
Boxe: Pourquoi le choc Fury-Joshua a un obstacle de moins sur sa route
Pour comprendre les méandres du business de la boxe, il faut savoir jongler entre batailles en coulisses et bagarres entre les cordes. Et si ce n’est pas souvent au bénéfice du public, à l’image du choc entre Floyd Mayweather et Manny Pacquiao qui avait eu lieu quelques années trop tard, cela peut parfois être le cas. Dillian Whyte vient d’en apporter un exemple. Challenger officiel et obligatoire pour la WBC, le poids lourd britannique qui attendait sa chance mondiale depuis longtemps devait affronter le champion de cette organisation, pour l'instant son compatriote Tyson Fury, dans les premiers mois de l’année 2021 après un troisième rendez-vous sur le ring entre le "Gypsy King" et l’ancien champion Deontay Wilder qui devrait avoir lieu en décembre. Une situation qui repoussait la perspective de voir Fury croiser les gants avec un autre Britannique, Anthony Joshua, détenteur des ceintures WBA Super-IBF-WBO, pour un combat d’unification totale de la catégorie pour lesquels les deux champions ont déjà trouvé un accord pour 2021.
Pulev et Wilder, les deux derniers obstacles
Mais le Russe Alexander Povetkin a tout bousculé. Opposé à Whyte ce samedi à Brentwood, près de Londres, dans le cadre du Matchroom Fight Camp, l’ancien champion WBA "régulier" a d’abord semblé se diriger vers une défaite après avoir été mis deux fois au sol par le Britannique au quatrième round dans un début de combat où il était dominé sans discussion. Mais chez les lourds, un seul coup peut tout changer, et un terrible uppercut du gauche lors de la cinquième reprise a suffi pour terrasser Whyte, lumière éteinte en une seconde. Résultat? Povetkin récupère la ceinture WBC "par intérim" et la place de challenger officiel et obligatoire pour cette organisation. Conséquence pour Fury-Joshua? C’est Mauricio Sulaiman, président de la WBC, qui avait expliqué la situation à Boxing Social il y a quelques jours: "Quelqu’un qui remporte le droit d’être challenger officiel et obligatoire le devient à partir de la date de sa victoire pour un an".
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Si Whyte devait bénéficier de ce statut dans les premiers mois de 2021 (février était le mois précis mais cela aurait eu de toute façon lieu plus tard vu le timing pour Fury-Wilder III), Povetkin pourra donc attendre août 2021 – s’il ne refile pas son statut à Whyte d’ici là, le promoteur du Britannique Eddie Hearn ayant confirmé qu’ils allaient activer avant la fin de l’année la clause de "revanche" présente dans le contrat de ce premier combat – et laisser d’ici là le champ libre au choc Fury-Joshua dans les premiers mois de l’année prochaine. Il suffira désormais que Fury batte une nouvelle fois Wilder (qui a vu un certain Floyd Mayweather lui proposer ses services pour l’entraîner dans cette perspective) et que Joshua se débarrasse du Bulgare Kurbat Pulev, son challenger officiel et obligatoire IBF qu’il doit affronter en décembre, pour voir ce choc tant attendu se matérialiser. La WBO pourrait entre-temps tenter de faire aussi entrer dans la danse son challenger officiel et obligatoire, l'ancien champion unifié des lourds-légers Oleksandr Usyk, mais le fait que l'Ukrainien et Joshua soient tous les deux liés à Matchroom facilitera le fait de le voir se mettre de côté.
"Portez vos c... et combattons!"
Pas encore fait donc, loin de là, surtout dans cette catégorie où il ne faut surtout pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, mais on s’en approche de plus en plus. "Si Pulev ne bat pas Joshua et que Fury réussit à battre Wilder, on pourra se tourner sans aucun obstacle vers un combat Fury-Joshua, le plus gros combat de poids lourds de cette génération", a confirmé Bob Arum, patron de Top Rank et co-promoteur du "Gypsy King", au micro de la chaîne YouTube IFL TV. "Eddie Hearn essayait de protéger Joshua, de mettre un obstacle sur la route avec Whyte, a analysé Tyson Fury pour BT Sport. Le plus gros combat à faire est moi contre Joshua alors faisons-le. Arrêtez de fuir, arrêtez de chercher des excuses, portez vos couilles et combattons!" En un KO destructeur, Povetkin a sans doute accéléré le processus.