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COP21 : quand le changement climatique impacte les skieurs

En marge de la COP21 qui s’ouvre officiellement ce lundi au Bourget, deux membres de l’équipe de France de ski, Thomas Fanara et Julien Lizeroux, témoignent de l’impact du changement climatique sur leur discipline.

Pendant 12 jours, le monde va placer le climat au cœur de ses préoccupations. 195 pays, 147 chefs d’Etat sont ainsi attendus au Bourget à l’occasion de la 21e « Conférence des parties » (COP21). Ils tenteront de s’entendre sur les grandes voies à suivre dans un objectif de lutte contre le changement climatique. Des échanges qui seront sans doute inégalement suivis par le monde du sport. Mais pour certains, les signes du dérèglement sont déjà bien visibles, avec des conséquences sur l’exercice de leur discipline.

C’est bien sûr le cas du ski, qui chaque année scrute l’arrivée de la neige, appelle son abondance, soupèse sa qualité. Chaque saison, la neige impose son lot d’épreuves annulées pour les pros. Si la Coupe du monde s’est bien lancée il y a un mois à Sölden (Autriche), les épreuves de Lévi (Finlande) n’ont pu avoir lieu il y a quinze jours, faute d’un manteau blanc suffisamment consistant. Ce week-end, Aspen (Etats-Unis) a bien pu accueillir le circuit.

En l’espace d’une décennie, les évolutions sont notables. Aujourd’hui âgé de 34 ans, Thomas Fanara, neuf podiums en Coupe du monde au compteur, témoigne ainsi du rétrécissement du glacier de Tignes, où s’entrainent régulièrement les membres de l’équipe de France. « Vers la fin octobre, on s’entraînait peut-être un kilomètre plus bas, explique Fanara. Sur ce glacier, on avait la capacité d’évoluer sur des pistes qui maintenant n’existent plus. Maintenant le glacier n’est plus praticable à ce niveau-là. Il était aussi beaucoup plus large. Il y avait plus de couloirs d’entraînement. »

Lizeroux : « On va être dans le dur »

Avec sa barbe fournie et son expérience de double vice-champion du monde (slalom et combiné en 2009 à Val d’Isère), Julien Lizeroux (36 ans) se montre plus engagé. « On fait des supers sommets sur le climat et l’environnement, mais rien que le fait d’amener tout le monde là, ça pollue plus que tous les efforts qui vont être faits pendant 15 ans », glisse-t-il avant d’assener son constat : « Depuis 10 ans je vois une grosse différence. Avant, on avait du froid et de la neige hyper lustrée, de la glace. Si on prend les 20 ou 30 derniers slaloms de Coupe du monde, il y en a au moins la moitié ou plus qui se sont déroulés sur une neige salée, c’est-à-dire sur de la neige humide où il pleut à la place de la neige. Ça veut dire que oui, ça se réchauffe un petit peu. »

Concernant la pratique pure de son sport, Lizeroux n’est pas inquiet. « Les technologies ont énormément évolué, observe le Savoyard. Maintenant, on arrive à faire de la neige de culture alors qu’il y a des températures positives. » Mais son optimisme s’arrête là : « Je ne suis pas inquiet, mais oui, on va être dans le dur. Ça va coûter de plus en plus cher, et ça va peut-être polluer de plus en plus. » Des mots qui rappellent les grands enjeux de la COP21.

la rédaction