"L’UFC sait où me trouver": Georges St-Pierre évoque la possibilité d’affronter Khabib

Invité exclusif du podcast RMC Fighter Club ce vendredi, la légende du MMA et de l’UFC Georges St-Pierre a accordé à RMC Sport une longue et passionnante interview dans laquelle il balaie tous les sujets, et notamment la possibilité de le voir sortir de sa retraite pour un choc de titans contre l’intouchable champion des légers Khabib Nurmagomedov. Et s’il fait comprendre que la chose aura du mal à se faire, le Québécois ne ferme pas la porte non plus.

La légende va-t-elle sortir de sa retraite? Depuis plus d’un an, la question agite le monde du MMA et revient régulièrement sur la table façon marronnier. Georges St-Pierre, l’un des plus grands combattants de l’histoire de l’UFC, va-t-il faire son retour pour relever le défi de l’invaincu Khabib Nurmagomedov? Ancien champion des welters par deux fois, la seconde avec neuf défenses victorieuses de sa ceinture avant de l’abandonner pour prendre une "pause" loin de l’Octogone, "GSP" n’a plus combattu depuis deux ans et sa victoire sur Michael Bisping lors de l’UFC 217 pour le titre des moyens, qu’il avait abandonné une trentaine de jours plus tard en raison d’une colite ulcéreuse pour ne pas "bloquer" sa catégorie, ce qui était déjà son premier combat depuis quatre ans. Mais la perspective de se frotter à la machine daghestanaise, intouchable champion des légers de l’UFC, a ravivé la flamme.

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Après avoir remporté le titre des légers à l’UFC 223, en avril 2018, Khabib avait allumé la première étincelle en défiant le Québécois pour la première défense de sa ceinture. Une proposition rejetée par St-Pierre, qui avait expliqué ne pas être médicalement apte à la compétition. Après avoir vu l’UFC tenter de lui faire prendre un combat contre Nate Diaz, c’est GSP lui-même qui remettait une pièce dans la machine en août 2018 en évoquant son envie de retour en fin d’année pour descendre chez les légers et défier le vainqueur du choc tant attendu entre Nurmagomedov et la superstar irlandaise Conor McGregor. Mais cette fois, c’est Dana White qui fermait la porte, le patron exécutif de l’UFC ne souhaitant pas prendre le risque de voir St-Pierre battre Khabib pour la ceinture avant de l’abandonner comme il avait fait avec celle des moyens et expliquant que GSP ne recherchait "que des combats ponctuels où il peut gagner beaucoup d'argent". Tout était pourtant calé, avec les fans utilisés pour mettre la pression. Sauf un inattendu nommé bagarre générale.

Georges St-Pierre (à gauche) lors de son dernier combat à l'UFC contre Michael Bisping en novembre 2017 pour le titre des moyens © AFP

"Nous avons essayé d’organiser ce combat et tout était même en place avant le celui de Khabib contre Conor, raconte Georges St-Pierre dans un long entretien exclusif accordé à RMC Sport à retrouver ce vendredi dans le podcast RMC Fighter Club. La stratégie était que si Khabib battait Conor, il prenait ensuite le micro pour dire: 'Je veux me battre contre GSP'. Il le voulait, moi aussi. L’UFC dit toujours que les fans sont sa priorité numéro 1. Là, avec la pression des fans, ils n’auraient pas eu le choix de ne pas organiser ce combat. Malheureusement, on sait ce qui est arrivé après le combat, la bagarre générale, des suspensions, etc, et ça a tout gâché. Ce n’était pas prévu dans le plan."

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On ne pourra pas reprocher aux deux hommes d’avoir tout tenté à l’époque. "On a demandé à l’UFC de le faire à 155 (pounds, le poids limite des légers, ndlr), ils ont refusé, nous explique GSP. Ensuite on a dit qu’on le ferait à un catchweight, comme ça si Khabib perdait, il gardait sa ceinture et il n’y avait pas de problème. L’UFC a catégoriquement refusé, ils ne voulaient rien savoir et disaient qu’il y avait d’autres plans pour Khabib. J’arrive à comprendre pourquoi c’est un risque qu’ils ne voulaient pas prendre." Devant ce constat, l’ancien roi des welters – qui avait pourtant annoncé en mars 2017 avoir signé un nouveau contrat de quatre combats – finissait par prendre la décision qui lui semblait alors la plus logique: une retraite officielle, annoncée en février dernier lors d’une conférence de presse au Bell Centre de Montréal. Sauf que les choses ont évolué. Car le boss a changé d’avis.

