, 1,71m, 20 victoires, dont 5 par KO), qui jouera presque à domicile. Défaite aux points en juin dernier à Albuquerque par l’Américaine Holly Holm, la Lorraine (26 victoires dont 22 par KO, 2 défaites) repart en conquête. Et veut connaitre le même sentiment qu’en décembre 2011, lorsque, déjà au Nouveau-Mexique, elle avait terrassé Holm par KO, devant 3000 spectateurs médusés.
Six mois plus tard, l’Américaine prenait sa revanche mais pour Mathis, ce revers appartient plus qu’à l’histoire. « Ce qui s’est passé est très spécial, je le mets de côté parce que pour moi, il n’y a pas eu de match, ce n’était pas de la boxe. » Holm avait tourné autour de son adversaire, évitant à tout prix ces coups qui l’avaient fait éclater la première fois comme une pastèque. Les trois juges américains avaient alors tranché, pour le plus grand bonheur du public du casino Route 66.

Elle perfore la mâchoire de son coach à l’entraînement

Samedi soir dans l’Arena Nord de Frederikshavn (Danemark), Braekhus va aussi essayer d’éviter de se retrouver en face de sa rivale. Les coups de la fille de Dombasle, en Meurthe-et-Moselle tombent comme une hache sur du bois tendre. Exercice d’ailleurs imposé de bûches à débiter par son entraineur René Cordier, « pour lui faire les trapèzes ». Parfois, les poings de Mathis traversent la matière. Comme cette droite qui a déboité la mâchoire du coach un soir d’hiver, obligé ensuite de porter un appareil dentaire plusieurs jours…
Quand Mathis, élue meilleure boxeuse de l’année par le magazine Ring en 2011, passe de l’autre côté des cordes, elle est transfigurée. C’est ce qui l’a poussée dans la salle de Cordier à la fin des années 90, adolescente un peu paumée, orpheline d’un père routier fan de Mike Tyson, mort d’une attaque cardiaque au volant de son bahut. Sur un ring, « je marche sur mon adversaire », assène-t-elle. Tyson côté femme.
Aux yeux des connaisseurs, ce Braekhus-Mathis passe d’ailleurs pour le Pacquiao vs. Mayweather de la boxe féminine. « Mathis va vouloir le KO mais quand elle punche, elle fait des fautes, Cecilia devra en profiter », explique Ulli Wegner, l’entraîneur de la Norvégienne d’origine Colombienne. « Elle est technique, mais je vais gagner », annonce Mathis. Parce que c’est un aboutissement, et un pari sur l’avenir. Une reconversion qu’elle prépare. Pour ne plus quitter la lumière entrevue à Albuquerque. 

Louis Chenaille (avec R.P.)