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Kitzbühel: à 22 ans, Noël peut déjà entrer dans l'histoire

S’il s’impose ce dimanche sur la Ganslern, Clément Noël deviendra à seulement 22 ans le deuxième skieur de l’histoire de la Coupe du monde de ski alpin à réaliser deux années d’affilé le rarissime et mythique doublé Wengen-Kitzbühel en slalom. Le seul à l’avoir fait n’est autre que le Suédois Ingemar Stenmark, le plus grand skieur de l’histoire.

On peut avoir 22 ans et être au sommet de son art. Avec Clément Noël, la jeunesse n’est plus un délit depuis longtemps. Brillant depuis un an en Coupe du monde, le Vosgien en est déjà à cinq victoires et quatre podiums en 33 départs de Coupe du monde. A titre de comparaison, l’Autrichien Marcel Hirscher, huit fois d’affilé vainqueur de la gros globe de cristal entre 2012 et 2019 avait dû attendre son 38e départ chez les grands pour engranger sa première victoire. Alexis Pinturault, avait lui patienté jusqu’à son 42e. "C’est un super skieur, c’est un super technicien, je lui tire mon chapeau pour sa jeune carrière", reconnait d’ailleurs le leader de l’équipe de France. "Car c’est lui l’avenir de notre sport, et de l’équipe de France."

Une force unanimement reconnue

Un avenir qui se confronte aujourd’hui notamment à la vieille génération des slalomeurs de l’équipe de France et à son regard ultra-bienveillant. Celui par exemple du colosse Jean-Baptiste Grange, 35 ans et presque revenu sur les bancs de l’école de ski avec l’arrivée de Clément Noël en équipe première. "Ça fait deux ou trois ans que je le fréquente. J’apprends beaucoup de lui. Quand il a débarqué, il avait ce ski moderne, jeune. Ça m’a beaucoup aidé de le regarder faire, avoue le double champion du monde de la discipline (2011 et 2015). Aujourd’hui c’est ce qui se fait de mieux en slalom. Pour être un bon slalomeur il faut de la justesse technique, de l’engagement, de la prise de risques. Il a tout ça. Il a une capacité à lâcher ses skis dans la pente tout le temps. A Adelboden ou Wengen, ça passe ultra limite, mais c’est aussi une qualité. C’est déjà un très bon, et ce n’est pas fini."

Clément Noël
Clément Noël © AFP

Car Clément Noël est doté d’une force reconnue unanimement par son entourage. "Il a un détachement incroyable par rapport aux choses. Tout lui glisse dessus", explique Jean-Baptiste Grange. Ce que confirme d’ailleurs Thibaut Leduc, le directeur de Ventron, la station de ses débuts: "Enfant ou ado, il arrivait sur les courses comme s’il arrivait pour faire une partie de ping-pong au collège." Ses parents, Laurence et Jean Christophe, skieurs depuis toujours eux aussi acquiescent: "A l’école, les adultes le jugeaient mal au premier abord, parce qu’il dégageait une impression de nonchalance. Il avait des grands cheveux, il faisait un peu type surfeur, il arrivait en classe très cool. Mais le travail qui devait être fait, était fait."

Aucune tactique pour le petit globe de cristal

Résultat aujourd’hui, alors qu’il est désormais un skieur attendu au tournant par l’ensemble de ses adversaires, Clément Noël ne s’en fait pas un monde pour autant: "Je ne le vis pas mal. S'il y a des attentes autour de moi, c’est que c’est bon signe, c’est que les courses d’avant étaient bien, et que ce que je fais est plutôt prometteur. Après les attentes c’est pas que de la part des autres. J’ai aussi moi-même de l’exigence vis-à-vis de mes performances. Et puis ce n’est pas mal d’avoir un peu d’effervescence autour de soi. Ça permet de se motiver et de se concentrer à 100%. Mais je ne ressens pas plus de pression que ça."

Au point d’envisager une deuxième victoire d’affilé sur la Ganslern, une piste qu’il affectionne. "La victoire ici l’an passé, c’est mon plus beau souvenir sur la Coupe du monde, avoue Clément Noël. A Kitzbühel, il y a tout le poids de l’histoire et du mythe. S’imposer devant Hirscher et Pinturault c’était une journée idéale." Quant au petit globe de cristal de la spécialité, Clément Noël, actuel deuxième du classement, avoue ne pas vraiment y penser. Aucune tactique d’ici à la fin de la saison pour s’assurer de marquer des points: "Je veux gagner des courses, ici ce dimanche ou à Schladming mardi. Ça mérite de les jouer à fond et de ne penser qu’à ça. Il faut skier intelligemment bien sûr, il ne s’agit pas non plus débrancher le cerveau, mais il faut essayer de prendre des risques. Le classement du slalom ça viendra tout seul."

Arnaud Souque