Georges St-Pierre lors de son dernier combat à l'UFC en novembre 2017 © AFP

S’il a confirmé que Tony Ferguson serait bien le prochain adversaire de Khabib pour un combat qui a déjà failli avoir lieu quatre fois et que le monde du MMA veut absolument voir, Dana White a expliqué ces dernières semaines lors d’un live Instagram que "si Khabib gagn(ait) ce combat, celui contre GSP serait fun à organiser". La conséquence, notamment, d’une photo publiée par le Québécois après un jeûne sans eau de trois jours où il paraissait plus sec que jamais. "Il paraît vraiment maigre, avait lancé Dana White. Il est toujours dans une forme du tonnerre mais super fin. Quelqu’un m’a dit qu’il était même plus léger que Khabib actuellement!" Nurmagomedov s’en était même amusé en répondant au cliché pour lui demander s’il tentait de faire le poids pour les légers. 

"Les choses ont malheureusement changé et là je pense que les chances sont très minces"

Mais l’intéressé remet les points sur les i pour RMC Sport: "Je fais des jeûnes depuis deux ans et mes problèmes médicaux après le combat contre Bisping. J’en fais pour ma santé, mon bien-être, pas pour le combat. Comme je ne m’entraîne pas pour le combat mais pour moi-même. Les choses que je fais dans la vie, je ne les fais pas pour les autres." Au-delà de l’anecdote régime et des dénégations classiques, la question demeure. Alors, on y va ou pas? Manager du Tristar Gym de Montréal et coach historique de GSP, Firas Zahabi a plutôt versé dans le pessimisme dans une interview pour MMA Junkie: "Je pense que le navire a déjà quitté le port. Je ne pense pas que Georges fera un jour 155. Il y avait un temps et une fenêtre de tir où il aurait pu faire ce sacrifice pour un megafight. Mais personnellement, je pense que cette fenêtre s’est refermée." "Les choses ont malheureusement changé et là je pense que les chances sont très minces pour un combat contre Khabib", confirme son élève. GSP dit "minces" et non "inexistantes". On comprend que la porte est presque fermée mais que celui qui avoue que "Tony Ferguson mérite ce combat en premier" garde un pied dedans au cas où.

"Je pense que Dana White est enclin à l’organiser, développe le Québécois. Mais il change souvent d’idée et il dit ce que les fans veulent entendre. Je voulais le faire mais les choses ont changé. Là, j’ai 38 ans, je ne rajeunis pas. (Sourire.) C’est comme dans le business. Quand on fait une offre d’affaire à quelqu’un, il peut la prendre ou la refuser. Et l’UFC l’a refusée. Les choses ont changé depuis, la structure de l’UFC, je suis de plus en plus vieux... Comme en affaires, tu ne peux pas revenir un an après et dire: 'Finalement, l’offre que tu m’as faite, je vais la prendre'. Le business ne marche pas comme ça et c’est la même chose pour la vie d’un athlète. Mais si jamais quelque chose se passe et que l’UFC veut organiser ce combat, ils savent où me trouver. Je suis quand même disposé à écouter l’offre et je m’entraîne toujours." Ces derniers mots vont exciter tout le milieu. Mais ceux qui suivent remettent la clim’ installée par ceux qui précédaient: "Mais je ne m’entraîne pas pour la compétition et c’est ça que les gens ne comprennent pas. Je m’entraîne pour le plaisir, car j’aime ça. Même sans combat, même à la retraite, je vais toujours m’entraîner. Jusqu’à la mort."

Même retraité de l'Octogone, Georges St-Pierre (à droite) continue de s'entraîner © DR/GSP

Impossible de savoir si la chose se fera ou pas. Mais quand on écoute Firas Zahabi dans une interview pour le podcast ReRooted, on salive de plus en plus à cette idée. "A mon avis, il serait très difficile pour Khabib de réussir un takedown sur Georges, avance le coach. Il est trop grand, trop fort, trop athlétique et très chevronné en tant que lutteur. Georges est plus complet, pour être honnête. Il est plus adroit des mains, ses frappes sont plus épurées et ses aptitudes en coups de pieds sont bien meilleures. Si Georges voulait jouer la sécurité, ce que je ne pense pas qu’il ferait, il pourrait simplement surclasser Khabib aux points avec ses jambes. Il a une grosse expérience des coups de pieds. (...) Il est plus lourd, plus grand, plus fort. En plus, il est capable de mieux préparer ses takedowns grâce à son plus grand périmètre d’action et ses aptitudes en striking plus évoluées. Si je mets les deux dans un combat de lutte, ce serait très chaud. Mais si j’ajoute le striking de Georges..." Reste à mettre tout ce beau monde autour de la table pour vérifier la véracité de tout ça dans l’Octogone. On l’a compris, cela ne se fera peut-être pas. Mais ce serait bien dommage. Légende contre roi, l’affiche est trop belle. 

Alexandre HERBINET (@LexaB) avec Jonatan MACHARDY (Jonatan_M13)