
Gailhaguet : « Brian doit prendre une décision »

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Didier Gailhaguet, comment expliquez-vous la décevante troisième place mondiale de Brian Joubert ?
On ne gagnera pas un championnat, comme les Mondiaux ou les Jeux olympiques, en restant confortablement dans des schémas qui n’apportent pas la preuve de leur totale efficacité. Je ne remets pas en cause la capacité de Jean-Christophe Simond (entraîneur de Joubert) d’avoir apporté certaines choses à Brian. Mais la preuve est aujourd’hui faîte que ce n’est pas suffisant pour gagner.
Comment Brian doit-il se préparer pour gagner le titre olympique ?
Brian doit savoir ce qu’il veut. Il a 300 jours pour être champion olympique. C’est extrêmement peu et cela veut dire que chaque journée doit être consacrée à gommer les points faibles et accentuer les points forts. S’il décide de mettre en œuvre au quotidien ce travail d’orfèvre et s’il accepte de mettre en place une équipe digne de ce nom, véritablement professionnelle, pour le faire, je ne vois pas ce qui pourrait arrêter le plus grand talent du circuit de gagner. La Fédération est prête à le soutenir sur les plans moral et économique. Mais si elle n’arrive pas à le convaincre, il sera de sa décision de faire autrement mais nous aurons un peu de mal à accepter qu’il ne souhaite pas être avec nous si près d’une telle échéance.
Quelle serait l'équipe idéale pour l'entourer ?
Des coaches de très haut niveau, il en existe beaucoup sur le circuit. Il en existe moins qui ont des résultats et pas d’athlètes en compétition majeure avec eux. Partant de là, nous avons fait une liste et rencontré deux-trois personnes. Je ne peux pas concevoir que donner le maximum pour y arriver soit un sacrifice. Cela doit être un objectif. Je peux comprendre que des habitudes de vie soient prises en compte et qu’il ait besoin de se ressourcer de manière fréquente. Mais inversement, on aura du mal à me faire comprendre qu’une qualité moyenne d’encadrement peut amener à un titre olympique.
Doit-il quitter le cocon de Poitiers pour y parvenir ?
Il est évident qu’il faut s’ouvrir au monde extérieur de manière large mais que l’équipe qui le gère au quotidien à Poitiers doit être du plus haut niveau. Il est évidemment plus difficile de faire venir ces gens à Poitiers que de se rendre dans les grands centres d’entraînement très bien structurés. Brian a besoin d’une rigueur d’entraînement qu’il n’a pas qu’aujourd’hui. Ce n’est pas pour remettre en cause Jean-Christophe mais il faut bien admettre qu’on n’est pas premier et battu par moins fort.
Cela ressemble à un ultimatum…
Je ne vais pas prendre Brian Joubert avec une corde au cou pour l’amener où je voudrais qu’il aille. Ca doit être une volonté personnelle et la Fédération soutiendra le plan que nous lui présenterons. S’il n’en veut pas, nous tirerons les enseignements qui s’imposent et il n’aura plus notre confiance.