
Boxe: Yoka-Cissokho-Bauderlique, Paris 2024 dans un coin de la tête
Il y a eu de la controverse et des polémiques, demandez donc à Mourad Aliev, et le bilan comptable est resté vide. Cinq ans après la moisson de Rio et les six médailles de la "Team Solide", l’équipe de France olympique de boxe n’a pas ramené la moindre breloque des Jeux de Tokyo cet été. Une déception – tous les qualifiés avaient le potentiel de monter sur le podium – et un rappel que le chemin vers le succès sera tout sauf aisé pour les pugilistes qui défendront les couleurs tricolores à la maison lors des JO de Paris 2024. Mais la France aura peut-être un avantage dans sa quête de médailles : le retour possible des héros de 2016.
Alors qu’ils vont évoluer ce vendredi soir dans le superbe écrin de Roland-Garros dans le cadre de leur carrière professionnelle, une première pugilistique depuis quarante-sept ans pour l’enceinte de la Porte d’Auteuil qui avait vu boxer dans le passé Marcel Thil, Marcel Cerdan ou encore Jean-Claude Bouttier face au légendaire Carlos Monzon, Tony Yoka (médaillé d’or en super-lourds; 10-0 chez les pros), Souleymane Cissokho (médaillé de bronze chez les welters; 13-0 chez les pros) et Mathieu Bauderlique (médaillé de bronze chez les mi-lourds; 20-1 chez les pros) gardent la boxe amateur dans un coin de la tête sans cacher un certain appétit en vue de Paris 2024. Où la boxe se disputera, comme un clin d’œil, à… Roland-Garros.
Depuis 2016, les pros peuvent redescendre en boxe olympique pour participer aux Jeux, à l’image de Tokyo où on a notamment vu évoluer la Française Maïva Hamadouche ou encore les Américains Keyshawn Davis (argent chez les légers) et Duke Ragan (argent chez les plumes) et l’Ouzbek Bakhodir Jalolov (or chez les super-lourds). Et ce n’est pas tombé dans des oreilles de sourds du côté de nos anciens médaillés. "On va ouvrir le bal de la boxe à Roland-Garros avant les Jeux de Paris 2024", rappelle Cissokho dans un sourire malicieux. Avant de mettre les pieds dans le plat: "Qui sait? Peut-être que parmi nous, il y en aura certains aux Jeux. En tant qu’ancien membre de la Team Solide, je vous le dis, on y pense tous. Personnellement, j’ai Paris 2024 dans un coin de ma tête."
"Je veux cette médaille d'or"
Un discours confirmé à RMC Sport, où le boxeur français officie en tant que consultant pour l’émission Fighter Club et les soirées boxe, sans oublier de préciser que l’idée l’avait déjà titillé avant la dernière édition des Jeux: "Je suis plus que sérieux. Ce que j’ai vécu aux Jeux était exceptionnel. J’ai longtemps hésité à faire Tokyo 2020 mais comme ça s’est décalé d’une année, je me suis dit que je restais concentré sur ma carrière professionnelle. Mais je ne suis pas du tout fermé à Paris 2024. J’ai encore Rio dans la tête, je veux cette médaille d’or et ce sera trop tard après donc ce sera 2024 ou rien."
Actuel détenteur de la ceinture WBA Inter-Continental des super-welters, qu’il défend ce vendredi face au Russe Ismail Iliev, Cissokho devra d’abord continuer son chemin vers son objectif de titre mondial pro avant de revenir grimper l’Olympe. "C’est ce qu’on veut, bien sûr: avoir une chance mondiale, gagner cette ceinture et ensuite se concentrer sur les Jeux. On continue à monter, on va essayer de faire les bons combats qu’il faut pour grimper dans les classements et avoir cette chance mondiale le plus rapidement possible. Ça dépendra de pas mal de choses mais je pense que j’aurai ma chance d’ici 2023." Ce qui ouvrirait ensuite la porte à l’aventure olympique de 2024. Où il pourrait (devrait?) ne pas être seul à tenter un retour.
"Je sais que Mathieu Bauderlique et Estelle Moselly (en or chez les légères à Rio; 9-0 chez les pros, ndlr) y pensent aussi, confirme Cissokho. Ça peut être quelque chose de cool de voir les boxeurs de la Team Solide revenir pour Paris 2024. Ce serait exceptionnel." Yoka, opposé ce vendredi au Croate invaincu Petar Millas pour son onzième combat pro, partage cette envie même s’il sait que son statut et sa "conquête" mondiale lancée en pleine lumière médiatico-populaire l’obligent presque à atteindre son objectif avant de pouvoir repenser aux anneaux. "J’ai ces Jeux dans un coin de ma tête, c’est sûr, a confié le boxeur français au journaliste Saïd El Abadi (CNews). Si d’ici là je ne parvenais pas à devenir champion du monde, c’est vrai que ça ne sonnerait un peu comme un retour en arrière. Mais si d’ici là, j’ai une ceinture, ce serait un bon objectif."
Et même plus grand qu’une ceinture mondiale à écouter Cissokho: "Entre les deux, je choisis champion olympique! C’est trop exceptionnel. Pour moi, c’est le plus fort des titres. Aux Etats-Unis, c’est vrai que c’est plus un titre mondial chez les pros qui compte mais par rapport à ma culture, champion olympique, c’est incroyable. Champion du monde est aussi un titre que tu as à jamais mais ça n’a pas le même impact que d’être champion olympique. Pour moi, c’est le Graal. Il n’y a rien au-dessus." Brahim Asloum, dont on cite bien plus l’or aux Jeux en 2000 que le titre mondial pro de 2007, peut confirmer.