
Mondiaux : un report qui n’arrange peut-être pas Pinturault

Alexis Pinturault - AFP
On peut prendre le problème par tous les bouts. Se dire que cela peut perturber l’approche de l’événement, en l’occurrence les Mondiaux à Beaver Creek. Ou au contraire permettre d’enlever un peu plus la pression en travaillant dessus quelques heures de plus. Se dire que cela ne change rien. Ou que cela change tout. Se dire que c’est une simple péripétie. Ou y mêler un côté superstitieux et imaginer le pire à cause de ça. Difficile de bien comprendre ce qui se passe dans la tête d’un skieur quand on reporte de 24 heures une course de championnats du monde, ce super-G qui passe de mercredi à jeudi dans le cas précis.
Comme ses camarades de l’équipe de France et le reste de leurs concurrents, Alexis Pinturault va devoir gérer cette situation tout sauf rare dans le grand cirque blanc. « Dans nos épreuves, les gars ont l’habitude d’attendre, confirme Patrice Morisod, responsable de l’équipe de France de vitesse. Repousser d’un jour n’est pas un gros souci. » Sauf que le skieur de Courchevel n’a pas la même programme que les autres. Polyvalent, ambitieux, « Pintu » s’aligne sur quatre disciplines aux Mondiaux de Beaver Creek. Un programme qui rend chaque caillou sur la route plus dangereux.
Amiez : « Parfois on se dit : ‘‘Pourvu que je ne tombe pas malade…’’ »
« C’est un peu gênant pour lui parce que ça va s’empiler et s’enchaîner vite après, explique Gilles Brenier, le patron des Bleus. Même dans l’attente, on laisse beaucoup d’énergie. On se concentre, la pression monte et c’est difficile parce qu’il faut refaire tomber tout ça et tout remettre en place. Quand on dispute une épreuve, c’est assez simple. Mais quand on en dispute quatre comme lui, ça se complique. Il faut aménager des temps de récup’ et des temps où il peut relâcher pour mieux se reconcentrer derrière. Il y aura le jour de la descente, qu’il ne fait pas, où il pourra récupérer un peu pour préparer le super-combiné du jour suivant. Mais ça fait partie du jeu. On fait un sport de plein air et il faut parfois s’armer de patience. Les gars vont se remobiliser et ils seront prêts au départ. » Membre de la Dream Team RMC Sport, Sébastien « Bastoune » Amiez a connu ce genre de situations au cours de sa carrière sur les spatules.
« Ce n’est pas facile à gérer, juge le vice-champion olympique 2002 de slalom. Les descendeurs sont un peu plus préparés à ça. Pour Alexis, c’est plus compliqué. Sur les grands évènements, tous les jours comptent. Il y a des journées d’entraînements où il faut préparer les disciplines techniques pour la deuxième semaine. C’est un jour de repos en moins même si c’est plus gênant quand tu es un peu limite sur le plan physique, ce qui n’est pas le cas d’Alexis. Mais ça fait partie du métier de skieur de gérer ces paramètres. Ce qui n’est pas facile, c’est qu’on se conditionne mentalement. On essaie de planifier tout ça dans la tête pour le jour J. Là, il faut décaler tout ça, se remettre dedans, relâcher la pression. Et puis on ne sait jamais… Parfois on se dit : ‘‘Pourvu que je ne tombe pas malade cette nuit’’. Mais il est prêt mentalement. Il a beaucoup mûri avec l’expérience. »