
Biathlon: Fourcade retraité, Fillon-Maillet ne veut pas d'étiquette de capitaine
Il peut de nouveau arpenter ses routes du Jura. Quentin Fillon-Maillet a repris l’entraînement le 1er mai dernier, comme tous ses camarades de l’équipe de France. Confiné d’abord. Et depuis lundi, comme tous les sportifs professionnels, le numéro 3 mondial de la saison dernière a pu retrouver une activité plus classique à cette période de l’année: avec les ski-roues et le vélo sortis du placard et le retour sous les barres de la salle de musculation, en attendant de retrouver le reste de l’équipe de France pour un premier stage début juin.
C’est de chez lui, en visio-conférence, que le Jurassien a évoqué son retour à l’entraînement après un confinement qu’il a vécu "avec du positif" chez lui dans le Jura, avec sa compagne. Après le départ à la retraite de Martin Fourcade, il visera le Gros Globe de cristal cette saison. Mais ne veut pas endosser de rôle de leader ou capitaine des Bleus.
Privé de vacances… mais frais mentalement
Le mois d’avril est traditionnellement synonyme de soleil et farniente loin de leurs montagnes pour les biathlètes. Mais à peine rentrés de la dernière étape de la saison, qui se déroulait en Finlande, le confinement a été décrété. Et c’est chez lui, dans le Jura, que Quentin Fillon-Maillet a passé son confinement.
"La fraîcheur mentale est là, assure-t-il. Mais c’est vrai que c’est un petit peu particulier. D’habitude en avril, je suis toujours parti en vacances, je vois beaucoup de monde… Donc ça a été pas mal de changements. Pour le moment ça va, peut-être qu’il y a une certaine lassitude d’être à la maison au bout d’un moment mais c’est pour tout le monde pareil, et il y a bien des sports qui sont plus touchés que les nôtres. Pour le moment, ce n’est pas une grande inquiétude pour moi. Globalement, on ne va pas changer notre préparation parce qu’on n’est pas partis en vacances au mois d’avril. Mais, simplement, il faudra peut-être adapter un tout petit peu la préparation sur des périodes où il y a un peu plus de latitude. Peut-être que je chercherai à prendre des petites vacances en début d’hiver, mais je n’y ai pas trop réfléchi pour le moment. Il y a déjà beaucoup de choses qui changent notre quotidien, on n’est pas sûrs de pouvoir partir à l’étranger pour des compétitions ou des stages, donc penser à mes vacances… Pour le moment je réfléchis à ma stratégie de préparation pour cet hiver."
Un confinement "positif"
"Je ne suis pas du tout quelqu’un qui va se morfondre et pleurer de la situation. Il y a toujours du positif quoi qu’il se passe, insiste-t-il. Aujourd’hui c’est vrai que on s’est retrouvés dans une situation inédite pour toute la planète, donc il faut savoir s’adapter. Et comme j’ai dit très souvent à ma copine quand elle a dû faire face au cancer, à chaque problème une solution, il suffit de prendre le temps de bien réfléchir pour trouver la clef. On trouve des solutions et au-delà de ça, ça a permis de voir les choses un peu différemment. On se reconcentre sur les choses un plus essentielles. Personnellement je passe plus de temps, en temps normal, avec mes coéquipiers de l’équipe de France qu’avec ma copine. Donc là j’ai passé plus de deux mois complets avec elle, elle était réjouie. On ne s’est pas disputé!"
Ski-roues, musculation au programme et bientôt du tir
Le centre national d’entraînement de Prémanon et le stade de biathlon des Tuffes dans le Jura, près de chez lui, rouvrent lundi. Quentin Fillon-Maillet va enfin pouvoir remettre des balles dans sa carabine: "Pour l’instant, on n’a pas accès au site de tir donc je suis très impatient. Je n’ai pas l’impression d’avoir pris du retard sur mon entraînement parce que, en temps normal, on a déjà repris le tir. Mais les choses ne sont pas à une semaine près ,surtout à cette période-là."
