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Boxe olympique: le déconfinement se précise, retour à l’INSEP le 2 juin (sans opposition)

INFO RMC Sport - En attente de date pour reprendre le chemin de l’INSEP, le groupe de boxe olympique a vu le directeur du vaisseau-amiral du sport français, Ghani Yalouz, lui accorder une reprise au 2 juin. Même si, comme pour tous les sports de combat, les contacts et donc la mise de gants en opposition resteront interdits.

Le vaisseau-amiral du sport français se prépare à revoir ses troupes. Alors que Ghani Yalouz, directeur général de l’INSEP, et ses équipes travaillent à la reprise des activités dans les installations du bois de Vincennes (réquisitionnées pour accueillir des malades du Covid-19 au plus fort de l’épidémie), après la parution du décret ministériel permettant à près de 5000 sportifs de haut niveau et aux sportifs professionnels de retrouver l’entraînement dans les équipements accessibles dans le respect de strictes mesures sanitaires, chaque Fédération organise ce retour et peaufine son plan avec l’INSEP et l’Agence nationale du sport. 

Pour la boxe olympique, par exemple, la décision est tombée ce jeudi de la voix de Ghani Yalouz. John Dovi, manager de l’équipe de France, et son staff avaient proposé le 25 mai, avec un programme bien établi. Ce sera une semaine plus tard, le 2 juin. Avec une particularité partagée par le noble art et certaines autres disciplines: l’impossibilité toujours maintenue de pratiquer, nature du sport oblige. "Le ministère a donné ses directives, explique John Dovi. Tout ce qui est sports de contact, on attend encore. Tu peux aller courir ou faire d’autres activités physiques avec les boxeurs avec quelques mètres carrés autour de chacun pour respecter la distanciation sociale, ou faire du physique dans une salle mais à pas plus de dix personnes."

"A mon avis, on ne pratiquera pas jusqu'en juillet"

Toujours pas de mise de gants en opposition, donc, mais l’essentiel est ailleurs avec cet horizon 2 juin enfin fixé. Retrouver l’INSEP et un semblant de normalité dans une vie de sportifs en quête d’un objectif olympique décalé d’un an. "A mon avis, on ne pratiquera pas jusqu’en juillet au moins, reprend le manager de l’équipe de France. Ce n’est pas le ministère qui va décider mais l’avancée de la pandémie et du virus. J’ai même peur de cette deuxième vague dont on nous parle de plus en plus. On ne peut pas faire d’oppositions mais on a surtout envie de récupérer un peu les mecs. Tout le monde pète des plombs et ça ferait du bien à tous. Il faut qu’on puisse faire des examens médicaux sur les athlètes mais surtout être entre nous, manger ensemble, retrouver ces bases car c’est ce qui leur manque aujourd’hui." 

Il fallait encore régler des détails, comme l’aménagement du self à l’heure de la distanciation sociale, mais tout est bien en ordre de marche. "L’INSEP compte par exemple ne mettre qu’un seul boxeur par chambre pendant", précise John Dovi. Qui a déjà son plan de bataille. "On avait anticipé Le premier stage durera deux semaines, alors que d’habitude on ne fait pas de stages aussi longs, à l’INSEP, et ce ne sera pas un stage de physique et de technique, car on ne peut pas, mais de retrouvailles. On va faire d’autres activités, un peu de canoë-kayak si on peut, avoir le temps de retrouver cette notion de groupe. Les Jeux sont reportés donc on a le temps. Deux semaines après, ils reviennent et on fait un stage un peu moins long, dix jours. Si on a la possibilité, on fera un peu plus de technique, juste un tout petit peu d’intensité, pas plus, pour retrouver le travail boxe. Puis ils rentrent encore deux semaines chez eux avant un stage prévu à Bugeat en Corrèze. On sera entre nous, au mois de juillet et j’espère qu’on pourra commencer à castagner un peu car il va falloir s’y remettre à un moment."

Très impactée, la pratique de la boxe n’est même pas la plus touchée dans les sports de combat. "C’est de la percussion, donc effectivement il y a du contact quand il y a du corps-à-corps, mais le pire, c’est pour les lutteurs ou les judokas. Tu ne peux pas lutter à distance. Nous, à la limite, on peut dire aux mecs de se toucher à peine, de juste se déplacer sur les jambes, face à face, faire un peu de shadow boxing (combattre un adversaire imaginaire), presque simuler, même si c’est impensable de travailler à distance à long terme. Mais les lutteurs, ils simulent quoi ? S’ils ne s’attrapent pas, ce n’est pas possible."

Si le contact reste impossible, se retrouver le 2 juin à l’INSEP permettra de briser la monotonie et le poids du confinement pour le groupe boxe olympique. "On a mis tout un travail en place et on n’a laissé personne seul, rassure John Dovi. On fait des visio-conférences toutes les semaines avec des thèmes différents, comme par exemple les contrôles antidopage, pour les tenir. On vérifie leur poids tous les jours, il faut qu’ils envoient ça sur un groupe WhatsApp. On a fait un maintien sans trop leur prendre la tête non plus. On a aussi fait des séances physiques en groupe par visio, juste pour garder ce lien. Mais là on sent que les mecs commencent à lâcher un peu…"

"Le choc psychologique a été fait au moment de l'arrêt du tournoi de qualification olympique"

D’autant que l’arrêt a été très brutal pour cette discipline, stoppée en plein tournoi de qualification à Londres mi-mars avec la suspension de la compétition en raison de la pandémie grandissante. "Sofiane Oumiha devait se qualifier le lendemain, il avait les larmes aux yeux quand je lui ai dit que ça s’arrêtait, raconte le manager de l’équipe de France. On a pris des gars qui allaient monter sur le ring et on leur a dit: 'C’est fini'. Tous les gens me demandent comment nos boxeurs se remettent du fait que les Jeux soient reportés mais je crois que le choc psychologique, il a été fait au moment de l’arrêt de ce tournoi."

Et désormais, plus rien ne rentre dans la catégorie certitudes. "On ne sait encore rien sur la suite, conclut John Dovi. J’entends par exemple de plus en plus parler d’une annulation des Jeux l’an prochain si la pandémie reste active. Soit on arrive en septembre-octobre et c’est en bonne voie, mais si jamais à ce moment-là on repart sur un truc similaire, ça va être très, très compliqué, à moins qu’ils ne trouvent le vaccin, et encore car il faudra le produire rapidement et que les Japonais mettent une pression pour qu’il y ait une sorte de priorité sur les Jeux et les potentiels participants, Il y a beaucoup d’argent en jeu mais ce serait logiquement difficile à imaginer." En attendant, la vie reprend le 2 juin pour la boxe olympique française.

Alexandre HERBINET (@LexaB)