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Fourcade : « Je ne me sens pas de sacrifier ma vie pour mon sport »

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EXCLU RMC SPORT. Invité du Super Moscato Show sur RMC, Martin Fourcade a dressé le bilan de sa superbe saison. A 27 ans, le biathlète français, vainqueur de quatre Coupes du monde consécutives, a encore faim de victoires. Mais il ne s’imagine pas égaler le légendaire Ole Einar Bjoerndalen.

Martin, vous avez remporté la Coupe du monde pour la quatrième fois consécutive. Une première dans l’histoire du biathlon. Comment accueillez-vous cet exploit ?

Je suis fier. Si personne ne l’a fait avant, c’est que c’est dur. En tant que sportif, c’est un plaisir de réaliser quelque chose comme ça. Gagner une Coupe du monde, c’est une émotion beaucoup plus diffuse qu’une course d’un jour. C’est pour ça que c’est beaucoup plus fort. C’était vraiment l’objectif que je m’étais fixé dès mon retour de mononucléose. Ça n’a pas été facile, notamment en janvier, mais ça me tenait à cœur.

De quoi êtes-vous le plus fier cette saison ?

Mon nombre de victoires en Coupe du monde. Malgré une saison perturbée, j’ai réussi à être performant sur huit compétitions. Gagner le général, c’est une grosse preuve de régularité au plus haut niveau. Gagner huit courses, c’est la preuve que j’ai été aussi très performant. C’est sur ça que j’avais le plus de doute. Rester l’athlète le plus performant, ça me faisait un peu peur, je ne savais pas comment j’allais réussir à le gérer.

Avez-vous l’ambition de faire mieux que le Norvégien Ole Einar Bjoerndalen pour devenir le biathlète le plus titré de l’histoire ?

Non, parce que Bjoerndalen a 42 ans et il est toujours aussi performant. Au-delà d’un choix de carrière, c’est un choix de vie. Moi, je me sens pas de sacrifier ma vie pour mon sport. Je me régale en ce moment. Mais à l’âge qu’il a aujourd’hui, j’aurais sans doute envie de faire autre chose. Je pense qu’il y a pas mal de choses sympas à faire à côté. J’ai des envies pour plus tard qui ne sont pas celles de faire du biathlon à 42 ans. En même temps, en 2010, je me voyais arrêter après Sotchi (JO 2014). Aujourd’hui, j’y suis et je me vois continuer…

Que comptez-vous faire après votre carrière de biathlète ?

Je pense à des choses que j’aimerais faire plus tard. Après, il n’y a rien de vraiment concret. Mais j’adore le sport et j’aimerais travailler dans le milieu du sport, mais sans être dans la compétition au quotidien. Je ne me vois pas dans un rôle d’entraîneur, ni dans un encadrement technique. Après, tout ce qui est marketing sportif, des choses comme ça, ça m’intéresse.

Quels sont vos héros d’enfance dans le sport ?

J’étais fan d’Hicham El Guerrouj, le coureur marocain (champion olympique du 1500m et du 5000m en 2004). Et de Michael Phelps aussi. Ce qu’il a réalisé en natation, c’était ahurissant (18 médailles d’or olympique).

Le fait de devenir bientôt papa va-t-il changer votre approche de la compétition ?

Ça change forcément des choses. Après, c’est un choix. Ce n’est pas accident. Donc j’ai réfléchi avant à ce que je me sentais capable de faire ou pas.

Vous avez le projet de partir vivre en Norvège dans un futur proche…

C’est un vrai projet. On a envie de voyager, de faire un trip de quelques mois en tant que biathlète immergé dans le pays. Les Norvégiens aiment le biathlon, ils vont te reconnaître mais ils sont très distants, ils ne vont pas venir te déranger. Serez-vous au départ des épreuves de ski de fond la saison prochaine ? C’est une envie. Après, je n’ai pas encore défini mon calendrier. Je ne veux pas dire de bêtises. C’est un désir que j’ai. Il faut voir comment ça peut se goupiller. Mais oui, c’est quelque chose qui me branche.

Avec Camille Gelpi et Julien Richard