Pour sa première sortie post-confinement, le ciel jurassien chargé de pluie a joué avec les nerfs du numéro 2 français la saison dernière: "Je suis sorti pour un petit footing mais pas très loin de la zone des 1km, mais l’après-midi, j’ai pu faire une première séance de ski-roues. Ça fait toujours un peu bizarre après quelques mois sans les avoir mis, de reprendre le feeling, passer de la neige au bitume... mais ça s’est bien passé. Etonnamment, plus les années passes plus l’adaptation est rapide."
Reprise progressive et tests sérologiques
"C’est une reprise tranquille, détaille Quentin Fillon-Maillet. Les coachs ne nous ont pas chargés sur les premières semaines. Il faut une reprise progressive et on a aussi notre planning sur la musculation, qui est le point essentiel de la reprise de l’entraînement. Si je vais tout de suite sous la barre charger avec mon maximum, je vais avoir des courbatures pendant 4 semaines et ça va retarder un peu la suite des autres séances, donc la reprise doit être progressive aussi bien sur les ski-roues que sur le tir et la musculation. On réhabitue le corps à l’effort du ski-roues. On a aussi des consignes du staff médical, qui nous a demandé d’effectuer des tests sérologiques pour savoir qui a été touché ou non par le virus. Et ceux qui ont été touchés auront des tests un peu plus poussés, un test à l’effort et cardiaque pour voir si tout va bien, et même des tests pulmonaires."
Le retour en groupe début juin
Les biathlètes de l’équipe de France auraient dû se retrouver ce vendredi vendredi dans le sud de la France, pour un premier regroupement de la saison. Mais il a été annulé en raison de la situation sanitaire. Les Bleus ne se retrouveront que début juin pour un stage à Prémanon, à domicile pour lui.
"Avec les autres Jurassiens, on a choisi de rester loger chez nous pour éviter les contacts avec les autres athlètes du groupe, précise QFM. Et sur les repas, on sera un par table... Je n’appréhende pas forcément mais c’est un peu tristounet comme démarrage." Les athlètes qui séjourneront sur le site de Prémanon seront un seul par chambre, "avec des masques à porter dans les bus et le maximum de distance pendant les repas et les moments où on est tous en commun". "Je suis déjà content que l’on puisse avoir un stage début juin, il y en a qui poussent fort pour reprendre les compétitions, ou qui espèrent voir les Jeux se dérouler. On est seulement dans la préparation donc c’est moins d’inquiétude que pour d’autres sportifs", précise-t-il.
En attendant, la reprise se fait en solo: "On pratique déjà pas mal notre sport en individuel, on fait principalement les entraînements en solo ou en très petit comité. Donc l’accès sur le site des Tuffes sera presque comme d’habitude. Il faudra juste éviter d’installer les tapis (de tir) les uns à côté des autres et ne pas skier ensemble. Là-dessus, ce n’est pas une inquiétude pour l’entraînement. C’est juste la planification de tout ça, il va falloir donner nos créneaux d’entraînement. D’habitude on y va un peu quand on veut. Là il faudra des horaires bien précis. Et moi je suis toujours dans l’adaptation, si je me lève le matin et qu’il ne fait pas beau, au lieu de faire du ski-roues je fais la musculation et j’inverse l’après-midi s'il fait beau. Ce ce sera un peu plus compliqué, on sera moins dans l’adaptation."
Le leader après Martin Fourcade?
"Il y a un leadership sportif sur lequel je souhaite m’imposer en tant que meilleur français sur les compétitions cet hiver et après dans l’équipe, il n’y a pas forcément de capitaine, insiste Fillon-Maillet. Après le départ de Martin, je ne vais pas dire 'je suis le meilleur français donc c’est moi qui décide du parcours du jour, c’est moi qui prend la meilleure place dans le bus'. Il y a un aspect cohésion d’équipe qui est important. Il n’y a pas besoin de leader-capitaine comme dans une équipe de sport collectif à mon sens. On échange tous sur les pistes de travail, le fait que tout le monde s’ouvre à tout le monde, ça permet d’avancer plus vite tous ensemble. Cet aspect leadership n’est pas spécialement ressenti dans le groupe biathlon France et je ne souhaite pas instaurer une étiquette de capitaine ou de petit bleu."