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Worley : « Je n’ai plus peur »

Tessa Worley

Tessa Worley - -

Douze jours après son opération du genou droit, Tessa Worley a accordé ses premiers mots à RMC Sport. La championne du monde du géant, qui a digéré son forfait pour les JO de Sotchi, ne doute pas de sa capacité à revenir au plus haut niveau.

Tessa, comment allez-vous physiquement après votre opération ?

Ça va plutôt pas mal. Je ne peux pas m’appuyer complètement sur mon pied et j’aurai des béquilles pendant encore un petit bout de temps mais je trouve que l’évolution est bonne. Je suis agréablement surprise et j’espère que ça va continuer comme ça.

Quel est votre programme de rééducation ?

Pour l’instant, j’en suis à la première phase. On fait beaucoup d’exercices de contraction pour ne pas trop perdre le geste. Il y a de l’électrostimulation, on travaille un peu la flexion. C’est beaucoup de répétition et il faut de la patience pour attendre que le genou soit bien cicatrisé et dégonfle bien. Il faut attendre 45 jours après l’opération pour passer à des choses un peu plus sérieuses. Je savais que ce serait laborieux. On avance pas à pas. Il faut surtout garder cette motivation tout au long de la rééducation.

Comment va le moral ?

Ça va bien mieux que le jour de la blessure (le 17 décembre lors du slalom de Courchevel, ndlr). Tout va bien parce qu’on voit presque le bout. Il me reste six mois de rééducation mais on a presque passé le plus dur. Maintenant, c’est beaucoup de travail et parfois un peu de douleur, même si ce n’est pas le cas en ce moment. Il faut de la détermination mais je ne crois pas que j’en manque. Les doutes de la blessure se sont un peu évaporés parce qu’on sait ce que c’est, on est très bien encadré et on connait le protocole.

Vous êtes-vous fixé un calendrier ?

Je pourrais le faire mais je ne préfère pas. Il faut surtout avancer en fonction de son genou. Il faut l’écouter. Le retour sur les skis se fera quand je serai prête. Normalement c’est à six mois et j’espère que ce sera comme ça parce que j’aurai envie de retrouver les skis à ce moment-là. Mais il ne faut surtout pas précipiter les choses et brûler des étapes. Je veux ne faire plus qu’un avec mon corps avant de lui en redemander beaucoup. Là, je lui en ai demandé un peu trop et il me l’a fait comprendre. (Sourire.)

Est-ce la clé de vous être tout de suite plongée dans cet objectif de la rééducation ?

Je ne sais pas si c’est la clé mais il faut relativiser la chose. Je suis encore jeune (24 ans, ndlr) et la blessure arrive fréquemment dans notre sport. Il y a eu une série noire en équipe de France et je sais que certains ne sont pas dans le même état que moi aujourd’hui. Il y a d’autres beaux objectifs après les JO de Sotchi. Je sais qu’avec du travail je peux retrouver mon niveau d’avant. J’espère être aux prochains Jeux dans quatre ans.

« Marion Rolland, c'est l'exemple parfait »

On dit parfois qu'on est un vrai skieur ou une vraie skieuse une fois qu'on s'est fait un ligament...

Certains m’ont dit : « Maintenant, t’es une vrai skieuse ! » C’est vrai que les statistiques sont un peu effrayantes. On est tous passé par là. Il y a une petite marque de passage pour tout le monde. Je vais déposer la mienne cette année mais j’espère ne pas revenir tout de suite.

Avez-vous rapidement fait le deuil des Jeux ?

Oui. Avec le recul, on pense d’abord à son corps. Je lui ai fait subir des choses intenses et il a lâché. Moi qui n’avais jamais vécu de grosse blessure, je ne me sentais pas invincible mais plus forte que ça. Au-delà des Jeux, c’est la santé qui compte. J’ai envie de pouvoir continuer à skier pendant de nombreuses années et faire des choses au-delà de ma carrière. Ce sera une année de reconstruction et je vais essayer de me servir de cette blessure pour grandir et m’améliorer sur plein d’autres points.

Comment vivez-vous votre rôle de spectatrice désormais ?

C’est vrai que ça fait bizarre. Je n’avais pas raté une étape depuis que je suis en Coupe du monde. Surtout que le géant de Val d’Isère était deux jours après ma blessure. Je m’étais projetée dessus. C’était la deuxième étape française et elle me tenait forcément à cœur. C’était difficile de regarder les autres courir parce que c’était encore frais. Mais petit à petit, on sort un peu du milieu et on entre dans d’autres objectifs.

Allez-vous regarder les courses olympiques, et notamment le géant ?

Oui, je veux absolument le regarder. Je ne veux pas rater une course. Ça peut m’apporter des choses de regarder les autres skier. Je serai sur ma table de kiné, en train de bosser dur, et je regarderai les autres faire la compétition.

Avez-vous des contacts avec Marion Rolland, autre championne du monde de 2013 (descente) qui est également privée des JO en raison d'une blessure au genou ?

Oui, on s’est appelé. Marion est passée plusieurs fois par cette épreuve. Elle m’a vraiment conseillée et aidée à passer le cap, comme d’autres personnes. On se rend quelques visites. Elle devenue championne du monde après une blessure. C’est l’exemple parfait.

Qu'est-ce qui est le plus dur dans cette période ?

C’est de vivre l’inconnu. Mais j’ai vraiment l’impression d’être sur des rails et je n’ai plus peur.

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La rédaction