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Amodio, un destin majuscule

Florent Amodio entre Joubert et Verner sur le podium des championnats d'Europe

Florent Amodio entre Joubert et Verner sur le podium des championnats d'Europe - -

Champion d’Europe à tout juste 20 ans, Florent Amodio a remporté son premier titre international. L’avenir appartient désormais au gamin d’origine brésilienne.

Florent Amodio sur un podium européen. Sur la plus haute marche. Le gamin de Sobral (Brésil) a bien grandi. Depuis sa naissance le 12 mai 1990, le champion d’Europe de Berne n’a cessé de tromper son propre destin. Abandonné à la naissance puis adopté à l’âge d’un mois par un couple de Français, l’enfant de l’arrière-pays brésilien a échappé à la misère et au football. Il s’envole alors pour la France. Direction Frémainville dans le Val d’Oise où il est adopté par Nadia, institutrice à la retraite, et Yves, informaticien.

Dans ce nouveau cocon familial, il découvre le patinage dès ses quatre ans. Il est doué et est logiquement remarqué par Bernard Glesser, premier Français à avoir réussi un triple axel. « J'étais en train de donner un cours et je vois passer un petit bonhomme entre mes jambes. J'ai trouvé qu'il avait un sacré coup de patin, se souvient l’entraîneur du club de Cergy-Pontoise. J'ai demandé à ses parents s'ils voulaient bien me le confier. Trois ou quatre mois après, il était déjà avec moi en stage. »

En 2007, juste après avoir obtenu son bac, Florent Amodio décide de retourner pour la première fois au Brésil. Il est accompagné par ses parents adoptifs. Il veut connaître ses racines, voir de ses yeux sa terre de naissance. « J'ai vu le pays où j'étais né, dit-il. J'ai enfin pu mettre une image sur mes pensées. Ça s'arrête là et c'est mieux comme ça. » Apaisé, le jeune homme possède aujourd’hui la double nationalité française et brésilienne. Mais pas question de tourner le dos à son pays d’adoption. « Je représente la France, c’est mon pays. Il n’y a aucun doute dans mon esprit. »

Des dizaines de reconnaissances de maternité

Ce fan de belles fringues a donc rendu à la France ce qu’elle lui avait offert. Aujourd’hui champion d’Europe, il ne cache pas la joie de connaître cette nouvelle notoriété. « Plus je suis connu, plus je ‘kiffe’. C’est génial. Je fais ma passion. Mais je ne me laisse pas emporter », livre-t-il simplement. Désormais connu dans son pays d’origine, il doit également faire face à des dizaines de reconnaissance de maternité. « Je l'ai mal pris. C'est à la fois dérangeant et bizarre, s’offusque-t-il. Surtout, c'est un manque de respect vis-à-vis de mes parents. Pour stopper tout ça, on a dû prendre un avocat. Là-bas, il y a une telle pauvreté que pour ces femmes, je suis un appât. Elles veulent grappiller la part du gâteau. »

A ses côtés pour l’accompagner dans sa progression, Annick Dumont est émerveillée devant cet élève aussi brillant que mature. « Il est intelligent sportivement et ne ressemble à personne. Il est différent des autres dans tous les domaines. Dans son histoire, son patinage, son approche avec le public. On dirait qu’il est né pour ça. Quand il pose le patin sur la glace, on ne regarde que lui. Il a un tel charisme. On a l’impression qu’il est né pour le patinage. »

Cap désormais sur la Russie et Sotchi pour ses deuxièmes Jeux Olympiques. Après son expérience de Vancouver (douzième), il a décidé de quitter Bernard Glesser pour la Russie et Nikolaï Morozov, ancien entraîneur d'Alexei Yagudin (quadruple champion du monde et champion Olympique 2002). A son retour en région parisienne après ces championnats d'Europe, son cadeau l'attend. Il s'agit d'une BMW série 4 qu'il s'est offerte mais qu'il n'a pas encore pu conduire puisqu'il a passé les trois dernières semaines en Russie. Florent Amodio peut maintenant savourer.

Pierrick Taisne avec Julien Richard à Berne