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Boxe: Les détails de "l’accord" entre Fury et Joshua... et pourquoi c’est encore loin d’être fait

L’annonce d’un accord financier entre les Britanniques Tyson Fury, champion WBC des lourds, et Anthony Joshua, détenteur des ceintures WBA Super-IBF-WBO, pour deux combats d’unification totale de la catégorie reine en 2021 a mis le monde du noble art en ébullition. Si les détails de cet "accord" commencent à sortir, avec un gros chèque pour chacun à l’horizon, il reste encore des étapes à franchir pour voir se concrétiser cette perspective.

Le monde de la boxe est en ébullition. Annoncée par le promoteur Eddie Hearn, et confirmée par le "Gypsy King" lui-même, la nouvelle fait saliver tous les mordus de noble art: Tyson Fury et Anthony Joshua ont trouvé un accord pour deux combats en 2021. Si la chose n’est pas aussi simple que ça, avec encore quelques obstacles à surmonter pour faire de cette perspective une réalité, on en sait désormais plus sur les détails de cet "accord". Bob Arum, le promoteur américain de Fury via sa société Top Rank, a expliqué que la bourse du premier combat serait partagée à 50-50, une information confirmée par Frank Warren, l’autre promoteur du champion WBC des lourds via Queensberry Promotions. 

Un partage aujourd’hui logique mais auquel Fury n’aurait pas pu prétendra il y a à peine plus d’un an, quand Joshua était encore l’invaincu champion WBA Super-IBF-WBO (titres récupérés en prenant sa revanche sur Andy Ruiz Jr, l’homme qui lui avait infligé sa première défaite) et lui l’ex-champion en quête d’un retour sur le trône. Selon Arum, la revanche serait à 60-40 en faveur du vainqueur du premier combat, qui deviendrait le premier champion unifié et incontesté des lourds depuis Lennox Lewis, un autre Britannique, il y a vingt ans et le premier de l’histoire à quatre ceintures majeures, la WBO ayant depuis été reconnue par les trois autres organisations. 

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Reste ensuite à connaître le montant que les deux pugilistes pourraient toucher pour ce choc 100% britannique, plus gros combat de l’histoire de la boxe outre-Manche. "Ils pourraient prendre entre 60 et 70 millions de dollars chacun, et le double avec une revanche", estime Frank Warren pour ESPN. Ce qui en ferait le premier combat de l’histoire de la boxe britannique avec une bourse globale à plus de 100 millions de dollars. Le patron de Queensberry Promotions, dont le communiqué publié hier explique que "les choses vont dans la bonne direction" et qu’un "potentiel super-combat est à portée de mains", tient tout de même à calmer les ardeurs en rappelant que rien n’est encore officiel: "On a toujours su qu’un accord se ferait à 50-50 et avec une revanche. Mais à part ça, aucun accord n’est encore trouvé sur le reste et aucun contrat n’est signé."

Le communiqué de sa société précise que "les lieux, les dates et de nombreux autres termes clés" ne sont pas encore convenus entre les deux parties. Selon Eddie Hearn, patron de Matchroom Boxing et promoteur de Joshua, l’Arabie Saoudite – où a eu lieu la revanche entre Joshua et Ruiz en décembre dernier et où Fury a disputé un combat de... catch avec la WWE – ou un autre pays de la péninsule arabique sont des destinations possibles même si la Grande-Bretagne serait le scénario rêvé pour les fans des deux boxeurs avec par exemple un Wembley qui se remplirait jusqu’aux cintres. Il y a aussi l’option Las Vegas, cadre des plus grandes batailles de noble art, et Hearn évoque également des approches existantes venues de Chine pour ce qu’il prévoit comme la plus grosse vente de pay-per-views de l’histoire outre-Manche. 

"On regardera différentes options, confirme-t-il pour ESPN. On parlera avec l’équipe de Fury et on fera en sorte que les deux combattants soient d’accord sur le lieu où ce combat doit avoir lieu." Il faudra aussi régler la question des droits télévisés et du diffuseur avec les deux parties. Bref, il y a encore du boulot. Mais l’accord financier, souvent le plus difficile à trouver comme on l’a trop longtemps vu avec Floyd Mayweather et Manny Pacquiao, est un cap énorme de franchi, sans doute le plus important. Pour concrétiser tout ça, Fury et Joshua devront surtout assurer sur le ring. Car c’est sans doute là que se cache la plus grande incertitude.

La menace Oleksandr Usyk

L’invaincu "Gypsy King" (30-0-1 ; 21 KO), qui a annoncé sur Instagram vouloir passer ses diplômes pour devenir psychologue à l’issue de sa carrière, devra une nouvelle fois battre l’Américain Deontay Wilder dans leur troisième combat prévu avant la fin de l’année, dans un lieu encore à décider selon l’évolution de la crise sanitaire. Il pourrait ensuite avoir à affronter son compatriote Dillian Whyte, ancien adversaire de Joshua en décembre 2015, son challenger officiel pour la WBC contre qui la défense obligatoire était prévue pour maximum février 2021. Hearn, également promoteur de Whyte, a confirmé qu’il ferait tout son possible pour que son poulain puisse avoir sa chance, attendue depuis longtemps. 

"AJ" (23-1, 21 KO), lui, devra d’abord battre son challenger officiel et obligatoire IBF, le Bulgare Kubrat Pulev, un combat prévu en juin et reporté à une date encore inconnue en raison du coronavirus. Il pourrait aussi avoir à passer par un autre challenger officiel et obligatoire, version WBO, l’Ukrainien Oleksandr Usyk, ancien champion unifié à quatre ceintures des lourds-légers monté chez les lourds, une véritable menace pour Fury-Joshua vu son talent si la WBO insiste pour que la défense obligatoire ait lieu avant l’unification totale. Les choses avancent dans la bonne direction. Mais il faudra encore quelques vents favorables pour voir deux fois Fury face à Joshua pour les quatre ceintures en 2021. 

Alexandre HERBINET (@LexaB)