
Violences sexuelles dans le patinage: Gailhaguet annonce sa démission
"J’ai pris avec philosophie et dignité, mais sans amertume aucune devant son injustice, la tête haute, la sage décision de démissionner de mon poste de président de la Fédération." C’est par ces mots que Didier Gailhaguet, le président de la Fédération des sports de glace a annoncé samedi, à l’issue d’un conseil fédéral extraordinaire, son départ de la FFSG. Maryvonne del Torchio, présidente du conseil fédéral, assurera l'intérim.
Mais avant cela, l’homme, que l’on a senti blessé et désireux de laver son honneur, a souhaité livrer sa vérité. Gailhaguet, auquel on a pu reprocher de ne pas avoir de mots pour les victimes des scandales sexuels, a expliqué qu’il n’avait eu de cesse de penser à elle et à leurs "parcours lâchement brisés par quelques salauds".
Gailhaguet dénonce la "dictature ministérielle"
Dans le duel qui l’a opposé à la ministre des Sports, Roxana Maracineanu,, laquelle exigeait sa démission depuis lundi, Didier Gailhaguet ne voulait pas quitter le ring sans asséner un dernier uppercut à l’ancienne nageuse et sa "dictature ministérielle". "Une Fédération même délégataire n’est ni la justice ni la police, ni le ministère des Sports.
Elle n’est pas là pour se substituer à eux", a-t-il d’abord rappelé, comme pour se décharger de toutes responsabilités. "De ces faits éloignés, personne à la Fédération n’était au courant", a-t-il même ajouté. "J’ai été écouté par le ministre mais je n’ai pas été entendu, par la ministre, a-t-il déclaré." Une ministre à la recherche, selon lui, d’une "victime sacrificielle".
Gailhaguet était-il au courant ?
Didier Gailhaguet était empêtré dans un scandale de violences sexuelles dans le patinage après les révélations de plusieurs médias et les nombreux témoignages qui ont suivi, dont celui d’Hélène Godard qui accuse son entraîneur de l’époque, Gilles Beyer, de viols lorsqu’elle avait entre 13 et 14 ans. Quatre entraîneurs sont aujourd’hui mis en cause (Gilles Beyer, Michel Lotz, Jean-Roland Racle et Pascal Delorme).
S’il n'est pas directement impliqué ni même accusé, Didier Gailhaguet essuyait, ces derniers jours, un torrent de critiques sur sa gestion des cas dont il aurait eu connaissance. On lui reproche a minima d’avoir couvert certaines affaires. Le président de la FFSG continuait de clamer haut et fort sa bonne foi dans la gestion des affaires en question, et reste convaincu qu’il n’a pas commis la moindre faute, même s’il avait reconnu quelques erreurs.
Il y a un peu plus d’une semaine, l’Equipe publiait une immense enquête sur les violences sexuelles commises sur des athlètes mineures dans les années 70 et 80 dans le milieu du patinage et de la natation. Au lendemain de ces révélations, le livre-témoignage de Sarah Abitbol, - Un si long silence (Plon) - sortait dans les librairies, entraînant l’ouverture d’une enquête judiciaire. Depuis dix jours, les témoignages se multiplient, jetant une ombre sur la conduite des affaires de la Fédération ces quarante dernières années.